Ce 25 novembre 2025, France 2 diffuse Notre Histoire de France. Dans la saison 2, épisode 3, Sonia Rolland prête sa voix pour raconter « Louis XV à l’ombre des Lumières », une plongée au cœur du XVIIIᵉ siècle où le jeune roi affronte la montée des idées nouvelles portées par Voltaire et les philosophes. Madame de Pompadour y apparaît, attentive aux frémissements d’un monde qui, sans le savoir, s’apprête à changer de visage. Le choix de la chaîne de confier ce récit à une femme dont la trajectoire personnelle a elle-même connu des bouleversements donne à l’émission une dimension supplémentaire.
Sonia Rolland : de Miss France aux documentaires
Sonia Rolland s’est fait connaître en décrochant la couronne de Miss France 2000 et est devenue la première lauréate d’origine africaine. Née en 1981 au Rwanda, elle y passe une enfance qu’elle décrit comme aisée : « On avait une maison, un jardin et du personnel », confiait-elle à Europe 1. Le génocide des Tutsi en 1994 contraint sa famille à fuir, provoquant un choc et un déplacement vers la Bourgogne où ils s’installent dans un HLM. Elle évoque cet épisode comme un « exil confortable » marqué par un déclassement important.
Après son année de Miss France, souvent qualifiée de « fulgurante », Sonia Rolland s’oriente vers le cinéma et la télévision. Elle a affirmé son désir de devenir comédienne : « Je rêvais d’être actrice », déclarait-elle dans Télématin. Malgré la crainte de conserver « l’étiquette Miss France », elle a construit une carrière solide, jouant notamment dans la série Tropiques Criminels dont le tournage de la saison 7 vient de s’achever.
Parallèlement à sa carrière artistique, Sonia Rolland s’est engagée sur des projets humanitaires et documentaires. Très attachée à ses racines rwandaises, elle a raconté son retour au pays en 2005 dans C à vous : « C’était tellement émouvant de revenir dans un pays qu’on pensait ne jamais revoir. » Elle a mené des actions avec son association et réalisé des films, dont Rwanda, du chaos au miracle, pour témoigner « d’un peuple incroyable, qui force le respect ». Elle explique aussi que ses filles, qui l’ont accompagnée à plusieurs reprises, « se rendent compte qu’elles sont très privilégiées… ça crée de l’empathie », confiait-elle à Gala.
Un cadeau ancien devenu pièce d’un dossier judiciaire
La vie publique de Sonia Rolland est également marquée par une affaire judiciaire liée à un bien immobilier reçu en 2003. Il s’agit d’un appartement parisien, d’une valeur estimée à 800 000 €, situé dans le XVIᵉ arrondissement. Selon le dossier, ce bien lui aurait été offert via une Société Civile Immobilière par le président gabonais Omar Bongo. À l’époque, Sonia Rolland avait 22 ans. Elle explique avoir rencontré Édith Bongo lors d’un concours de Miss en Afrique, et que cette dernière lui avait promis un cadeau « pour l’image qu’elle véhicule pour l’Afrique ». Elle assure n’avoir jamais sollicité ce présent.
Ce cadeau s’inscrit depuis dans l’enquête française sur le patrimoine accumulé par la famille Bongo. Depuis 2010, la justice examine de nombreux biens — douze biens immobiliers, deux hôtels particuliers, une villa à Nice, et d’autres propriétés — et plusieurs des cinquante-quatre enfants d’Omar Bongo ont été mis en examen. En mai 2022, Sonia Rolland a été mise en examen pour recel de détournement de fonds publics, corruption et abus de biens sociaux. Le juge considère qu’elle « aurait dû connaître le mode d’acquisition frauduleux ». Elle, de son côté, reconnaît « avoir fait preuve de naïveté » mais conteste toute infraction. Son avocat a rappelé : « Il faut se garder de juger avec les connaissances d’aujourd’hui des faits de 2003. »
Entendue comme témoin assisté (suspect libre) en 2021, Sonia Rolland a réitéré qu’elle n’avait jamais demandé ce cadeau. Néanmoins, l’appartement reste intégré à une affaire tentaculaire sur des « biens mal acquis » qui dépasse son seul cas. Malgré cela, sa carrière, ses engagements et sa vie privée — elle s’est mariée en 2025 avec un ami de longue date qu’elle qualifie de « meilleur pote » depuis vingt ans — continuent d’illustrer sa volonté d’avancer, même si ce passé judiciaire lui colle toujours à la peau.


