Le 6 décembre 2025, la représentation d’Ary Abittan aux Folies Bergère a été interrompue par une action menée par des militantes du collectif Nous Toutes. Plusieurs personnes sont entrées dans la salle masquées, portant des effigies de l’humoriste sur lesquelles était inscrit le mot « violeur ». Une vidéo de l’intervention, publiée par Le Media sur Instagram, montre quatre féministes pénétrer dans la salle vers 20 heures, scander « Ary Abittan violeur » avant d’être repoussées et expulsées de la salle.
Un épisode qui ravive la controverse
Cette perturbation intervient après qu’un non-lieu a été prononcé par la justice dans l’enquête pour viol concernant Ary Abittan. Le non-lieu signifie, comme le rappellent les autorités judiciaires, qu’il n’y a pas suffisamment d’éléments pour poursuivre pénalement l’artiste. Mais pour les militantes présentes aux Folies Bergère, la décision judiciaire n’efface pas le traumatisme allégué par la plaignante ni les faits matériels évoqués dans l’enquête.
Dans la vidéo relayée sur les réseaux, l’intervention est courte mais déterminée. Les militantes, masquées, scandent des slogans et déploient des visuels accusateurs. Selon le reportage initial, elles ont été écartées avec force par des membres du public ou des agents de sécurité et évacuées avant la fin de l’action. Le collectif Nous Toutes avait, selon ses responsables, prévu cette action avant même l’audience publique du 6 décembre.
Appel à la mobilisation pour la représentation suivante
Ary Abittan doit remonter sur scène quelques jours plus tard : sa prochaine représentation est annoncée pour le dimanche 14 décembre 2025 au Palais des Festivals de Cannes. L’annonce de cette date a suscité des appels à la mobilisation. Alice Coffin, identifiée comme coordinatrice en France de la campagne féministe européenne pour l’IVG, a pris la parole sur ses réseaux sociaux en demandant une forte présence militante à Cannes. « On veut Marion Cotillard et toutes les actrices en bandits masqués qui bloquent les marches […] On veut aussi des cars de féministes qui convergent vers Cannes de partout en France », a-t-elle écrit, selon les éléments relayés par les médias.
De son côté, le collectif Nous Toutes indique avoir contacté le Palais des Festivals pour demander l’annulation de la représentation. Mathilde Saccoccio, référente du collectif à Nice, a déclaré à France 3 Régions : « On avait bien prévu une action, mais on ne devait être que six. On s’est dit qu’il fallait être présentes, parce qu’Ary Abittan a bénéficié d’un non-lieu. Cela ne veut pas dire qu’il est innocent, mais qu’il n’y a pas suffisamment de preuves. Des plaies annales ont été constatées. On voulait aussi rendre hommage à la victime. Je ne sais pas encore combien de personnes nous serons. » Cette déclaration, rapportée par les confrères, contient des éléments médicaux évoqués par la référente du collectif en tant que rappel du dossier; ils relèvent de sa prise de parole publique.
La réponse du Palais des Festivals
Interrogé par France 3 Régions, le Palais des Festivals a transmis la réponse qu’il avait adressée au collectif Nous Toutes 06. Le message de l’institution culturelle souligne sa difficulté à se substituer à l’autorité judiciaire : « Nous mesurons la sensibilité et la gravité des sujets que vous évoquez […] Nous avons programmé Ary Abittan dans le cadre d’une saison artistique pluridisciplinaire et il ne nous appartient pas, en tant qu’institution culturelle, de nous substituer à l’autorité judiciaire […] De fait, nous sommes désolés qu’une telle programmation puisse vous heurter mais ce spectacle n’est pas imposé au public. »
Le Palais n’a pas souhaité, au moment des prises de contact des médias, s’exprimer davantage sur un éventuel maintien ou une annulation de la représentation prévue le 14 décembre. Aucune décision publique concernant l’annulation ou le report n’avait été communiquée au moment des informations rapportées.
L’affaire illustre la tension entre programmation culturelle et mobilisation militante sur des sujets sensibles. D’un côté, la justice a prononcé un non-lieu ; de l’autre, des collectifs féministes estiment que la situation appelle des actions publiques pour soutenir les victimes présumées et interroger la place d’un artiste mis en cause. Les prochains jours, et en particulier la tenue ou non du spectacle à Cannes, devraient montrer si la mobilisation annoncée se concrétise et si l’institution culturelle modifie sa position.


