Le programme La dernière sur Radio Nova est animé chaque dimanche à 18 heures par Guillaume Meurice, Juliette Barré, Pierre-Emmanuel Barré et Aymeric Lompret. Le rendez‑vous du dimanche 9 novembre, diffusé depuis La Halle aux Grains de Toulouse, reste encore en ligne sur le site de la station, de même que la chronique incriminée de Pierre‑Emmanuel Barré. L’émission s’est déroulée devant un public chaleureux, mais a rapidement été éclipsée par une séquence controversée.
La chronique controversée
Dès son introduction, l’humoriste de 41 ans a lancé au public : « Ça va ? Tout le monde va bien ? Personne n’a été violé par la police aujourd’hui ? » Cette phrase faisait explicitement référence à la mise en examen de deux policiers de Bobigny pour viol et agressions sexuelles sur une femme détenue en cellule, un dossier sensible et très médiatisé.
La chronique s’est poursuivie par une longue charge contre la police et contre le ministre de l’Intérieur. Selon le montage diffusé, Pierre‑Emmanuel Barré a enchaîné des attaques durant environ six minutes visant la police et Laurent Nuñez. À la fin de sa prise de parole, il a asséné : « Des viols, des mutilations, des meurtres et des mecs qui se filment en train de faire tout ça en se marrant… En fait, la police et la gendarmerie, c’est Daesh avec la sécurité de l’emploi ». Ces propos ont été immédiatement perçus comme provocateurs et choquants par une partie de l’opinion publique et des autorités.
Réactions politiques et syndicales
La phrase a été entendue par le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez, qui a estimé ces propos « inqualifiables » et a décidé de porter plainte. Le dépôt de plainte du ministre a contribué à accentuer la polémique autour de l’émission.
Du côté des forces de l’ordre, le syndicat Un1té a dénoncé des « propos immondes », rappelant que la nation honore les policiers qui ont sauvé des vies notamment le 13 novembre 2015. Le syndicat a en outre appelé à saisir immédiatement l’Arcom, l’autorité de régulation de la communication audiovisuelle, pour que la séquence fasse l’objet d’un examen.
Solidarité chez Radio Nova et chez les humoristes
Radio Nova, dans un communiqué publié le samedi 15 novembre, a pris la défense de son collaborateur et a invoqué la « liberté d’expression ». La station a prévenu qu’elle « n’acceptera aucune menace » à l’encontre de ses humoristes et collaborateurs. Le texte rappelle que « préserver la liberté de ceux qui font rire, c’est protéger la santé de notre démocratie. Radio Nova y est plus que tout attaché et n’acceptera aucune menace de quelque nature que ce soit sur ses humoristes et collaborateurs ». Cette prise de position institutionnelle témoigne d’un choix de la radio de soutenir la ligne éditoriale de ses chroniques satiriques.
Pierre‑Emmanuel Barré peut également compter sur le soutien de collègues. Guillaume Meurice, lui‑même connu pour avoir été licencié de France Inter après une chronique jugée polémique, a publiquement défendu son camarade. Meurice a estimé que la phrase litigieuse devait être « replacée dans son contexte » et a exprimé son étonnement qu’une autre boutade, citée dans l’émission — « de mon côté il y a de fortes suspicions que Laurent Nuñez soit une grosse cuve à pisse » — n’ait, selon lui, pas motivé de plainte à ce stade. Cette citation, reprise telle quelle, illustre la tonalité crue et provocatrice choisie par l’humoriste.
Contexte et enjeux
La polémique s’inscrit dans un débat plus large sur les limites de l’humour, la liberté d’expression et le respect des institutions. Les chroniques satiriques ont souvent poussé les feux du débat public en France, mettant en tension protection de la liberté de création et réprobation face à des formulations jugées offensantes.
Sur le plan judiciaire, la suite de l’affaire dépendra des démarches engagées par le ministère et des éventuelles procédures initiées par l’Arcom ou d’autres instances visées par les syndicats. Pour l’heure, la séquence incriminée demeure accessible sur le site de Radio Nova, et la polémique concentre l’attention sur la frontière entre provocation comique et injure d’institution.
La situation illustre la difficulté pour les radios et les humoristes de naviguer entre satire corrosive et réactions institutionnelles. Sans nouvelles décisions publiques immédiates autres que la plainte annoncée, c’est désormais au droit et aux organes de régulation d’examiner si les propos relèvent de l’expression protégée ou d’une atteinte répréhensible.


