De la provocation aux locaux de la BRDP
Le 16 octobre 2025, le rappeur Booba a été placé en garde à vue dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP) à Paris. Cette mesure fait suite à une plainte déposée en 2024 par le chanteur Gims et son ex-femme, Demdem, pour harcèlement moral et cyberharcèlement, selon les éléments rendus publics.
Longtemps réduit aux joutes verbales et aux clashs sur les réseaux sociaux, le différend entre Booba et Gims a pris une tournure judiciaire. Ce passage des insultes publiques aux convocations et auditions marque un changement de décor : la scène musicale laisse place au prétoire et aux services d’enquête.
Du clash en ligne à la plainte officielle
Les relations entre les deux artistes se sont détériorées au fil des années, avec des échanges virulents et des publications agressives sur les réseaux. Selon la plainte déposée en 2024, Booba et son entourage auraient multiplié des actes de harcèlement à l’encontre de Gims et de sa famille, via des insultes, des détournements et des messages répétés visant leur intimité.
Face à ce qui est présenté comme une campagne de harcèlement en ligne, Gims a choisi d’agir juridiquement et de porter l’affaire devant la justice. Le passage du conflit artistique à la sphère pénale illustre la frontière désormais fine entre provocation médiatique et infractions répréhensibles.
Procédure et réactions mesurées
Le parquet de Paris a ouvert une enquête, conférant à l’affaire une dimension officielle et judiciaire. La garde à vue de Booba s’inscrit dans ce cadre d’investigation. Du côté du rappeur, la réaction n’a pas attendu : fidèle à son image provocatrice, il a dénoncé ce qu’il présente comme une tentative d’étouffement.
Sur X (ex-Twitter) et Instagram, Booba a continué ses attaques envers Gims et son entourage. Il a aussi qualifié sa mise en garde à vue comme un nouveau signe de « résistance » face à ce qu’il appelle un « système ». Ces déclarations ont alimenté discussions et débats sur les plateformes, tandis que des soutiens ont relayé des hashtags tels que #FreeBooba.
Quand le public suit la procédure
Cette affaire illustre aussi le rôle des réseaux sociaux dans la construction et la diffusion d’un conflit. Ce qui, autrefois, relevait exclusivement de la sphère artistique — punchlines, freestyles et provocations — se retrouve désormais commenté en direct, mêlant émotion et éléments juridiques.
Les audiences, les convocations et la garde à vue nourrissent un récit très visible. Pour les acteurs concernés, l’enjeu dépasse la seule image publique : il s’agit désormais de faits susceptibles d’engager des responsabilités devant la justice.
Un tournant pour le rap français ?
Pour le paysage du rap français, l’affaire marque une rupture. Booba, figure habituée aux polémiques, se retrouve confronté à une procédure qui n’est plus seulement médiatique. Gims, quant à lui, bascule du rôle d’adversaire musical au statut de plaignant, acteur d’un dossier où la dimension privée et familiale est mise en avant.
Si l’affaire continue d’alimenter les conversations en ligne, elle rappelle aussi que les limites de la liberté d’expression et de la provocation trouvent, parfois, leur traduction devant la justice. Les prochains développements judiciaires devraient préciser la nature exacte des faits reprochés et les suites données par le parquet.
Dans l’immédiat, le clash a cessé d’être un simple affrontement artistique pour devenir un dossier pénal suivi par les services compétents. Les micros et les hashtags ne suffisent plus à trancher : les auditions et les pièces du dossier pèsent désormais autant que les punchlines publiées sur Internet.


