Exilé à Abu Dhabi depuis plusieurs années, l’ancien roi d’Espagne Juan Carlos revient sous les projecteurs. Après quatre décennies sur le trône et une retraite marquée par plusieurs scandales, le père de Felipe VI promet de raconter sa version des faits dans ses mémoires Réconciliation (éditions Stock), attendues le 5 novembre.
Un retour médiatique très attendu
À 87 ans, Juan Carlos sort du silence en pleine tempête médiatique autour de la monarchie espagnole. Sa longue absence hors du pays et les enquêtes fiscales et judiciaires qui ont entaché sa réputation ont fait de son retour littéraire un événement suivi de près par la presse nationale et internationale.
Le livre est présenté comme un exercice de « réconciliation » : le monarque y entendrait revenir sur les épisodes controversés de sa vie publique et privée. Parmi les passages les plus scrutés figurent ses propos sur la princesse Diana, dont les rumeurs d’une proximité avec Juan Carlos circulent depuis des décennies.
Les révélations sur Lady Diana
Selon des extraits rapportés par The Telegraph, Juan Carlos décrit sa relation avec la princesse de Galles comme froide et distante. Contrairement au prince Charles, qu’il qualifierait d’« homme vif et plein d’humour », Diana lui apparaîtrait « froide, taciturne, distante, sauf en présence des paparazzis. » Ces lignes jettent une lumière nouvelle sur les clichés souvent diffusés lors de rencontres officielles et de séjours d’été à Majorque entre 1986 et 1990, où la famille royale espagnole et le couple princier britannique se montraient en apparence complices.
Le contraste entre l’image publique et le récit privé que livre l’ancien roi alimente les interrogations. Les photographies d’époque, qui montrent des échanges souriants et détendus entre les deux familles, ont contribué à forger une image d’amitié. Or, Juan Carlos assure que cette apparence conviviale ne reflétait pas toujours la réalité des relations personnelles.
Ce que disent d’autres témoignages
Les mémoires de l’ancien roi réfutent aussi indirectement certaines affirmations parues au fil des années. Lady Colin Campbell, dans sa biographie The Real Diana (années 1990), avait avancé que la princesse aurait cherché à se rapprocher du roi d’Espagne pour provoquer la jalousie du prince Charles, alors épris de Camilla Parker Bowles. Juan Carlos semble apporter une autre lecture des faits dans son texte.
La princesse de Galles, de son côté, n’avait jamais caché un malaise face à certaines attentions. Dans l’ouvrage qu’elle aurait coécrit avec Andrew Morton, Diana confiait s’être sentie « mal à l’aise d’être laissée seule avec lui dans une pièce », tout en précisant qu’il ne s’était « rien passé ». Ces propos, souvent cités, avaient été interprétés comme une mise à distance plutôt qu’une accusation formelle.
Un contexte sensible pour la monarchie
La publication de ces mémoires intervient à un moment délicat pour la couronne espagnole. Les révélations et les scandales financiers ayant touché la famille royale ont fragilisé l’image institutionnelle, et chaque nouveau détail suscite un regain d’attention médiatique et politique.
Juan Carlos avait abdiqué en 2014 en faveur de son fils Felipe VI, mettant un terme à un règne de près de quarante ans. Son départ du pays quelques années plus tard et son installation à Abu Dhabi avaient été interprétés comme une tentative de mettre la controverse à distance. Ce retour narratif marque une volonté de reprendre la parole et de façonner son héritage personnel.
Les passages consacrés à Diana seront particulièrement commentés, tant ils mêlent mémoire intime et événements historiques très médiatisés. Les lecteurs et observateurs attendent de voir si le reste du livre apportera de nouveaux éléments vérifiables ou s’il confirmera surtout une version personnelle des faits.
En l’absence d’autres extraits officiels pour l’instant, il faudra attendre la sortie de Réconciliation le 5 novembre pour apprécier l’ensemble du récit et le poids de ces confidences dans l’image post-règne de Juan Carlos.
