France 3 diffuse ce 6 octobre 2025 Voyez comme on danse, film écrit et interprété par Michel Blanc. Cette suite d’Embrassez qui vous voudrez réunit au générique Karin Viard, Carole Bouquet, Jean‑Paul Rouve, William Lebghil — et Jacques Dutronc, figure souvent évoquée ces derniers mois en raison d’archives et de souvenirs remontés à la surface.
La diffusion intervient dans un contexte sensible : Michel Blanc, qui signe le film et en tient l’un des rôles, est décédé le 3 octobre 2024, selon les informations reprises ici. Les deux hommes s’étaient déjà croisés au cinéma en 1989 dans la comédie Chambre à part, aux côtés de Lio. Souvenir de cette collaboration : en 2002, Michel Blanc confiait à l’émission Comme au cinéma avoir ressenti « un immense trac » à l’idée de diriger Jacques Dutronc. À propos du couple qu’il formait à l’écran avec Charlotte Rampling, il disait : « Parfois, je me demandais si c’était vraiment eux devant moi. »
Une séquence qui choque à nouveau
L’année 2024 a été particulièrement éprouvante pour Jacques Dutronc. Avant la disparition de Michel Blanc, il a aussi dit adieu à Françoise Hardy, sa compagne depuis la fin des années 1960 et qu’il avait épousée en 1981. Le couple, parents de Thomas (né en juin 1973), était resté uni sans divorce. Les archives télévisées ont ressurgi et relancé la discussion sur des comportements du passé.
Une séquence de mai 1973, conservée par l’INA, circule largement sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok. On y voit Jacques Dutronc arriver en chantant « J’arrive mesdames, méfiez‑vous, c’est des truands », s’asseoir entre Françoise Lebrun et une jeune Isabelle Adjani, alors âgée de 17 ans. Les images montrent une attitude entreprenante de Dutronc, perçue par beaucoup comme trop insistante à l’égard de la jeune actrice.
Interrogé par Philippe Bouvard, animateur de l’émission, Dutronc plaisante sur sa drague : « J’ai trouvé mon rayon… » Isabelle Adjani, souriante mais visiblement gênée, lui répond qu’elle se sent embarrassée par sa proximité. Bouvard rappelle alors à l’ordre Dutronc en précisant : « Je vous rappelle que cette jeune personne a 17 ans et qu’elle nous a été confiée par ses parents et qu’elle est pensionnaire à la Comédie‑Française. »
La remise en ligne de cette séquence a suscité de vives réactions. Sur le compte TikTok L’Effrontée, les commentaires rapportés incluent : « Ça m’est insupportable », « Mais c’est horrible », « La blonde en avait la nausée », « Qu’il est lourd ! C’est fou ! Une autre époque heureusement révolue », « Quel malaise. Comment on pouvait accepter ce genre de comportement à l’époque », et encore « J’ai rarement été aussi mal à l’aise ». Ces réactions témoignent d’un regard contemporain qui juge différemment des gestes jadis considérés comme anodins.
La suite professionnelle entre Dutronc et Adjani
Pourtant, quatre ans plus tard, en 1977, Isabelle Adjani et Jacques Dutronc tournent ensemble sous la direction de Jacques Rouffio dans Violette et François. Dutronc évoquera ce tournage dans un livre, livrant des impressions mêlées d’admiration et d’humour sur sa partenaire.
Il confie avoir été troublé par la concentration d’Adjani : « Isabelle Adjani et moi jouions un couple bohème, trop bohème pour avoir un enfant », écrit‑il, et il ajoute : « Elle regardait les gens, immobile, les yeux écarquillés. » Sa réaction personnelle est rapportée de façon lucide et parfois malicieuse : « Je demandais : ‘Elle va me bouffer ou quoi ?’ » On lui aurait alors répondu que la comédienne préparait une scène où elle devait l’embrasser, ce qui le rassura.
Dans le même ouvrage, Dutronc évoque la ponctualité d’Adjani et sa propre attitude sur un tournage : « Elle avait du mal à être à l’heure pour tourner. Moi, je suis plutôt docile, il n’y a pas besoin de fouet pour me faire monter sur le tabouret ; ce n’est pas le même cirque. J’ai même été trop docile parfois. Il faut savoir se mutiner, de temps en temps, quand on sent que le capitaine se trompe de cap, quand il se dirige droit vers les récifs. Mais je ne disais rien, je m’écrasais, et le film aussi, contre le ridicule. »
La résurgence de ces images et propos alimente un débat sur la façon dont on regarde aujourd’hui des archives d’une époque aux normes sociales différentes. Les faits archivés — dates, âges, citations — restent tels quels ; leur réception, elle, évolue avec le temps et les sensibilités contemporaines.


