Ce 18 novembre 2025, la chaîne T18 rediffuse Just a Gigolo, la comédie d’Olivier Baroux sortie en 2019. Remake assumé de How to Be a Latin Lover, le film n’avait pas trouvé son public : il a totalisé seulement 281 412 entrées, le plus faible score du réalisateur, et figure comme le dixième flop français de l’année 2019.
Un duo né sur les ondes
L’histoire de Kad Merad et d’Olivier Baroux commence sur une petite fréquence qui deviendra grande : OÜI FM, en 1991. Olivier anime alors la matinale ; juste après lui, Kaddour Merad prend l’antenne de 9 h à 13 h. Le passage de relais se transforme vite en joute improvisée, faite de traits d’esprit, de personnages absurdes et de délires à deux voix. Leur complicité saute aux yeux — et surtout aux oreilles — au point que la direction de la radio leur confie une émission commune, le Rock’n Roll Circus, lancée le 12 mars 1992.
Souvent enregistrée en public, l’émission regorge de sketchs et d’improvisations, et attire l’attention des producteurs télé. Jean‑Luc Delarue les invite ainsi dans plusieurs programmes (Déjà dimanche, Déjà le retour, C’est l’heure, C’est toujours l’heure), où ils se livrent à des parodies et à des manipulations de figurines. En 1998, France 2 diffuse leur série Les 30 dernières minutes, diffusée à un horaire tardif mais rapidement culte pour leurs fidèles.
De la scène à la télévision, puis au grand écran
La scène complète alors leur palette. Avec Capri, c’est fini, ils peaufinent un spectacle qui, sans être un triomphe populaire immédiat, suffit à attirer l’œil de Dominique Farrugia, alors à la tête de la chaîne Comédie !. Résultat : de 1999 à 2001, ils présentent La Grosse Émission, devenue pierre angulaire de la chaîne. Parallèlement, leurs apparitions se multiplient, notamment chez Thierry Ardisson dans Tout le monde en parle.
La télévision se mêle ensuite au cinéma. Le tandem enchaîne La Beuze, Rien que du bonheur, puis connaît son premier grand succès commun avec Mais qui a tué Pamela Rose ? en 2003, qui devient un pastiche policier culte pour leurs fans. Viendront ensuite Iznogoud, Un ticket pour l’espace, et une suite attendue, Mais qui a retué Pamela Rose ? (2012).
Au fil des années, leurs trajectoires se spécialisent. Kad Merad s’impose comme un acteur multi‑récompensé, grâce à des films comme Je vais bien, ne t’en fais pas et au phénomène Bienvenue chez les Ch’tis. Olivier Baroux, de son côté, signe plusieurs comédies à succès et bâtit une franchise rentable avec Les Tuche. Malgré ces parcours distincts, les deux hommes répètent qu’ils ne se sépareront jamais vraiment.
Tensions et fidélité : la vérité sur leurs disputes
La rumeur d’une rivalité a longtemps circulé, mais le duo balaie l’idée d’une guerre d’ego permanente. « Des problèmes d’ego ? Oui, c’était difficile au début », a reconnu Kad Merad, rappelant que leurs parcours différents — Olivier plus auteur, Kad issu du théâtre et du Club Med — ont parfois généré des frottements. Plus tard, Kad résume leur complémentarité : « Lui, c’est le créateur, moi je suis la créature. »
La seule véritable engueulade restée célèbre remonte à une croisière. Selon leurs récits, Olivier, alors en train d’arrêter de fumer, reproche à Kad d’avoir triché lors d’un jeu de société. Le ton monte, les deux amis se bouderont pendant deux jours. Kad confie : « Il était insupportable. » Olivier, fidèle à son souvenir, persiste : « Il avait triché ! » Cette période a d’ailleurs inspiré des scènes du film Entre amis, réalisé par Olivier Baroux.
Quant à la jalousie, elle n’a jamais réellement percé entre eux. Quand Kad connaît la consécration au cinéma, Olivier dit s’être sincèrement réjoui : « C’est arrivé tellement tard que je ne pouvais qu’être content pour lui. J’ai profité de son succès et j’ai kiffé avec lui son César. » Les deux admettent aussi s’être protégés mutuellement en refusant parfois des projets que l’autre n’aurait pas souhaité faire : « Ce serait terrible qu’il me dise oui par amitié », confie Olivier.
En public, leur affection reste palpable. Kad résume ainsi la longévité de leur lien : « Jusqu’à notre mort, on aura envie de faire des choses ensemble. » Ils continuent de se retrouver régulièrement, à l’écran comme en marge : Just a Gigolo a été tourné ensemble au printemps précédant sa sortie, et les retrouvailles sur des plateaux ou lors de cérémonies — comme aux Césars où Kad, maître de cérémonie, avait supplié Olivier de monter sur scène pour recevoir son prix du public aux côtés de son père — témoignent d’une amitié durable et sincère.


