Catherine Deneuve vs Elsa Lunghini sur #MeToo : la tribune de janvier 2018 relance le débat entre liberté d’importuner et sanction des violences

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Dans le sillage du mouvement #MeToo, un débat vif et parfois tranché oppose depuis plusieurs années des voix féminines sur les lignes à ne pas franchir entre séduction, importunité et agression. La question est devenue politique et symbolique : peut-on défendre la liberté d’aborder l’autre sans minimiser la réalité des violences sexuelles ?

La tribune de janvier 2018

En janvier 2018, une tribune publiée dans Le Monde a relancé la controverse. Signée par une centaine de femmes connues, parmi lesquelles Catherine Deneuve, elle mettait en garde contre ce que les signataires percevaient comme un excès du mouvement né pour dénoncer les abus.

La tribune distingue clairement les infractions : « Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste ». Selon ces signataires, l’élan visant à « envoyer les ‘porcs’ à l’abattoir » risquerait, loin d’émanciper les femmes, de servir des intérêts conservateurs et réactionnaires.

La tribune développe une thèse volontiers provocatrice : « Nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle. Nous sommes aujourd’hui suffisamment averties pour admettre que la pulsion sexuelle est par nature offensive et sauvage, mais nous sommes aussi suffisamment clairvoyantes pour ne pas confondre drague maladroite et agression sexuelle ».

La réponse d’Elsa Lunghini

Sur le plateau de l’émission Domino, la chanteuse et comédienne Elsa Lunghini a répondu avec fermeté à ce texte. Elle a déclaré : « Je suis #MeToo à fond ». Pour elle, la tribune passe à côté de l’urgence du sujet : « Je ne vois pas en quoi le mouvement va trop loin. Je ne comprends pas cette position comme l’espèce de droit d’être importunée. Là, on ne parle pas d’être importunée, en fait. On parle de viol, on parle d’agression sexuelle… ce n’est pas uniquement être importunée ».

Réagissant plus directement à l’attitude de certaines signataires, elle a ajouté : « Que Catherine Deneuve ait envie d’être importunée, c’est son droit. Mais, la majorité des femmes n’ont pas envie de l’être ». Sa prise de position a été largement relayée et souligne la fracture entre sensibilités féminines sur le sujet.

Une fracture entre libertés et protection

Le cœur du débat n’est pas nouveau, mais il a pris une dimension publique plus large depuis l’émergence de #MeToo. D’un côté, des femmes expriment la crainte que la dénonciation de comportements déplacés conduise à une forme de police morale ou à une répression excessive des signes d’intérêt amoureux. De l’autre, beaucoup estiment que la priorité doit être donnée à la reconnaissance et à la sanction des violences, et que la préoccupation face à l’importunité peut masquer des réalités bien plus graves.

Cette tension porte sur la définition des limites : comment distinguer une drague maladroite d’un comportement constitutif d’une agression ? Qui fixe ces frontières et selon quels critères ? Les positions exprimées dans la tribune et les réactions publiques, comme celle d’Elsa Lunghini, montrent que la société n’a pas de consensus clair sur ces questions.

Un débat public et délicat

Le débat cristallise aussi des différences générationnelles et culturelles. Certaines voix appellent à préserver une liberté d’interaction, quitte à accepter l’imperfection des tentatives de séduction. D’autres estiment que l’insistance, le harcèlement ou la minimisation des récits de victimes ne peuvent plus être tolérés sous prétexte de liberté sexuelle.

Au-delà des positions personnelles, la controverse met en lumière l’importance d’un cadre légal et social clair pour protéger les victimes tout en préservant les libertés individuelles. Elle rappelle également que les mots choisis dans l’espace public peuvent amplifier les incompréhensions et les blessures, et que la discussion exige prudence et précision.

Sans résoudre les désaccords, la prise de parole des deux camps — la tribune collective et la réaction d’Elsa Lunghini — illustre la vivacité d’un débat qui reste, pour beaucoup, au cœur des enjeux contemporains autour de l’égalité, de la liberté et de la sécurité des femmes.

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