La polémique a pris la forme d’un échange public entre deux visages connus des médias. Il y a une semaine, l’émission d’investigation Complément d’enquête sur France 2 a consacré un reportage à CNews, la chaîne détenue par Vincent Bolloré, en pointant certaines de ses pratiques et les thèmes qu’elle aborde régulièrement : insécurité, Islam, immigration. Cette mise en lumière a relancé le débat sur la ligne éditoriale de la chaîne et provoqué des réactions croisées entre personnalités du petit écran.
Les propos d’Eric Antoine sur LN24
Le 3 décembre, Eric Antoine, animateur et magicien de 49 ans, a été invité par nos confrères belges de LN24 pour évoquer son Dictionnaire jubilatoire de la magie et de l’illusion, paru le 5 novembre chez HarperCollins. Membre du jury de La France a un incroyable talent sur M6, il n’est pas resté cantonné à la promotion de son livre.
Lors de l’entretien, il a livré un jugement appuyé sur CNews : « Évidemment, de sensibilité, je suis vegan, écologiste, féministe, woke. Je ne suis pas CNews, c’est une évidence ».
Il a ensuite critiqué la ligne des animateurs de la chaîne : « Le discours que tiennent Pascal Praud et tous les gens chez CNews est basé sur la peur de l’autre […] Je pense que c’est un discours de détournement d’attention », a-t-il déclaré face aux présentateurs Jim Nejman et Nicolas Pipyn.
Eric Antoine a toutefois tempéré ses propos en précisant que son « problème » n’était pas personnellement dirigé contre Pascal Praud : « Le problème, ce n’est pas de trouver un bouc émissaire, qui me semble être leur mission, c’est de vouloir changer les règles du jeu », a-t-il conclu.
Sonia Mabrouk répond sur X
Les déclarations n’ont pas laissé indifférente Sonia Mabrouk, journaliste franco-tunisienne et présentatrice recrutée par CNews en 2017. Le 5 décembre, elle a réagi publiquement sur X (ex-Twitter) en s’adressant directement à Eric Antoine.
Dans son message, elle écrit : « Cher @eric_antoine, quel formidable magicien vous êtes ! Hélas, tous les tours de passe-passe ne passent pas. Souvenir d’une émission ensemble. Débat avec M. Muhammad (CCIF). J’étais si seule… Mais une fois les caméras off, vous m’aviez félicité de lutter contre la haine et… la peur ! » Le tweet est accompagné d’un lien : https://t.co/AdaYMCKQ08.
La journaliste évoque un échange professionnel passé, mêlant souvenir d’un débat et reconnaissance accordée hors antenne. Elle rappelle ainsi une interaction personnelle entre collègues, en réponse aux attaques plus générales portées par Eric Antoine contre la chaîne et certains de ses animateurs.
Contexte et enjeux
Le différend illustre la tension persistante autour de CNews et de la manière dont certains sujets de société sont traités à l’antenne. Depuis plusieurs années, la chaîne est régulièrement critiquée pour la tonalité de ses programmes et la personnalité de ses intervenants. Complément d’enquête a précisément consacré un numéro à ces questions, ce qui a ravivé le débat public.
De son côté, Eric Antoine, connu pour son rôle dans l’univers du divertissement et du spectacle, a choisi de marquer une distance claire avec la sensibilité politique et éditoriale qu’il perçoit chez CNews. Sonia Mabrouk, elle, a répondu en rappelant une interaction concrète, plus personnelle, entre eux, et en soulignant sa propre posture contre la « haine » et la « peur ».
Reste que ces échanges se déroulent sur fond de discussions plus larges sur l’influence des médias et la responsabilité des voix publiques. Les citations et réactions publiques — l’entretien sur LN24, la publication du livre le 5 novembre, et le tweet du 5 décembre — constituent, pour l’instant, les éléments vérifiables de ce bras de fer verbal. D’autres réactions de la chaîne ou des personnes impliquées n’ont pas été citées dans le suivi de cette affaire.
Qu’il s’agisse de débats d’antenne ou de commentaires postés sur les réseaux sociaux, la confrontation entre prises de parole publiques alimente le questionnement sur la place et le rôle des médias dans la formation de l’opinion.


