Thierry Le Luron, icône de l’humour décédée à 34 ans : cancer aggravé par le VIH, secret dévoilé par sa sœur en 2013

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Le 13 novembre 1986, Thierry Le Luron s’éteignait à 34 ans, laissant derrière lui une silhouette majeure du paysage humoristique français et de nombreuses questions. Trente-neuf ans plus tard, son souvenir reste vif : imitateur prodige et homme de scène, il n’a jamais, de son vivant, reconnu publiquement être atteint du sida. Plusieurs proches, dont Line Renaud, l’affirmeront après sa mort, et sa sœur Martine Simon‑Le Luron confirmera en 2013 dans son livre La vie est si courte, après tout que ce mal, tabou dans les années 1980, a bien contribué à sa disparition. Le parcours des dernières années de l’artiste mêle secret, douleur et résistance sur scène.

Le combat contre la maladie

En septembre 1984, alors qu’il connaît un succès considérable avec l’album Le Luron interdit, disque d’or, Thierry Le Luron apprend qu’il est atteint d’un cancer métastatique. Il multiplie les allers‑retours aux États‑Unis pour y consulter des spécialistes. Les médecins se montrent pessimistes, mais l’artiste ne renonce pas. Malgré la fatigue et la douleur, il continue de jouer et d’imiter, s’accrochant à la scène comme à une bouée. « J’ai dû décevoir quelques mauvaises langues qui disaient que j’étais en train de crever », plaisantait‑il dans Paris Match.

À partir de 1985, les signes d’affaiblissement deviennent visibles : il traîne la jambe gauche et tousse sans répit. Admis à l’hôpital Lariboisière sous le pseudonyme de Jean Gilles, il est diagnostiqué d’une évolution rapide du cancer, laquelle serait aggravée par une infection au VIH, selon le récit rapporté par son entourage. Seuls quelques proches sont admis à son chevet : son producteur Hervé Hubert, l’ami Bernard Mabille et Daniel Varsano, présenté comme son compagnon discret, qui veille à ses côtés dans l’ombre.

En janvier 1986, malgré une paralysie partielle, il remonte sur les planches avec Le Luron en liberté au théâtre du Gymnase. Il souffre visiblement, mais refuse de céder à l’immobilisme. Quelques mois plus tard, grâce à l’appui de Line Renaud et à l’intervention de Jacques Chirac, il part aux États‑Unis pour suivre un traitement expérimental contre le sida. Ces soins apportent quelques améliorations temporaires, suivies de rechutes et d’un épuisement progressif.

Le tabou du sida et la discrétion autour de sa vie privée

La fin des années 1980 reste marquée par le silence public autour du sida et par l’intense discrétion sur la vie privée des artistes. Jusqu’à ce que son état se dégrade, la question du sida n’est jamais abordée ouvertement par Thierry Le Luron. En octobre 1986, le professeur Léon Schwartzenberg annonce publiquement que l’artiste souffre d’un cancer des voies respiratoires ; l’annonce publique n’évoque pas l’infection au VIH.

L’été 1986, malgré la gravité de son état, il sait plaisanter sur sa propre fin : « Veuillez me pardonner, je ne resterai pas trop longtemps, ma tombe ferme à 23 heures ! » lance‑t‑il lors d’un spectacle à Villefranche‑sur‑Mer. Cette grimace face au tragique illustre le double rapport qu’il entretenait avec la scène : un refuge et un rempart. Ses dernières semaines se déroulent au palace Le Crillon, place de la Concorde, où il séjourne avant de s’éteindre. Officiellement, la mort est déclarée à la clinique du Belvédère, à Boulogne‑Billancourt ; plusieurs témoignages indiquent toutefois qu’il a rendu son dernier souffle dans la suite qu’il occupait au Crillon.

Parmi les lettres qu’il laisse, une adressée à sa mère témoigne de son attachement à son métier : « Ce métier seul m’a offert mes plus belles joies. » Ce constat, rapporté par sa famille, explique en partie la force avec laquelle il a voulu continuer à travailler malgré la maladie.

Amis, dérision et dernier hommage

Le Luron était aussi célèbre pour ses gestes provoquants et son humour. Le 25 septembre 1985, il épouse symboliquement Coluche « pour le meilleur et pour le rire » dans une mise en scène carnavalesque à Montmartre. L’événement, en calèche, où l’un porte une robe de mariée et l’autre un haut‑de‑forme, est un pied de nez à la bienséance et une déclaration d’amitié. Cette complicité prend une tournure tragique lorsque Coluche meurt dans un accident de moto le 19 juin 1986. Thierry Le Luron assiste aux obsèques, déjà très affaibli, et dissimule sa douleur derrière de larges lunettes noires.

Le 18 novembre 1986, quelques jours après sa disparition, une foule nombreuse se rassemble à l’église de la Madeleine pour un ultime hommage. Line Renaud, Nana Mouskouri, Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing et de nombreux anonymes se recueillent tandis que résonne une voix enregistrée du comique : « Nous nous reverrons un jour ou l’autre. »

Thierry Le Luron repose aujourd’hui à Perros‑Guirec, en Bretagne, auprès de ses parents. Sa sœur Martine, dans son livre, évoque un homme « épuisé de lutter » mais qui n’a jamais cessé de rire ni d’espérer. Trente‑neuf ans après sa mort, la trajectoire du comique rappelle la difficulté des années 1980 à concilier célébrité, maladie et intimité.

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