Le 12 novembre 2025, Florent Manaudou a soufflé ses 35 bougies. Quadruple médaillé olympique — dont l’or historique du 50 m nage libre à Londres en 2012 —, triple champion d’Europe et double champion du monde, le colosse de 1,99 m pour 99 kg met un point final à une carrière aussi riche qu’atypique. Les Jeux de Paris, où il a décroché une sixième médaille, ont constitué son ultime compétition majeure. Contrairement à d’autres champions déjà tournés vers Los Angeles 2028, il a choisi de « raccrocher les lunettes » à l’été 2026, après les Championnats d’Europe de Saint‑Denis, qu’il qualifie de sa « dernière danse ». Pour l’heure, son avenir reste à construire : plusieurs pistes sont évoquées et certaines facettes de sa vie restent peu connues du grand public.
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Un parcours militaire peu médiatisé
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Avant d’être surnommé le « Usain Bolt de la piscine », Florent Manaudou a servi sous l’uniforme. En octobre 2009, à 19 ans, il rejoint l’armée de Terre et est affecté au 68e régiment d’artillerie d’Afrique (RAA) de La Valbonne, dans l’Ain, à proximité de sa ville natale de Villeurbanne. Il bénéficie alors du statut de sportif de haut niveau au sein du Centre national des sports de la Défense, un dispositif qui lui permet d’allier entraînements à plein temps et obligations militaires, tout en représentant l’institution lors de compétitions.
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« Ce n’est pas un contrat d’image, je me suis investi dedans. C’était ma première source de revenus aussi », déclarait-il à 24 ans. « C’est un job. On a une paie, on cotise pour la retraite, ce sont des responsabilités. » En 2014, il renouvelle son engagement avec l’armée pour trois ans. Promu maréchal des logis — l’équivalent de sergent dans l’artillerie — il devient un symbole du lien entre sport et défense. Il participe notamment aux 6e Jeux mondiaux militaires, en octobre 2015, à Mungyeong, en Corée du Sud, où la délégation française compte 163 athlètes.
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Fier de cet épisode, Manaudou a souvent évoqué l’émotion associée au port de l’uniforme : « J’ai toujours été fier de porter l’uniforme. C’est là‑dedans que j’ai eu ma première médaille. C’est beau, ça représente mon appartenance à l’armée. » Son père, Jean‑Luc Manaudou, voyait cette expérience comme la continuité d’une éducation fondée sur la discipline : « Si ça ne tenait qu’à moi, je lui demanderais de faire carrière dans l’armée ! Pas par esprit militariste, mais parce que ça lui correspond : rigueur, discipline, respect. »
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Après presque une décennie de collaboration, il quitte l’« Armée des Champions » en octobre 2018, tout en restant un soutien affiché de la structure. L’armée de Terre a d’ailleurs confirmé sur X (ex‑Twitter) qu’il n’en faisait plus partie depuis cette date, sans pour autant effacer l’importance de ce chapitre dans sa trajectoire sportive.
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Une présence médiatique assumée après la natation
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Depuis la fin de sa carrière en bassin, Florent Manaudou a multiplié les apparitions télévisées et culturelles. De février à avril 2025, il participe à la saison 14 de Danse avec les stars (TF1) aux côtés d’Elsa Bois ; le duo séduit le public et termine finaliste, à la deuxième place. Le champion n’en est pas à son coup d’essai sur le petit écran : dès 2016, il fait une apparition remarquée dans la série Munch (TF1), puis en 2018 dans Section de recherches, où il interprète un jeune espoir de la natation.
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On l’a aussi vu au cinéma, dans Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu (2023). Sur le plan sportif, il a déjà fait l’expérience du commentaire et du plateau : il a été consultant pour France Télévisions en 2017 et 2018, lors des championnats du monde de natation, avant de reprendre la compétition quelques mois plus tard.
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Finances, projets et lignes d’horizon
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Discret sur ses comptes mais franc sur leurs origines, Manaudou a expliqué à SportBuzzBusiness.fr que « 90 ou 95% de mes revenus sont issus de mes sponsors ». Il a aussi précisé qu’un nageur finaliste olympique, même sans médaille mais classé dans le top 8 mondial, perçoit via son club entre 2 000 et 3 000 € par mois. À cela s’ajoutent les primes d’État pour les médailles olympiques : 80 000 € pour l’or, 40 000 € pour l’argent et 20 000 € pour le bronze.
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Malgré le succès, il assure garder les pieds sur terre. « J’ai envie de redonner ce qu’on m’a donné dans le sport. Je crois beaucoup à la transmission et à l’héritage », confiait-il récemment à Télé‑Loisirs. Plusieurs pistes de reconversion sont évoquées : une présence médiatique renforcée, du consulting sportif ou un engagement humanitaire — un domaine qu’il dit vouloir explorer. Manaudou reste prudent : « Je vis au jour le jour. Ce n’est pas simple de poser le mot ‘fin’ après une telle aventure, mais je sais qu’il y aura d’autres émotions à vivre. »
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À 35 ans, l’ancien maître du 50 m nage libre tourne une page majeure du sport français. Entre l’uniforme, la piscine et la scène, son parcours, déjà multifacette, laisse penser que la vie après la compétition pourrait, elle aussi, être longue et animée.


