En ce 2 décembre 2025, David Pujadas fête ses 61 ans. Pour une génération de Français, son visage sérieux et sa voix posée ont incarné l’information pendant des décennies : seize ans au Journal de 20 heures de France 2, puis une nouvelle étape sur LCI où il anime aujourd’hui 24h Pujadas. Mais au-delà de la réussite médiatique, le journaliste jette un regard lucide sur le prix payé par sa carrière au regard de sa vie familiale.
Une carrière au long cours, parfois au détriment du foyer
La trajectoire professionnelle de David Pujadas est celle d’un journaliste de plateau devenu une figure de l’audiovisuel. Surnommé par Le Figaro « l’interviewer de la République », il a croisé au micro des chefs d’État et des responsables internationaux — de Bachar al‑Assad à Angela Merkel, de Barack Obama à Vladimir Poutine — multipliant les éditions spéciales et les grands entretiens.
Ce rythme a laissé des traces dans sa vie privée. Divorcé de sa première épouse, journaliste de presse écrite, il est père de deux filles, Esther et Adèle, aujourd’hui adultes. En 2004, alors qu’il était déjà un visage incontournable, il rencontre Ingrid, hôtesse de l’air. De cette relation sont nés Adam en 2008 et Rose en 2015. Le couple se sépare en mai 2017, dans les mois précédant son départ de France 2.
La collision entre obligations professionnelles et responsabilités familiales est au cœur des confidences qu’il a accordées. Le rythme des chaînes d’information en continu et les impératifs des grands rendez‑vous ont souvent signifié des absences au moment où la famille avait besoin de présence.
Un père qui reconnaît ses manques
David Pujadas parle rarement de sa vie privée, mais lorsqu’il évoque ses enfants, il adopte un ton plus intime et parfois critique envers lui‑même. Dans un entretien accordé à Gala, il reconnaît sans détour : « Mes deux grandes filles me reprochent d’avoir été un père trop absent ». Il se remémore l’époque où il animait le 20 Heures et qu’il traversait sa séparation : « Je rentrais tard, ça n’avait pas de sens de faire une garde partagée », confie‑t‑il.
Cette prise de conscience ne l’empêche pas de défendre la qualité de l’amour qu’il porte à ses enfants. « J’aime et j’ai beaucoup aimé. Et ça, c’est comme les enfants, il ne faut pas le sacrifier », déclarait‑il à TV Magazine, se montrant à la fois affectueux et exigeant. « Avec mes enfants, je suis un père exigeant. Je m’attache à les ouvrir au monde », ajoutait‑il, précisant : « N’essayez jamais d’être copain avec vos enfants. Ils attendent l’autorité d’un adulte. »
Il se montre aussi lucide sur ses progrès possibles : « Peut mieux faire quand même… », admet‑il en évoquant ses efforts pour modifier son implication auprès des plus jeunes.
Des rituels et des règles pour rester présent
Pour tenter de compenser les absences, David Pujadas a mis en place des rituels. Avec ses deux plus jeunes, il a instauré un déjeuner rituel le mercredi, en plus des vacances et des week‑ends partagés. Ces moments réguliers traduisent une volonté de créer des repères, même lorsque la vie professionnelle demeure prenante.
Sur le plan éducatif, il insiste sur des valeurs claires : vivre au présent, profiter des bonnes choses, respecter les autres et apprendre à s’aimer soi‑même pour mieux aimer autrui. Lors du mouvement #MeToo, il a aussi livré un conseil très direct à ses filles : « Si on vous touche, vous hurlez. N’ayez jamais honte d’en parler ». Ces phrases montrent à la fois la fermeté et l’attention qui structurent son rôle de père.
Aujourd’hui, à 61 ans, David Pujadas observe son parcours familial avec franchise. Deux unions, quatre enfants et la conscience d’avoir parfois été happé par un métier dévorant composent le bilan intime qu’il partage. Il affirme vouloir poursuivre l’effort d’équilibre entre la figure publique et l’homme privé : être présent, transmettre des repères et accompagner chacun de ses enfants, malgré les imperfections.
Son témoignage rappelle la difficile conciliation entre exigence professionnelle et vie familiale, un dilemme familier pour de nombreux métiers médiatiques. Pujadas le formule sans fard : il a assumé ses choix, en reconnaît les conséquences, et tente aujourd’hui d’ajuster une paternité exigeante et affectueuse.
