Après Rachida Dati, qui s’était immiscée dans la peau d’un éboueur lors de sa campagne parisienne, c’est au tour de Xavier Bertrand de se filmer en situation ordinaire. Le président de la région Hauts-de-France a publié, ce mercredi 10 décembre 2025, une séquence tournée dans les cuisines d’un Burger King : tablier noué, charlotte sur la tête, il prépare un burger avant de le déguster face caméra.
La scène: gestes maîtrisés et phrases chuchotées
Dans la vidéo, visible sur Instagram selon la publication, Xavier Bertrand suit les consignes du manager. On le voit poser le pain, déposer la viande encore fumante, ajouter condiments et presser légèrement le sandwich. Parmi les dialogues rapportés, il plaisante : « Le BK, c’est avec ou sans maroilles ? » puis, une fois le burger croqué, lâche un « pas mal ! » en remerciant l’équipe du restaurant.
La mise en scène est soignée : plans rapprochés sur les gestes, sourire appliqué et insertion d’un court échange avec le personnel. Sur le registre visuel, rien n’est laissé au hasard, ce qui laisse transparaître une intention de communication maîtrisée, davantage qu’un simple « coup de tête » spontané.
Résonances américaines et comparaison avec Donald Trump
Immédiatement, la séquence a fait penser à une opération similaire menée lors de la campagne présidentielle américaine de 2024. À l’époque, Donald Trump s’était affiché dans un McDonald’s en Pennsylvanie, protégé par un tablier noir, et avait été filmé en train d’égoutter un panier de frites avant de le servir. Cette scène avait été interprétée comme une riposte visant à remettre en cause la parole de la vice-présidente Kamala Harris au sujet d’un job d’été au fast-food ; Trump avait alors ironisé en affirmant avoir travaillé « 15 min de plus » qu’elle.
La ressemblance des codes — costume léger, immersion dans un lieu de restauration populaire, gestes appris et récit visuel simple — a renforcé la comparaison. Mais la finalité alléguée diffère : selon la séquence partagée par Xavier Bertrand, il ne semble pas chercher à piéger un tiers. Reste que l’objectif communicant est similaire : humaniser l’élu, montrer une proximité supposée avec le quotidien et, par l’image, casser une image jugée distante.
Une opération calibrée pour les réseaux sociaux
La vidéo s’inscrit dans une tendance désormais courante chez des responsables politiques : utiliser des formats courts et accessibles pour diffuser une image de terrain. Ici, le geste simple de préparer un burger devient un message politique ; il vise à montrer que l’élu connaît « la vraie vie » et sait se mettre à la place des employés d’un fast-food.
Ce type de séquences fonctionne souvent sur deux niveaux : d’un côté, la simplicité du cadre et la familiarité du produit rassurent et rendent l’élu abordable. De l’autre, le contrôle des plans et des dialogues permet de délivrer un message sans exposer l’acteur à des incidents imprévus. La vidéo de Xavier Bertrand combine ces deux aspects.
La question demeure : une image conviviale suffit-elle à modifier durablement la perception d’un responsable politique avant une échéance nationale ? Les exemples étrangers et français montrent que ces opérations peuvent marquer les esprits, mais qu’elles prêtent aussi le flanc à la satire et aux détournements.
Sur les réseaux, la séquence a immédiatement suscité des réactions variées. Entre moqueries, commentaires admiratifs et analyses politiques, les internautes ont abondamment commenté la “performance”. Faute de chiffres précis de diffusion fournis avec la publication, il est difficile ici d’évaluer la portée réelle de la vidéo au-delà des échanges publics.
Quoi qu’il en soit, après avoir enfilé un tablier, noué sa charlotte et croqué son burger, Xavier Bertrand a conclu sa parenthèse culinaire en remerciant l’équipe du restaurant. Une image conçue pour être vue, commentée et partagée — exactement ce que recherchent aujourd’hui nombre d’hommes et de femmes politiques.
Une publication partagée via Instagram.


