Le 4 novembre 2025, la chaîne Paris Première propose de redécouvrir Le Cerveau, comédie de casse signée Gérard Oury. Ce film met en scène Jean-Paul Belmondo et Bourvil, et figure parmi les derniers rôles de ce dernier. De son vrai nom André Raimbourg, Bourvil est décédé en 1970, à 53 ans, des suites d’un cancer du sang dont il souffrait depuis plusieurs années. Sorti en 1969, Le Cerveau avait attiré 5,57 millions de spectateurs en salles, selon les chiffres de l’époque.
Un succès constant au box-office
Bourvil a connu une carrière exceptionnelle au cinéma populaire. Avant même que l’expression ‘‘bankable’’ n’existe, il enchaînait les cartons. Parmi ses plus gros succès figurent La Grande Vadrouille (17,27 millions d’entrées, 1966), Le Corniaud (11,74 millions, 1965) et Le Jour le plus long (11,93 millions, 1962). D’autres films marquants comme Les Misérables (9,94 millions, 1958) ou Si Versailles m’était conté… (6,99 millions, 1954) confirment son statut d’acteur populaire.
Malgré ces succès publics, Bourvil n’a pas toujours converti sa notoriété en revenus cinématographiques durables pour sa famille. Plusieurs projets prévus après sa disparition ont été annulés, notamment des collaborations envisagées avec Louis de Funès. Ces annulations ont privé ses héritiers de développements professionnels et financiers qui auraient pu prolonger ses revenus posthumes.
Une famille discrète et nombreuse en souvenirs
Bourvil s’était marié le 23 janvier 1943, au Petit-Quevilly, à Jeanne Marie Lefrique (1918-1985). Il l’avait rencontrée en 1936, lors d’un bal à Fontaine-le-Dun. Le couple a eu deux fils : Dominique, né le 28 avril 1950, et Philippe, né le 18 mars 1953.
Dominique Raimbourg est devenu avocat pénaliste, puis homme politique. Il a été député de la Loire-Atlantique de 2007 à 2017. Philippe Raimbourg, pour sa part, est professeur-chercheur en finance à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne. En 2022, il est présenté comme directeur de l’école de management de la Sorbonne et auteur de quatre ouvrages sur la finance. Le Figaro remarque qu’il a le même rire que son père, un trait de famille souvent évoqué dans les portraits.
Les deux fils conservent la mémoire et les anecdotes familiales. Ils racontent que leur père travaillait intensément : tournages le jour, scènes le soir. Malgré ce rythme, il veillait à préserver des rendez-vous familiaux, notamment durant les grandes vacances. Dominique confiait au Parisien, cinquante ans après la mort de Bourvil : « Il prenait des vacances avec nous. On allait chaque été dans notre maison de campagne et chez ses parents à Bourville ».
Les enfants se souviennent aussi d’un père soucieux de leur avenir linguistique. Dominique raconte que Bourvil les poussait à apprendre l’anglais, évoquant le projet paternel de tenter une carrière aux États-Unis. « Et puis, même si mon père ne nous faisait pas faire nos devoirs, c’est lui qui nous a poussés à apprendre l’anglais ».
Un héritage financier surtout musical
Si Bourvil était visible au cinéma et au théâtre, il avait aussi une carrière musicale notable. Avant d’être acteur, il avait débuté comme musicien puis chanteur de music-hall et d’opérette. Son succès remonte à la Libération avec la chanson Les Crayons. Par la suite, il a interprété des titres populaires comme À bicyclette, Salade de fruits, Un clair de lune à Maubeuge, C’était bien et La Tendresse.
Lors d’une exposition qui lui a été consacrée à Lille en 2020, le Parisien a rapporté que Bourvil « était à l’abri du besoin » de son vivant. Cependant, comme il « ne négociait pas de droits sur les entrées en salles », ses enfants n’ont pas perçu de recettes substantielles issues de l’exploitation cinématographique, explique Dominique. Il évoque aussi une tentative de production : un catalogue envisagé pour la descendance n’a donné qu’un seul film, qui a été un échec, ce qui a entraîné l’arrêt du projet.
En pratique, les rentes perçues par ses héritiers proviennent principalement des droits d’auteur liés à ses chansons. Dominique résume la situation ainsi : « Aujourd’hui, mon frère et moi touchons surtout des droits de chansons. Mais je ne pleure pas du tout sur mon sort ! » Le montant annuel est modeste, estimé entre 4 000 et 8 000 euros, selon les informations publiées. Ces revenus Sacem restent loin des sommes perçues par d’autres titres à succès ; à titre de comparaison, Patrick Hernandez toucherait encore environ 200 000 euros par an pour Born to be alive.
Aujourd’hui, la mémoire de Bourvil est entretenue par ses fils et par les diffusions régulières de ses films et chansons. Entre anecdotes familiales et chiffres, c’est l’image d’un artiste populaire, aimé du public et proche de sa famille, qui demeure.


