La statue de la chanteuse Dalida, installée place Montmartre dans le XVIIIe arrondissement de Paris depuis 1997, relance un débat inattendu entre passants et élus. Selon Le Parisien, la sculpture d’Aslan fait l’objet de caresses répétées de la part de visiteurs, en particulier au niveau de la poitrine, geste que certains regardent comme une tradition porte-bonheur mais qui agace des élus écologistes.
Une tradition de « portage de chance » qui durent depuis près de trois décennies
Comme le rapportent nos confrères du Parisien, des témoins fréquents de la place expliquent que, depuis 28 ans, toucher les seins de Dalida porterait bonheur. Ces gestes répétés ont provoqué une usure visible du bronze, constatée par des promeneurs et évoquée par les élus. Pour de nombreux fans, ces caresses sont anodines et relèvent d’un rituel affectueux envers une artiste iconique disparue en 1987.
La sculpture, dévoilée en 1997 et signée Aslan, est devenue un lieu de mémoire mais aussi un point d’interaction populaire. Les adorateurs de Dalida y laissent fréquemment des fleurs, des messages et, selon les récits, effectuent des gestes bénins qu’ils associent à la chance. Ces comportements ont contribué à l’usure du bronze, phénomène que certains élus estiment préoccupant.
Les élus écologistes demandent de protéger la statue
Un groupe d’élus écologistes de Paris — Frédéric Badina-Serpette, Emile Meunier, Fatoumata Koné, Raphaëlle Rémy-Leleu et Douchka Markovic — a déposé un vœu au Conseil de Paris. Ils y dénoncent la répétition de palpations et estiment que ces gestes participent d’une banalisation du contact non consenti avec la représentation du corps féminin.
Dans leur texte, les élus écrivent : « Ces gestes relèvent d’une forme de banalisation du contact non consenti avec la représentation du corps féminin et traduisent une persistance symbolique d’appropriation du corps des femmes dans l’espace public (…) Ces mises en scène d’actes mimant une agression sexuelle participent à la culture de l’impunité. »
Pour éviter la répétition de ces comportements et préserver le bronze, les élus proposent plusieurs mesures concrètes : surélever le socle de la statue afin de rendre la poitrine inaccessible et installer des panneaux pédagogiques invitant au respect de l’intégrité de l’œuvre.
La mairie souhaite consulter les ayants droit
Karen Taïeb, adjointe à la mairie de Paris chargée du patrimoine, a répondu aux élus écologistes en annonçant qu’elle prendrait contact avec les ayants droit de Dalida. L’objectif est de connaître leur position avant d’engager toute modification du dispositif autour de la statue.
« Même s’il s’agit de gestes déplacés, on ne peut comparer ces gestes, aussi inappropriés soient-ils, à des agressions sexuelles dont les faits réels ne cessent d’augmenter et touchent les vraies personnes », a rappelé l’élue en réponse aux accusations portées par les élus verts. Elle propose donc de dialoguer avec la famille et les ayant droit pour déterminer la solution la plus appropriée si ces palpations les gênent.
La démarche de la mairie souligne la nécessité de concilier plusieurs enjeux : la préservation matérielle d’une œuvre de patrimoine, le respect de la mémoire d’une artiste aimée, et la sensibilité actuelle aux questions liées au consentement et à l’espace public.
À ce stade, aucune décision définitive n’a été annoncée. La discussion entre élus, services municipaux et ayants droit devrait permettre d’envisager des mesures proportionnées, telles que l’élévation du socle ou la pose d’informations pédagogiques, tout en veillant à ne pas effacer la dimension affective du lieu pour les admirateurs de Dalida.
