Depuis son incarcération à la prison de la Santé le 21 octobre dernier, Nicolas Sarkozy se trouve au centre d’un phénomène rare et contraignant pour l’administration pénitentiaire. Condamné dans le dossier libyen, l’ancien président reçoit depuis plusieurs semaines un afflux massif de messages, de mandats et de petits présents qui perturbent l’organisation du service du courrier.
Des milliers de lettres, un flot venu de loin
« Tenez bon, je prie pour vous », « Restez debout, vous n’êtes pas seul », « Soutien et respect éternel » : ces formules, retrouvées dans de nombreuses enveloppes, résument le ton des missives adressées à l’ex-chef de l’État. Selon Europe 1, confirmé par RTL, l’établissement reçoit plusieurs cartons de lettres chaque semaine, au point que des agents ont dû réorganiser les tournées de distribution du courrier.
« En trente ans de service, je n’ai jamais vu ça », confie une source pénitentiaire à propos de cet afflux inédit. « Nous recevons des sacs postaux entiers au nom de M. Sarkozy. Certains jours, il y en a plus pour lui que pour tous les autres détenus réunis. »
Le flot de courrier ne se limite pas aux frontières françaises. Parmi les envois remarqués figure une lettre d’une certaine Maria expédiée depuis la Bulgarie, publiée sur le compte Instagram de Nicolas Sarkozy : « I will pray for you, we should all pray for you. You will always have a place in the hearts of Bulgarians. » Ce message, en anglais, illustre la résonance internationale de son incarcération.
Mandats et cantine : gestes de soutien et difficulté logistique
En parallèle des lettres, l’administration constate l’arrivée de mandats d’argent destinés à permettre à Nicolas Sarkozy de « cantiner », c’est‑à‑dire d’acheter des produits de première nécessité à l’intérieur de l’établissement. Ces sommes sont le plus souvent modestes, comprises entre 10 et 20 euros, et accompagnées de mots d’encouragement : « Pour que vous puissiez vous offrir un bon café », « Avec toute mon admiration », « Tenez bon président ! ».
Ces gestes, bien que symboliques pour leurs auteurs, posent des problèmes pratiques et déontologiques. « Le personnel ne sait plus comment gérer l’afflux de mandats », explique un agent de la Santé. « D’un côté, ce sont des marques de soutien citoyen ; de l’autre, nous devons respecter les règles de neutralité et de confidentialité propres à toute incarcération. »
Face à cette situation, l’administration pénitentiaire a pris la décision de bloquer certains versements, le temps d’évaluer la procédure à suivre et de garantir le respect du cadre légal. Le code pénitentiaire encadre strictement les dons et transferts destinés aux détenus, ce qui oblige la direction de l’établissement à trancher entre démarches administratives et gestion humaine du flux de solidarité.
Un impact concret sur le fonctionnement de la prison
Outre les questions matérielles liées aux mandats, l’ampleur des envois a un effet direct sur le travail des agents : tri, sécurisation et distribution réclament des ressources supplémentaires. Certains personnels ont été contraints de modifier l’organisation des tournées pour assurer une distribution équitable et conforme aux règles.
Le phénomène soulève aussi des interrogations sur la confidentialité et l’égalité de traitement entre détenus. La quantité de courrier et d’envois spécifiques dédiés à une seule personne crée une situation logistique exceptionnelle, que l’administration doit désormais gérer sans déroger aux obligations légales.
Pour l’instant, la tendance observée depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la Santé reste à la fois une expression de soutien populaire et un casse‑tête administratif. Les autorités pénitentiaires ont entamé des mesures temporaires, notamment le blocage partiel de certains versements, en attendant des décisions plus durables sur la façon d’encadrer ces envois massifs.
