Invité sur RTL ce vendredi 14 novembre, le chanteur Alain Souchon, 81 ans, a relancé la controverse en annonçant qu’il quitterait la France si le Rassemblement national accédait au pouvoir en mai 2027. En pleine promotion de son nouvel album, l’artiste a exprimé une vive inquiétude face à la progression du parti, malgré l’inéligibilité de Marine Le Pen.
Des mots forts en pleine promotion
Interrogé sur la montée du RN, Alain Souchon n’a pas mâché ses mots. « Je ne crois pas que les Français soient assez cons pour élire quelqu’un du Front national pour diriger », a-t-il déclaré, provoquant immédiatement des réactions. Le chanteur a par ailleurs confié que le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella lui « fait peur » et lui donne « des frissons ».
Pour ne pas avoir à « le subir », Souchon a affirmé qu’il s’expatrierait en Suisse. Ce choix géographique n’est pas anodin et a alimenté la polémique : la Suisse est souvent présentée comme un pays politiquement à droite, ce qui a poussé certains opposants à relever une contradiction.
Réactions politiques et remontées du passé
Les propos du chanteur ont suscité des réactions immédiates sur les réseaux sociaux et dans l’arène politique. Le député Sébastien Chenu a réagi sur X en écrivant : « Comme quoi, on peut écrire de jolies chansons pleines de bons sentiments et être parfaitement méprisant et insultant vis-à-vis du public » ; il cite les paroles de Souchon diffusées chez Marc-Olivier Fogiel, ajoutant le lien vers le message original : https://t.co/RifyHxKPnV.
Hélène Laporte, sixième vice-présidente de l’Assemblée nationale, a également critiqué ce qu’elle considère comme un deux poids-deux mesures, rappelant que l’artiste s’était engagé publiquement sur d’autres sujets, comme une tribune contre l’ouverture d’une supérette dans le 6e arrondissement de Paris.
Jean-Philippe Tanguy, député RN et proche de Marine Le Pen, a quant à lui ironisé et exhumé des propos anciens. Sur X, il écrit : « Souchon est donc assez con selon ses critères de phare moral de l’humanité puisque la Suisse applique largement le programme du RN, et que le parti populiste qui a gagné les dernières élections législatives est à la droite du RN » (https://t.co/u4BI0eosgy).
Le même député a publié une seconde intervention dans laquelle il rappelle une vidéo de mars 1986 où, selon lui, Alain Souchon assurait « se foutre » de la France. Dans son commentaire : « 40 ans après, Souchon est toujours bien au chaud en France, ce ‘truc’ qu’il estimait démodé par rapport à l’UE. Il veut néanmoins se réfugier en Suisse, qui refuse totalement de rentrer dans l’UE. Comprenne qui pourra » (https://t.co/ji5OzA7Jbs).
Pourquoi la Suisse alimente la polémique
La proposition d’une expatriation en Suisse a été jugée ironique par certains, en raison du profil politique du pays. Aux élections fédérales suisses de 2023 pour le Conseil national, l’Union démocratique du centre (UDC), parti classé à droite et souvent décrit comme populiste, a obtenu 28% des voix. Selon l’article original, l’UDC a gagné neuf sièges par rapport à la législature précédente et, dans les sondages récents, affiche environ 30% d’intentions de vote.
Ces chiffres servent d’argument aux détracteurs de Souchon, qui estiment qu’aller se réfugier dans un pays où un parti de droite conservatrice est influent pose une incohérence vis-à-vis de ses critiques du RN.
Du côté des soutiens du chanteur, on souligne en revanche son droit à l’expression et son inquiétude vis‑à‑vis de l’avenir politique du pays. La sortie de l’artiste coïncide avec la promotion de son nouvel album, contexte dans lequel des déclarations tranchées sont souvent amplifiées par les médias et les réseaux sociaux.
Qu’il s’agisse d’un coup d’éclat médiatique ou d’une prise de position sincère, la déclaration d’Alain Souchon a relancé un débat déjà vif sur l’attitude des artistes face à la vie politique, la cohérence des prises de parole publiques et la polarisation des réactions sur les réseaux. La polémique montre, une nouvelle fois, combien les propos d’une figure culturelle peuvent rapidement se transformer en sujet politique.


