Alors que le cinéma français multiplie les projets de suites et de remakes, un film récent et populaire devrait bientôt refaire surface sur nos écrans : La famille Bélier. Le producteur Éric Jehelmann a confirmé au magazine Le Film Français qu’une suite au long métrage de 2014 était en développement, après une longue période de réserve autour de cette idée.
Un retour après dix ans de réflexion
« Pendant dix ans, nous n’avions pas très envie de donner une suite à ce film, puisqu’il était bouclé », confie Éric Jehelmann. Ce silence n’était pas synonyme d’oubli : La famille Bélier est devenu un film marquant du cinéma français, cumulant 7,45 millions d’entrées en salles. Le producteur explique qu’une proposition de la scénariste Victoria Bedos a finalement relancé le projet. « Nous avons trouvé, je crois, une très bonne idée », précise-t-il, rappelant que le développement se fait en association avec StudioCanal.
L’annonce intervient dans un contexte propice aux franchises hexagonales : d’autres projets de suites sont évoqués, comme une nouvelle mouture autour de la trilogie Fantômas portée par Guillaume Canet et Romain Duris, et une éventuelle suite à La soupe aux choux, envisagée par le neveu du réalisateur historique Christian Fechner. Ces éléments montrent un retour d’intérêt pour les propriétés cinématographiques françaises, anciennes ou récentes.
Un film générationnel difficile à prolonger
Éric Jehelmann ne cache pas la difficulté de l’exercice : « Avec un tel film culte, générationnel, on ne peut pas décevoir. Et nous sommes condamnés à veiller à ce que ce projet ne soit pas une simple suite. Il faut donc un très bon script pour pouvoir convaincre toute cette famille de revenir. »
Ce rappel de prudence illustre la double contrainte qui pèse sur le projet : respecter l’attachement du public à l’original tout en proposant une histoire nouvelle qui justifie une suite. La famille Bélier avait offert une trajectoire marquante à sa jeune interprète, Louane Emera, qui avait reçu le César du meilleur espoir féminin après le film.
Le succès du scénario et de l’univers a aussi dépassé les frontières : le remake américain, CODA, a connu un destin prestigieux aux Oscars. Le film y a été couronné Meilleur film et Meilleur scénario adapté, et l’acteur Troy Kotsur a reçu l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. Ces distinctions renforcent la réputation internationale de l’histoire, mais complexifient aussi l’exercice d’une suite française, condamnée à trouver sa propre légitimité.
Quel casting pour la suite ?
Pour l’instant, Éric Jehelmann reste discret sur la composition du casting. Dans le film original, Louane incarnait Paula Bélier, la fille d’une famille entièrement sourde et muette. Son rôle de jeune femme, chargée de responsabilités familiales tout en découvrant un talent pour le chant, était au cœur de l’intrigue.
Les parents de Paula étaient interprétés par François Damiens (le père) et Karin Viard (la mère). Le professeur de musique qui détecte et encourage le talent de Paula était joué par Éric Elmosnino. À ce stade, aucune confirmation officielle n’a été donnée quant au retour de ces comédiens dans la future suite.
Enjeux créatifs et attentes du public
Le producteur insiste sur l’importance du scénario. Une suite « ne doit pas être une simple suite », dit-il : il faut une écriture solide pour convaincre les spectateurs et, si possible, réunir à nouveau l’équipe d’origine. Le défi est double : préserver l’émotion et l’authenticité qui ont séduit des millions de spectateurs, tout en apportant une perspective nouvelle et crédible à l’univers des Bélier.
Sans calendrier ni détails supplémentaires partagés publiquement, le projet reste à un stade de développement. Les équipes parlent toutefois d’une idée de story qui a « rebattu les cartes », selon Jehelmann. Reste à voir si la suite trouvera l’équilibre entre hommage à l’original et renouvellement narratif exigé par une œuvre devenue récemment un « classique » populaire.
En attendant des confirmations sur le casting et un synopsis officiel, la nouvelle suscite curiosité et prudence : relancer un film de cette ampleur implique de respecter une attente forte du public, tout en évitant les écueils habituels des suites.


