Ce mercredi 29 octobre, Jordan Bardella, président du Rassemblement National, était l’invité de l’émission Les Grandes Gueules sur RMC. L’entretien, très attendu, a dégénéré en séquences tendues lorsque le responsable politique a détaillé ses ambitions pour les semaines et années à venir. Entre annonces tonitruantes et instants de confusion, Bardella a donné le spectacle d’un dirigeant déterminé, parfois à la limite de l’agacement.
Une déclaration limpide : « je me prépare à devenir Premier ministre »
Au cœur de l’émission, Jordan Bardella n’a pas dissimulé ses objectifs. « Je me prépare à devenir, peut‑être dans les prochaines semaines, Premier ministre de mon pays », a‑t‑il lancé, implacable. Il a avancé comme argument la configuration parlementaire actuelle : selon lui, le Rassemblement National dispose désormais du plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale et pourrait, en cas de chute du gouvernement, être légitime à prétendre à Matignon.
Il a ciblé la stabilité des alliances contraires comme facteur déterminant : « le gouvernement actuel, dirigé par Sébastien Lecornu, pourrait bientôt tomber », a‑t‑il estimé, en insinuant que des accords fragiles — notamment avec le Parti socialiste — ne tiendraient pas. Bardella a insisté sur la capacité du RN à saisir toute opportunité électorale, qu’il s’agisse des législatives, des municipales ou de la présidentielle de 2027.
Le président du parti a ponctué ses déclarations d’un message à la fois défiant et incitatif : « Essayez‑nous et vous nous jugerez une fois que vous nous aurez essayé », a‑t‑il déclaré. Cette phrase résume sa stratégie : afficher la volonté d’expérimenter l’exercice du pouvoir et renvoyer la responsabilité des jugements aux électeurs.
Ambitions présidentielles et moment de flottement
L’interview a basculé lorsque la discussion a glissé vers la question de la présidence. Pressé de préciser si son objectif était Matignon ou l’Élysée, Bardella a été confronté à une question directe d’Alain Marschall : « Mais vous vous présentez comme Premier ministre ou président ? »
C’est alors que l’échange a donné lieu à un passage inattendu, relayé en direct : agacé par des questions qu’il a jugées répétitives, Bardella a répondu sur un ton quasi ironique : « Arrêtez la popol. Je vais me prendre un café et je reviens dans 5 minutes. » Cette réplique, accompagnée d’un geste menaçant de quitter le plateau, a interrompu l’émission et offert un instant de télévision très commenté.
La séquence a été partagée sur les réseaux, avec notamment le message reproduit en direct : 🗣️ @J_Bardella refuse de répondre à @AlainMarschall : « Mais vous vous présentez comme Premier ministre ou président ? » 🗣️ @J_Bardella : « Arrêtez la popol. Je vais me prendre un café et je reviens dans 5 minutes. » #GGRMC pic.twitter.com/TbTmnXdWbK
Un mélange d’assurance et d’impatience
Tout au long de l’entretien, Bardella a alterné posture assurée et signes d’impatience. Son plan de communication apparaît clair : afficher une ambition maximale tout en maintenant la pression sur le jeu politique actuel. En annonçant se préparer pour Matignon et en évoquant la présidentielle de 2027, il cherche à occuper l’espace médiatique et à définir le calendrier politique selon sa perspective.
Reste que certaines réponses ont laissé planer des zones de flou. La simultanéité des ambitions — prétendre à la fois à la tête du gouvernement et à la présidence — a provoqué la confusion chez les interlocuteurs et chez une partie du public. La mise en scène du café, fondée sur un moment d’énervement, a cristallisé cette impression : détermination ferme d’un côté, hésitation communicative de l’autre.
Conséquences politiques et médiatiques
Dans l’immédiat, cette prestation renforce l’image d’un leader combatif, prêt à capitaliser sur toute faiblesse du gouvernement en place. Elle illustre aussi les risques du format télévisé : face à des questions de clarification, un rendez‑vous médiatique peut tourner au numéro quand la tension monte.
Sur le plan politique, Bardella renvoie un message clair à son électorat : le RN n’entend pas laisser passer d’occasions et vise des postes exécutifs. Sur le plan médiatique, la séquence du café restera un moment marquant de l’émission, illustrant la porosité entre stratégie politique et réactions humaines.
La suite dépendra des évolutions parlementaires et des choix du président de la République. En attendant, l’intervention du 29 octobre sur RMC laisse voir un Jordan Bardella aussi volontaire que prompt à la provocation, prêt à transformer les possibilités en promesses exprimées haut et fort.
