Ce 3 décembre 2025, CStar diffuse Le Prince oublié, tendre fable de Michel Hazanavicius portée par Omar Sy, Bérénice Bejo et François Damiens. L’évènement est l’occasion de revenir sur le parcours singulier de cet acteur belge, passé de la farce en caméra cachée aux rôles dramatiques les plus applaudis.
Des débuts accidentels à François L’embrouille
Rien ne destinait François Damiens à devenir l’un des rois de la caméra cachée. Assistant de production sur l’émission Si c’était vous de RTL-TVI en 1999, il se retrouve propulsé devant la caméra presque par accident.
L’animateur de l’époque, Jean-Michel Zecca, manque à l’appel lors d’un tournage. François Damiens relève le défi de le remplacer, un peu à contrecœur, beaucoup par jeu. Son improvisation séduit immédiatement l’équipe.
Très vite, il est promu animateur permanent et crée son personnage iconique: François L’embrouille. Ce personnage mélange incompétence, mauvaise foi, arrogance et bêtise assumée. Il incarne tour à tour un coach sportif, un agent immobilier, un serveur, un photographe ou un vendeur catastrophe.
À mille lieues de la personnalité réelle de l’acteur — réputé timide, généreux et discret — ce personnage devient un phénomène. La Belgique rit, puis Internet s’en empare. Le succès est tel qu’en 2004, trop reconnu dans la rue, il doit renoncer à poursuivre les tournages en Belgique. Direction la France, où Canal+ diffuse largement ses vidéos, contribuant à installer durablement le phénomène dans la culture populaire francophone.
Du gag à l’écran: la transition vers le cinéma
Si la caméra cachée a révélé son talent naturel, le cinéma contribue à façonner l’artiste. En 2006, Michel Hazanavicius l’engage dans OSS 117 : Le Caire, nid d’espions, lui offrant son premier pas sur grand écran.
Suivent de nombreux seconds rôles marquants dans Dikkenek, Taxi 4, 15 ans et demi, JCVD, Incognito ou Seuls Two. À l’époque, ses apparitions renforcent son image d’acteur comique capable d’improviser et d’apporter une énergie singulière.
Le cap décisif survient en 2010 avec L’Arnacœur. Son rôle de technicien bougon mais irrésistible lui vaut une nomination au César du meilleur acteur dans un second rôle. L’année suivante, il s’affirme en tête d’affiche dans Une pure affaire, qui lui permet de remporter le Prix d’interprétation masculine au Festival de l’Alpe d’Huez.
Un comédien reconnu aussi pour ses rôles dramatiques
François Damiens surprend ensuite en embrassant des rôles dramatiques. Suzanne lui vaut une nomination au César en 2014. La Famille Bélier lui vaut une nouvelle nomination en 2015. Puis Les Cowboys lui vaut encore une nomination au César du meilleur acteur en 2016.
Capable de passer du rire aux larmes, il impose une palette de jeu étendue. Ses choix lui permettent d’être à la fois populaire et respecté par la critique.
La suite de sa filmographie confirme cette diversité: Tango libre, Le Tout Nouveau Testament, Des nouvelles de la planète Mars, La Danseuse, Ôtez-moi d’un doute. En 2018, Mon Ket marque un retour aux sources: le film, audacieux, est tourné en caméra cachée, boucle parfaite entre ses débuts et ses ambitions artistiques.
Depuis 2020, il multiplie les projets. On le retrouve dans Le Prince oublié, Mon cousin, Le Bonheur des uns…, Cette musique ne joue pour personne, Jack Mimoun et les Secrets de Val Verde. En 2024, il campe un comédien bourru dans Sous le vent des Marquises, sur les traces de Jacques Brel.
Entre éclats de rire et émotions profondes, entre improvisation totale et précision d’acteur, François Damiens a construit une carrière à son image: atypique, généreuse, constamment surprenante. Derrière son personnage culte de François L’embrouille se cache un artiste complet, né d’un simple remplacement improvisé. Une embrouille, peut-être, mais une embrouille qui a changé sa vie.


