Ce 19 novembre 2025, Jean Valejean, nouvelle adaptation resserrée des Misérables de Victor Hugo, sort en salles. Le film se concentre sur « la nuit » qui change à jamais la vie de l’ancien forçat. Grégory Gadebois incarne un Jean Valjean bouleversant. Dominique Pinon prête sa voix au mystérieux « Boîte à mots ». Alexandra Lamy et Isabelle Carré tiennent les rôles de Magloire et Baptistine, tandis que Bernard Campan interprète Monseigneur Myriel, l’évêque Bienvenu dont la miséricorde provoque le basculement du destin du héros. À 67 ans, l’acteur continue d’alterner cinéma, théâtre et travail derrière la caméra, loin des folles années de sketchs qui l’ont rendu célèbre avec Les Inconnus.
Bernard Campan : de la scène comique à l’évêque Bienvenu
Bernard Campan, ex-membre du trio comique Les Inconnus aux côtés de Didier Bourdon et Pascal Légitimus, est aujourd’hui avant tout un comédien polyvalent. Révélé dans les années 1990 par des sketches devenus cultes — Les Chasseurs, Auteuil-Neuilly-Passy, Télé Magouille — et par le film Les Trois Frères (1995), il poursuit une carrière solo dense.
Le rôle de Monseigneur Myriel dans Jean Valejean atteste de cette évolution : loin des parodies absentes de toute bienveillance, Campan incarne ici un personnage pivot de la compassion hugolienne. Cette transformation professionnelle illustre un parcours artistique qui n’a jamais cessé d’évoluer, entre théâtre, cinéma et réalisation.
Sur la possibilité d’un retour scénique du trio, Bernard Campan temporise. Interrogé par le Journal du Dimanche en septembre dernier, il déclarait : « Il y avait une énergie qu’il serait difficile de retrouver aujourd’hui ». Il ajoutait : « On est très temporels. Ça ne pourrait pas être mieux, aussi bien à la rigueur, et encore… Je redoute la redite, la pâle copie ». Didier Bourdon et Pascal Légitimus seraient partants, mais Campan reste ferme : la crainte d’une reproduction appauvrie prime.
Malgré tout, un projet de long-métrage sous la direction de Riad Sattouf, avec un scénario en cours de réécriture, les enthousiasme : « On adorerait rejouer ensemble sans avoir à écrire », confie-t-il, laissant entrevoir que la collaboration pourrait se réinventer loin du format des sketches originels.
Anne, l’épouse discrète aux côtés d’un homme public
Derrière la carrière foisonnante de Bernard Campan se tient Anne, son épouse depuis trente-cinq ans. Selon le récit du couple, ils se seraient rencontrés au tout début des années 1990 ; le mariage a toutefois été célébré en 1989. Cette proximité temporelle entre rencontre et union est parfois présentée différemment dans les interviews, mais le couple reste uni depuis plusieurs décennies.
Leur histoire a donné naissance à deux filles : Loan, née en 1998, et Nina Louise, née en 2002, aujourd’hui chanteuse. Pendant que Bernard enchaîne les tournages et les représentations, Anne gère la maison familiale, installée à l’écart de l’agitation parisienne. Elle joue du violoncelle, pratique le yoga et a souvent assumé seule l’éducation des enfants lors des longues absences professionnelles de son mari.
Campan parle d’elle avec tendresse et reconnaissance. « Anne est mon trésor. Je lui fais lire tous les scénarios, je lui demande son avis dès que j’ai un doute. C’est mon repère, ma boussole », confie-t-il, soulignant le rôle central de son épouse dans ses choix artistiques et personnels. Leur vie commune, presque campée hors des projecteurs, ressemble à un équilibre construit au fil des années.
Épreuves partagées et confidences publiques
Le couple n’a pas été à l’abri des tempêtes. En janvier 2022, dans l’émission En Aparté sur Canal+, Bernard Campan a évoqué pour la première fois publiquement la dépendance à l’alcool dont Anne a souffert pendant plusieurs années. Soutenue par les Alcooliques Anonymes et par son mari, elle a pu s’en sortir, selon ses proches. Campan avait déjà abordé cette épreuve dans son film La Face cachée (2006), sans toutefois nommer sa femme.
Plus récemment, en mai 2025, invité par Laurent Baffie sur YouTube, il a reconnu, avec son franc-parler habituel, l’existence de « petits coups de canif dans le contrat » au fil des trente-cinq ans : « Bien sûr qu’il y en a eu. Sinon c’est presque un amour pathologique. On s’était déjà dit le jour du mariage : ‘On fera tout pour, et s’il y a un problème, on essaiera d’assumer’ ». Il précise que les écarts ont pu venir des deux côtés, sans entrer dans les détails. L’important, affirme-t-il, est qu’Anne soit « toujours là ».
Aujourd’hui, entre Check Up au Théâtre Antoine, Jean Valejean sur les écrans et d’autres projets personnels, Bernard Campan affiche un parcours d’artiste accompli et un couple qui a traversé les épreuves. Leur histoire familiale — trente-cinq ans d’union, deux filles et des difficultés surmontées — reste au cœur d’une vie partagée entre intimité et carrière publique.
