Dans une interview accordée au Parisien, Michel Fournier, tout nouveau ministre délégué chargé de la Ruralité, a surpris en racontant un épisode brutal de sa jeunesse. « J’ai été clochard pendant trois mois », a-t-il déclaré, évoquant une période de grande précarité à 17 ans, lorsqu’il avait quitté l’école pour tenter sa chance en Allemagne. Ce témoignage tranche avec les postures politiques convenues et rappelle un parcours personnel marqué par des ruptures et des métiers variés.
Un parcours hors des sentiers battus
Issu d’une famille d’agriculteurs des Vosges, Michel Fournier n’appartient pas au cercle traditionnel des élites qui peuplent souvent les ministères. Le ministre délégué n’a pas suivi la voie des grandes écoles : il a enchaîné les emplois manuels et les petits métiers avant de se lancer en politique.
Ouvrier agricole, poseur de volets roulants, agent des douanes, agent commercial et même fleuriste : autant d’expériences professionnelles qui composent son CV et le distinguent des profils habituels de la sphère publique. Ce parcours « de terrain » est, selon lui, un élément central de son identité et de sa compréhension des réalités rurales.
L’aveu sans détour : « J’ai été clochard pendant trois mois »
Dans l’entretien, Michel Fournier revient longuement sur la période la plus sombre de sa jeunesse. À 17 ans, après avoir quitté l’école, il part en Allemagne en quête de travail et se heurte à la dureté de la vie. « J’ai compris ce que c’était d’avoir vraiment faim et froid », confie-t-il. Il ajoute sans détour : « Tu peux être prêt à des actions répréhensibles », citant le vol de nourriture comme l’une des dernières options pour survivre.
Ces phrases, brutes, offrent une rare transparence dans le monde politique où de tels aveux restent l’exception. Le ministre délégué décrit le passage par la rue non comme un point d’orgue de sa trajectoire, mais comme une expérience qui l’a durcie et qui explique, selon lui, son engagement ultérieur pour les territoires fragilisés.
Une entrée tardive mais affirmée en politique
Ce n’est qu’à 33 ans que Michel Fournier s’engage officiellement en politique. Il débute comme conseiller municipal d’opposition dans son village des Voivres, dans les Vosges. De cette implication locale il tire une progression qui le conduit à devenir maire, puis à prendre la présidence de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) en 2020.
Sa montée est décrite comme lente mais cohérente, façonnée par le travail de terrain et par la connaissance directe des difficultés rurales. En s’appuyant sur ses expériences professionnelles et personnelles, il a su construire une légitimité auprès d’élus locaux et d’acteurs ruraux.
Un témoignage qui questionne le récit politique
L’aveu de Michel Fournier relance le débat sur la diversité des parcours en politique et sur la place des vécus populaires dans la gouvernance. Dans un gouvernement souvent perçu comme composé de profils similaires, son histoire personnelle offre une image alternative, qui peut parler à des électeurs éloignés des cénacles parisiens.
Reste que cet épisode, rapporté au Parisien, est présenté par l’intéressé comme une parenthèse formatrice. Le ministre n’en fait pas un élément de revendication mais l’évoque comme un fait, sans chercher à l’instrumentaliser politiquement.
En l’absence d’autres éléments publics qui viendraient préciser cette période, le récit repose sur les propos recueillis par le quotidien. Ils donnent néanmoins une dimension humaine et singulière au nouveau titulaire du portefeuille de la Ruralité, et éclairent, pour certains observateurs, ses priorités politiques à venir.
