Ce mardi 16 décembre 2025, France 2 diffusait Le temps des femmes, un documentaire réalisé par Karine Dusfour qui donne la parole à des femmes de tous horizons. Le projet, qui mêle visages connus et anonymes, se propose de revenir sur les grandes transformations sociales et culturelles des soixante dernières années à travers un regard intergénérationnel.
Une première prise de parole télévisée pour Lila Debbouze
Parmi les intervenantes, Lila Debbouze s’est exprimée à la télévision pour la toute première fois. Fille de Jamel Debbouze et de Mélissa Theuriau, l’adolescente est déjà apparue sur scène en 2023 dans la comédie musicale Holidays, mais n’avait jusque-là jamais accordé d’entretien télévisé.
Devant les caméras, elle a raconté des souvenirs d’enfance liés à la cour de récréation : « En primaire, les garçons avaient tout un terrain pour eux tout seuls. Et il y avait quelques filles qui jouaient au football mais, comme je n’aime pas trop le foot, quand j’entrais dans le terrain sans faire exprès, ils me criaient dessus et me disaient ‘Sors du terrain !’. Du coup, j’étais sur le côté avec mes copines. On jouait à la corde à sauter, mais on n’avait pas beaucoup de place ».
Cette intervention, à la fois intime et factuelle, illustre l’un des thèmes centraux du documentaire : la façon dont les espaces physiques et symboliques sont répartis entre filles et garçons dès le plus jeune âge.
Échos et témoignages : Foresti, Efira et le souvenir des jeux scolaires
La séquence de Lila Debbouze a trouvé un écho chez des personnalités présentes dans le film. Florence Foresti, par exemple, se remémore la cour de récréation avec humour et lucidité : « Je me souviens, dans la cour de récré, avoir joué des coudes pour exister. Mais moi, ma technique était simple, c’était l’infiltration. C’est-à-dire que j’ai infiltré les garçons en jouant à leurs jeux ».
Le documentaire aborde aussi des pratiques plus inquiétantes. Virginie Efira évoque le jeu du « bisou-baffe », dont l’objectif était de « baffer » la fille qui refusait d’être embrassée. Ces récits, qui peuvent paraître anecdotiques, renvoient à des mécanismes de domination et à des normes scolaires longtemps considérées comme allant de soi.
Un message relayé par des extraits partagés sur les réseaux :
#LilaDebbouze fait sa première apparition télé ce soir sur #France2 dans le documentaire de sa mère #MélissaTheuriau https://t.co/Z8YgsC5BKK via @TVMAG pic.twitter.com/irBm5yKdXU
Mélissa Theuriau : engagée et investie
Mélissa Theuriau, mère de Lila et impliquée dans le projet, s’est exprimée quelques jours avant la diffusion sur le plateau de C à vous. Elle confie ne pas avoir connu le jeu du « bisou-baffe » mais admet avoir été témoin d’autres jeux « qui étaient assez sexistes avec le recul ». « Mais on y jouait de bon cœur », nuance-t-elle, tout en ajoutant qu’elle perçoit une évolution : « Vis-à-vis de ça, je pense qu’on a tout de même avancé et que nos filles ne vivent pas ces jeux-là, ne les subissent pas ».
Intervenante au double statut de mère et de productrice sur ce projet, elle souligne le caractère structurel du problème : « C’est une lutte pour l’espace. Ce que ça dit, c’est que ça conditionne ensuite les petites filles à rester en marge et à avoir cette attitude (…) de rester un peu discrètes, modestes et de ne pas occuper l’espace (…) Dans les tables de réunion, même quand il y a des femmes dirigeantes qui ont vraiment les compétences, elles se mettent souvent sur les côtés et vont difficilement prendre l’espace, contredire, donner leur point de vue… Donc, c’est aussi tout ça que ça peut conditionner aussi ».
Ces mots servent de fil rouge au documentaire, qui cherche à comprendre comment des pratiques apparemment anodines à l’école peuvent contribuer, sur le long terme, à des inégalités persistantes entre les sexes.
Le temps des femmes multiplie ainsi les regards — de l’adolescente aux artistes connues, en passant par des témoins anonymes — pour dresser un portrait pluriel des transformations vécues par les générations de femmes. Le film interroge ce qui a vraiment changé et ce qui continue de structurer les rapports de genre, invitant le spectateur à mesurer les héritages silencieux inscrits dans les gestes et les espaces du quotidien.


