Invité de Mouloud Achour le 11 décembre 2025, le rappeur Disiz est revenu sur le retentissement du documentaire Netflix Sean Combs : The Reckoning, produit par 50 Cent, qui revient sur des décennies d’accusations visant P. Diddy. Le film, diffusé et commenté dans le monde entier, réunit témoignages et images désormais au cœur d’un scandale médiatique. Pour Disiz, qui a grandi au son des productions du label Bad Boy Records, la révélation est d’abord personnelle et émotionnelle.
Le documentaire qui bouscule l’industrie
Le documentaire Sean Combs : The Reckoning, porté par la plateforme Netflix et produit par 50 Cent, a ranimé un débat déjà présent depuis plusieurs années autour de P. Diddy. Disiz explique qu’il a longtemps admiré la culture construite autour de Bad Boy Records et qu’il a « grandi avec sa musique, avec ce qu’il a produit ». Fan de Notorious B.I.G., il reconnaît l’impact artistique et culturel de ce courant sur sa propre formation.
Toutefois, l’artiste a mis en garde contre une lecture exclusivement historique ou musicale des révélations. « Je peux même pas commenter l’histoire du hip-hop de tout ça parce que… tout ça, c’est pas que c’est balayé, mais voilà », déclare-t-il, signalant la difficulté de dissocier l’héritage artistique des comportements reprochés à leur auteur présumé.
Une réaction marquée par l’émotion
C’est une séquence précise du documentaire qui a particulièrement affecté Disiz : les images montrant Cassie, l’ex-compagne de P. Diddy, agressée. En évoquant ce passage, sa « voix se brise presque », dit-il. « Moi, quand je vois les images de Cassie qui se fait tabasser comme ça, c’est… Moi je viens un peu de là avec maman et tout. Donc moi, c’est des trucs qui me… C’est compliqué, c’est très compliqué. »
Son témoignage illustre la tension entre reconnaissance artistique et empathie pour les victimes. Disiz admet être touché au-delà de l’analyse musicale : ce n’est plus seulement une question d’histoire du hip-hop, mais une confrontation avec des images et des paroles qui bouleversent son rapport émotionnel à cette musique.
Distinction entre producteur et artiste
Dans son propos, Disiz opère une distinction nette entre P. Diddy en tant que figure de l’industrie et l’héritage artistique qu’il défend. « Après P. Diddy, ça a jamais été un artiste. C’est un producteur, tout ce qu’on veut, c’est super, il a des idées de fou, c’est incroyable. Il y a tout un tas de choses », précise-t-il, avant de trancher : « Mais P. Diddy, c’est pas Notorious B.I.G. quoi. Donc moi, je retiens Notorious B.I.G., évidemment. »
Il rappelle aussi la réalité structurelle de cette histoire : « Après, y a pas de Notorious B.I.G. sans P. Diddy évidemment. Ou Mary J. Blige. Ça ne m’empêchera jamais d’écouter ça. » Cette nuance illustre la complexité pour de nombreux auditeurs et acteurs du milieu, partagés entre la reconnaissance de l’influence d’un producteur et la condamnation des comportements qui lui sont reprochés.
Une mise à distance assumée
Concernant la musique de Combs lui‑même, Disiz se montre sans ambigüité : « Ses albums, ben non, de toute façon je les écoutais pas tant que ça. Y avait quelques morceaux avec The Lox, mais je n’ai pas trop un rapport nostalgique à la musique. Donc ça va pas être grave de ne plus écouter P. Diddy, vraiment pas. »
Cette mise à distance ne se traduit pas par un reniement de l’ensemble de la période. L’artiste confirme qu’il continue d’écouter ceux qui ont façonné son éducation musicale, comme Notorious B.I.G. et Mary J. Blige, tout en faisant la part entre oeuvre et personnalité.
Disiz, en invité, a livré un mea culpa émotionnel et critique : il reconnaît l’importance culturelle de Bad Boy Records tout en exprimant la difficulté de continuer à célébrer sans remettre en question. La séquence du documentaire qui montre Cassie l’a visiblement frappé et a servi de révélateur pour son propre rapport à ces figures contradictoires.
Sur ce dossier sensible, ses propos traduisent une tension partagée par beaucoup dans le milieu musical : comment préserver l’héritage artistique tout en répondant avec gravité aux accusations qui ébranlent les institutions et les personnes concernées.


