Ce 27 novembre 2025, France 4 diffuse Immortel Nougaro, un hommage imaginé par l’INA qui remet en scène l’œuvre du chanteur au cœur de la mémoire collective. Au Grand Rex, les plus grands succès de l’homme aux « semelles de swing » renaissent sous des voix contemporaines : Aurélie Saada, Tété, Olivia Ruiz, Cali, Carmen Maria Vega, Arthur H, Tchéky Karyo ou encore Flavia Coelho. Entre archives restaurées et réarrangements signés Mathias Malzieu, le spectacle tisse un pont entre générations et rappelle combien Claude Nougaro demeure un pilier de la chanson française. Plus de vingt ans après sa disparition, cet hommage télévisé cherche à redonner corps et voix à un artiste dont la présence reste vive.
Un spectacle entre archives et réinventions
Immortel Nougaro joue sur la double force du patrimoine et de la création. Les archives restaurées permettent de revoir des images et des instants d’interprétation rares, tandis que les reprises offrent des lectures nouvelles des morceaux. Les réarrangements de Mathias Malzieu actualisent des rythmes souvent marqués par le jazz et la poésie, sans gommer l’identité du répertoire.
Le choix des interprètes contribue à cette dynamique : chacun apporte une couleur différente, parfois intime, parfois plus dramatique. Le spectacle met en évidence la richesse des compositions de Nougaro, de leurs fulgurances rythmiques à leurs envolées poétiques. France 4 et l’INA proposent ainsi un panorama qui ne se veut ni musée figé ni simple concert de reprises, mais plutôt une conversation artistique entre passé et présent.
L’héritage artistique de Claude Nougaro
Claude Nougaro s’éteint le 4 mars 2004 à Paris, dans son appartement du 5ᵉ arrondissement. Affaibli par un cancer du pancréas, il travaillait encore, quelques jours avant sa mort, à de nouvelles chansons. Toujours obsédé par « les mots qui claquent », il préparait un album inédit, preuve que l’élan créatif ne l’avait jamais quitté.
Ses obsèques, célébrées à Toulouse, sa ville natale, remplissent la basilique Saint-Sernin d’une foule immense. Le carillon joue les notes de « Toulouse » tandis que ses cendres sont dispersées dans la Garonne. Il laisse près de 400 chansons et un style unique mêlant jazz, poésie et culture occitane. Cette œuvre multiple a profondément marqué la scène musicale et la mémoire collective française.
Sa vie artistique se double d’une existence privée intense. Père de quatre enfants — Cécile (née en 1962), Fanny (1969), Théa (1973) et Pablo (1977) — Nougaro a traversé trois mariages et trois divorces avant de rencontrer la compagne qui l’accompagnera jusqu’à la fin. Certaines chansons, comme « Cécile, ma fille » ou « Marcia Martienne », renvoient aux figures féminines et aux liens familiaux qui ont nourri son écriture.
Hélène, « la femme de sa mort »
En 1984, sur l’île de La Réunion, Claude Nougaro rencontre Hélène, une jeune kinésithérapeute originaire de Toulouse. L’écart d’âge entre eux est important — 32 ans — mais la relation s’impose rapidement comme une évidence. Nougaro dira d’elle : « Elle était ma boussole », et la surnommera « la femme de ma mort », formule à la fois tendre et tragique qui illustre la conscience de la fragilité et de la durée.
Hélène n’a pas d’enfant avec Nougaro, mais elle offre au chanteur une forme d’ancrage qu’il n’avait pas connue. Interrogée plus tard, elle confiera en 2014 : « J’ai grandi à ses côtés. Je suis devenue la femme que je suis. On ne peut pas dire que ce soit un sacrifice. » Elle ajoute : « On avait trente-deux ans d’écart, mais cela ne m’a pas effrayée. Je n’étais pas prédestinée à vivre dans le monde de la chanson, je n’étais pas du tout fascinée par ça. »
Leur union est célébrée en 1994 au Capitole par Dominique Baudis. À Toulouse, ils achètent un appartement quai de Tounis, arpentent les marchés et redécouvrent la douceur toulousaine. Nougaro dira : « Avec elle, j’ai retrouvé mon pays intérieur. » Hélène accompagne l’artiste jusqu’à son dernier souffle et, dans les années qui suivent, veille à préserver son œuvre et à soutenir les hommages qui lui sont rendus.
Immortel Nougaro, tel que présenté par l’INA et France 4, se présente donc comme une réactivation de ce patrimoine affectif et artistique. Le spectacle rappelle que, derrière les fulgurances et les colères, se cachait un homme entier, amoureux des mots et des rythmes, dont l’influence continue de résonner sur la scène française.
