Mercredi à l’Assemblée nationale, l’ancienne Miss France Alexandra Rosenfeld a pris la parole pour livrer un témoignage qu’elle a qualifié d’« un des plus difficiles » de sa vie. Devant des parlementaires, des journalistes et des représentants d’associations, elle a décrit une relation passée qu’elle affirme marquée par un « contrôle coercitif », et a dénoncé des violences psychologiques et physiques qu’elle attribue au chef cuisinier Jean Imbert.
Un témoignage public et circonstancié
Alexandra Rosenfeld a expliqué d’emblée pourquoi elle choisissait de témoigner publiquement. « Aujourd’hui je prends la parole pour partager une expérience personnelle qui a profondément marqué ma vie. Mais il me semble que c’est nécessaire pour montrer des mécanismes qui sont souvent incompris et souvent invisibilisés », a-t-elle déclaré.
D’une voix ferme et chargée d’émotion, elle a retracé une relation qu’elle situe sur une période d’« un an et quatre mois ». Selon elle, au fil du temps se seraient installés des comportements qu’elle identifie aujourd’hui comme du « contrôle coercitif », un concept défini par des spécialistes de la psychologie comme « un ensemble de comportements répétitifs visant à dominer une personne, la couper de ses soutiens, la déstabiliser, limiter son autonomie et créer un climat de peur, d’obéissance ». « L’homme [que je décris] correspondrait entièrement à ces critères », a-t-elle affirmé.
Isolement, humiliations et violences alléguées
Selon Alexandra Rosenfeld, la relation a d’abord semblé passionnelle avant de basculer vers un isolement progressif. « Il acceptait sans problème une seule amie. Une seule, celle qui disait que c’était un gars super et que j’exagérais. Toutes les autres étaient dénigrées et insultées », a-t-elle raconté.
Elle a lié cette période à une fragilité personnelle, aggravée par une maladie auto-immune et une « fatigue physique et psychologique ». Ces éléments, a-t-elle expliqué, auraient facilité l’installation d’un climat de tension permanente. « J’étais toujours sur les nerfs, toujours en alerte. Il provoquait des colères pour les retourner contre moi et me traiter de folle », a-t-elle dit.
Dans son récit, l’ancienne Miss France évoque des humiliations répétées : « Il m’humiliait régulièrement sur mon milieu social, sur ma façon de m’habiller, de m’exprimer. Il me faisait croire que ses amis ne m’aimaient pas, qu’il me trouvait bête ». Elle rapporte également des gestes brusques et des violences physiques, notamment une fracture du nez qu’elle attribue à un « coup de tête ». « Il tapait dans les murs et il m’a même fracturé le nez en me mettant un coup de tête. Il n’a pas nié, il s’est justifié en parlant d’un accident », a-t-elle affirmé, ajoutant que « Ce ne sont pas les coups qui m’ont laissé le plus de traces, mais vraiment l’impact psychologique, tout ce qui ne se voit pas. »
Une parole collective et des procédures en cours
Alexandra Rosenfeld a souligné qu’elle n’était pas seule à avoir témoigné publiquement. « Sur 15 ans de faits répétés, nous sommes cinq ex‑compagnes à avoir parlé dans la presse à ce jour. (…) Deux plaintes sont déposées, et pourtant certaines femmes ont encore peur de s’exprimer car il est extrêmement puissant », a-t-elle déclaré.
Elle a aussi évoqué le soutien juridique et médiatique dont bénéficierait, selon elle, le chef cuisinier, estimant que cela décourage certaines femmes de prendre la parole. Elle a regretté l’absence de réaction publique des entreprises et marques associées à Jean Imbert : « Aujourd’hui encore, aucune des marques qui emploient ce monsieur n’a pris la parole. Aucune. Même malgré leur charte d’entreprise en faveur des droits des femmes », a-t-elle dit.
À ce stade, aucune décision de justice n’a été rendue. Les faits évoqués restent contestés par l’entourage de Jean Imbert, qui n’a pas, pour l’instant, réagi publiquement à ce nouveau témoignage. Deux plaintes ont été déposées, selon les informations présentées par Alexandra Rosenfeld.
L’intervention a été relayée également via les réseaux sociaux, une publication partagée sur Instagram ayant accompagné la prise de parole, selon les éléments disponibles.
Ce témoignage, tenu dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, ajoute une nouvelle étape au débat autour du contrôle coercitif et de la manière dont les institutions, les médias et les entreprises réagissent face à des allégations portées publiquement par d’anciennes compagnes.


