Ce dimanche 9 novembre 2025, le chanteur Garou est l’invité de Frédéric Lopez dans Un dimanche à la campagne, sur France 2. Aux côtés de l’actrice Sylvie Testud et de l’ancien ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, l’interprète de Seul reviendra sur un parcours marqué par des succès populaires et une polémique majeure autour d’un titre de son répertoire.
La chanson de la discorde
Révélé en 1998 dans la comédie musicale Notre-Dame de Paris, où il incarnait Quasimodo face à l’Esméralda d’Hélène Ségara, Garou a conquis le public français grâce au tube « Belle », signé Richard Cocciante et Luc Plamondon. Mais la carrière en solo de l’artiste québécois, lancée en 2000 avec l’album Seul, a aussi été secouée par une chanson controversée : « Criminel », écrite par Luc Plamondon.
Le texte, tel que publié à l’époque, évoque la relation d’un homme adulte avec une jeune fille de 14 ans et contient des passages qui ont été interprétés comme problématiques. Le disque comporte notamment ces vers : « On dirait qu’elle sort des jupes de sa maman, On croirait qu’elle n’a jamais eu d’amant. Mais méfiez-vous de la femme enfant, Méfiez-vous de ses quatorze ans ».
La chanson met aussi en scène un narrateur qui se place en position de victime : « À cause d’elle […] ils vont m’emmener et ils vont m’enfermer, ils vont me jeter au trou » et lance par ailleurs : « Si tu me touches, si sur moi tu te couches ». Ces formulations ont provoqué une très vive réaction dès la sortie du disque.
Réactions en chaîne
Plusieurs associations de protection de l’enfance ont dénoncé le texte comme dangereux. La Neuchâteloise Caroline Jeckelmann-Bünzli, choquée après avoir entendu le disque, a pris la parole dans Le Temps : « Criminel banalise la pédophilie », a-t-elle déclaré. Elle a expliqué avoir décidé d’alerter plusieurs organisations en Suisse, en France et en Belgique après avoir constaté que, selon elle, personne n’avait réagi lors de la production du titre.
Parmi les structures contactées figuraient le CIDE (Comité international pour la dignité de l’enfant) et l’association La Mouette. Le fondateur du CIDE, Georges Glatz, s’est dit « révolté » et a affirmé : « En deux mots, je trouve cela assez dégueulasse. Cette chanson peut raviver les blessures des victimes et dédouaner ceux qui éprouvent des pulsions pédophiles ».
Annie Gourgue, présidente de La Mouette, a ajouté : « Des paroles comme celles de Criminel accréditent l’idée qu’un adulte peut coucher avec une adolescente. Elles s’insinuent dans les mémoires comme des messages subliminaux ». Face à la polémique, la radio suisse RSR-La Première a décidé de ne pas diffuser le titre. Anne-Marie Urech, responsable des programmes, a tranché : « Je ne passe pas ce genre de chanson à l’antenne. Les auditeurs réagiraient vivement, comme pour d’autres titres plus anodins ».
Alors que certains commentateurs ont rappelé que la provocation existe depuis longtemps dans la chanson française, la montée en sensibilité autour des violences sexuelles au tournant des années 2000 a intensifié la réaction. Luc Plamondon n’a, selon les comptes rendus de l’époque, jamais commenté publiquement l’affaire. Garou, lui, est resté discret et s’est recentré sur le succès commercial de Seul, un album vendu à plus de deux millions d’exemplaires.
Une carrière apaisée et des projets
Vingt-cinq ans après la polémique, Garou poursuit une carrière riche et plurielle. Depuis Seul, il a publié neuf albums studio de Reviens (2003) à Garou joue Dassin (2022). En avril 2025, il a présenté Un meilleur lendemain, qu’il décrit comme « un redémarrage et en même temps un bilan ».
Interrogé par Franceinfo, il confiait : « Je me suis livré comme jamais. Cet album, c’est un arrêt sur image d’un mec de 52 ans qui regarde tout son passé, qui en est fier et qui regarde l’avenir avec positivisme ». Artiste populaire, il a été coach de The Voice en France et au Québec. Cet hiver, il doit prendre la direction de la Star Académie québécoise.
Hors caméra, Garou mène une vie davantage tournée vers la nature. Installé dans la forêt québécoise sur une vaste propriété, il a lancé pendant la pandémie une entreprise de récupération de bois anciens et s’est essayé à la production de sirop d’érable. Il confiait en souriant : « Ma chérie n’en peut plus parce que dès 6 heures du matin, je veux aller dans la forêt. Je passe mes journées à couper du bois ou à travailler sur ma cabane à sucre ».
Sur place, il a transformé une vieille grange en studio d’enregistrement, un refuge où il compose et reçoit ses amis musiciens. C’est notamment là qu’il a enregistré plusieurs titres de son dernier album, tout en préparant une tournée 2026 qui comprendra une série de concerts au théâtre Bobino à Paris.


