Ce 25 novembre 2025, Paris Première rediffuse L’Affaire Dominici, le film culte où Jean Gabin donne la réplique à un jeune Victor Lanoux. L’occasion de rappeler le parcours d’un acteur qui, disparu le 4 mai 2017 à 80 ans, a traversé plus d’un demi-siècle de cinéma avant de devenir l’un des visages les plus populaires du petit écran grâce à Louis la Brocante.
La série, devenue mythique, a aussi représenté une belle réussite financière pour France 3, qui versait jusqu’à 100 000 euros par épisode à son interprète principal. Une aisance matérielle qui a permis à Victor Lanoux de structurer une succession pensée et émouvante pour ses proches.
Un testament lu dans l’émotion
Après le décès de l’acteur, la lecture du testament s’est tenue dans un appartement de Boulogne, en présence d’un notaire bordelais. Richard, Emmanuelle et Stéphanie, les trois enfants de Victor, ainsi que son épouse Véronique Langlois, étaient réunis pour ce moment chargé d’émotion.
Richard Nataf, qui a pris le nom de Lanoux après la mort de son père, se souvient de cette lecture : « Victor avait tout bordé. Il avait même écrit un magnifique testament. On était tous les quatre… On pleurait tous à sa lecture, tellement c’était beau. Il expliquait tout l’amour qu’il avait pour nous, qu’il voulait que l’on soit tous à égalité ».
Par ces dernières volontés, l’acteur a voulu éviter toute source de tension ou de préférence. Ses biens matériels et les droits d’auteur de ses nombreuses pièces de théâtre devaient être partagés équitablement, un choix d’autant plus symbolique que la vie familiale n’avait pas toujours été simple.
La gestion des œuvres et l’héritage artistique
Victor désigne Richard comme exécuteur testamentaire chargé de la gestion des œuvres théâtrales. Interrogé, le fils résume ainsi l’héritage : « Qu’est-ce qu’il m’a légué ? L’écriture ». Il rapporte aussi que son père lui répétait : « Il serait bien que tu fasses vivre ces pièces ».
Richard a pris cette responsabilité au sérieux, notamment en contribuant à la reprise du Tourniquet au festival d’Avignon. En acceptant ce rôle, il a également choisi de reprendre officiellement le nom de scène de son père, geste symbolique et filiation artistique : « C’est ma façon de poursuivre le chemin ».
Années de rupture et quête de réparation
Si la lecture du testament fut si intense, c’est parce que la relation entre Victor et son fils aîné a connu des années de rupture, d’incompréhension et de souffrance. Richard raconte, dans son livre Victor, mon père, avoir traversé une adolescence puis une partie de l’âge adulte marquées par l’autodestruction, l’errance et la drogue.
Il écrit sans détour : « Je me droguais sans doute pour le punir. Je lui ai vraiment fait du mal. Me savoir en danger le rendait malade ». Victor, conscient de la gravité, a tenté d’aider son fils en finançant plusieurs cures, mais celles-ci ont été suivies de rechutes. La communication, déjà fragile, s’en est trouvée davantage rompue.
Après la disparition de l’acteur, Richard a retrouvé une lettre écrite par son père lorsqu’il avait une vingtaine d’années. Le texte, empreint de tendresse, dit : « Pose ton pied après l’autre… Le nez au vent et les fleurs à portée de main… Je t’embrasse comme je t’aime. Ton père ». Cette pudeur, presque maladive, avait longtemps constitué l’un des murs entre eux.
La réconciliation par l’écriture
La guérison de Richard, lente et solitaire, a permis une réconciliation. Pendant une dizaine d’années, père et fils ont collaboré à l’écriture des scénarios de Louis la Brocante. Le travail commun a créé un espace neutre où les confidences ont fini par circuler.
« Quand j’ai guéri, quand on a commencé à écrire ensemble, toutes les portes se sont ouvertes », confie Richard. Le succès de la série, suivie par des millions de téléspectateurs, et l’aisance matérielle qu’elle a apportée n’ont été que le décor d’une relation enfin apaisée. Lorsque la série s’arrête en 2014, c’est presque une page intime qui se referme, plus encore qu’une aventure professionnelle.
Le testament de Victor Lanoux, lu dans la douleur mais aussi dans l’amour, scelle ce parcours fait d’incompréhensions, de retrouvailles et d’un héritage artistique que la famille entend désormais faire vivre.


