Ce vendredi, sur la scène des NRJ Music Awards, « Mauvais garçon » a été sacrée chanson francophone de l’année. Plus qu’un simple tube, le titre d’Héléna est présenté comme un véritable phénomène : neuf millions de vues sur YouTube et plus de cinquante millions d’écoutes sur Spotify sont avancés, et le morceau a rapidement trouvé une forte exposition radiophonique entre fin février et mars 2025. Sa portée a dépassé le cadre musical, au point que le ministère de l’Intérieur s’est emparé du titre pour porter un message de prévention contre les violences faites aux femmes.
Un tweet institutionnel pour relayer la chanson
Le ministère de l’Intérieur a publié, à l’occasion de la cérémonie, un tweet destiné à souligner l’utilité sociale du single. Le message rend hommage à Héléna et considère que sa chanson « sensibilise aux violences psychologiques ». Le ministère affirme par ailleurs rester « engagé contre toutes les violences : psychologiques, physiques et sexuelles » et la publication invite les victimes à « briser le silence » en composant le 17 ou le 3919.
Le tweet repris par plusieurs comptes officiels contient ce texte :
« Ce soir à #Cannes , #HelenaBailly interprète #MauvaisGarçon aux #NMA2025 , une occasion de sensibiliser aux violences psychologiques. Le ministère reste engagé contre toutes les violences : psychologiques, physiques et sexuelles…🚩 Brisons le silence : ☎️ 17 ☎️ 3919 pic.twitter.com/YBfjIfQ4hp »
La publication est aussi illustrée de trois visuels. Chacun reprend un fragment de paroles perçu comme porteur d’un message féministe, une démarche qui a pour effet d’associer explicitement le succès populaire du morceau à un combat sociétal.
Des paroles mises en avant — Héléna, Marine, Angèle
Sur les images partagées avec le tweet figurent notamment des extraits de « Mauvais garçon » : « Plus jamais mauvais garçon ne m’éteindra ». Le ministère a jumelé ce vers avec d’autres références contemporaines. Sont ainsi concernés « Plus jamais faute », tiré du titre « Ma faute » de Marine, et « Balance ton quoi », extrait de la chanson éponyme d’Angèle. Ces rapprochements posent la chanson d’Héléna dans un courant plus large de titres francophones qui abordent la question des rapports toxiques et des violences.
Pour mémoire, le single « Mauvais garçon » a été publié le 20 novembre 2024. Le morceau dénonce des relations amoureuses toxiques et, selon les éléments disponibles, s’inspire de la relation qu’Héléna a eue avec son ex. Ce dernier aurait d’ailleurs été aperçu durant les premières semaines de la saison 11 de la Star Academy, et la chanteuse le contactait régulièrement par téléphone, éléments rapportés dans le corpus médiatique entourant la sortie du titre.
Le succès radiophonique a été rapide : « Mauvais garçon » est décrit comme le titre le plus diffusé à la radio entre fin février et mars 2025, ce qui a largement contribué à son exposition et à son appropriation par le débat public.
Un écho aux autres artistes issues de la télé-réalité
L’article rappelle que Marine, elle aussi révélée par la Star Academy, a suivi une trajectoire comparable. Après sa victoire, elle a publié « Ma faute », chanson présentée comme une ode féministe qui pointe un ex toxique. Par la suite, Marine a affirmé sur plusieurs plateaux télé qu’un ancien compagnon l’avait recontactée pour réclamer 10 % des recettes du titre, arguant que la chanson n’aurait « jamais existé sans lui ». Ces propos, rapportés par les médias, illustrent le mélange parfois conflictuel entre vie privée et exploitation commerciale après la visibilité donnée par les émissions.
La présence d’Angèle dans le visuel ministériel rappelle enfin qu’un fil artistique existe entre différents artistes francophones qui abordent la question du sexisme et des violences, que ce soit par des paroles explicites ou par des refrains devenus slogans.
Impact culturel et rôle des institutions
En s’appuyant sur un tube populaire pour relayer un message institutionnel, le ministère de l’Intérieur mise sur la viralité culturelle pour toucher un large public. La posture reste, selon le message lui-même, celle d’un rappel aux ressources d’aide : les numéros 17 et 3919 sont explicitement cités. Le choix d’associer une oeuvre pop à une campagne de sensibilisation illustre la porosité croissante entre culture médiatique et initiatives de prévention.
Toutefois, l’utilisation des paroles et la mise en parallèle d’artistes renvoient aussi à des débats sur la légitimité de l’appropriation institutionnelle de créations populaires. Sur ce point, les éléments présentés sont ceux publiés par le ministère et les déclarations des artistes ou des médias ; toute interprétation plus poussée nécessiterait des confirmations complémentaires.


