Claude Fuilla a passé quarante ans au cœur des urgences. Médecin urgentiste des pompiers de Paris, il a répondu aux crises les plus marquantes, de Neuilly à Haïti, en passant par la gare de Lyon et le tunnel de l’Alma. Invité sur RTL par Faustine Bollaert, il est revenu sur la nuit du 31 août 1997, celle de l’accident qui a coûté la vie à la princesse Diana et qui a suspendu Paris au silence.
Premiers pas dans un tunnel «extrêmement accidentogène»
Selon son récit, l’état-major l’avait prévenu d’un «grave accident au pont de l’Alma», impliquant possiblement une personnalité importante. Sur place, la réalité était ailleurs : le drame s’était produit dans le tunnel adjacent, décrit par le médecin comme «extrêmement accidentogène».
Trois équipes de réanimation — deux du Samu, une des sapeurs-pompiers — furent dépêchées. À l’arrivée, la scène se présentait comme un chaos : la voiture, roulant «à environ 110 km/h sur une voie limitée à 50 km/h», était «complètement explosée sur un pilier», raconte Claude Fuilla.
Dans la carcasse, le chauffeur était «irréanimable, complètement incarcéré». Un passager avait le visage «fracassé» et une partie du moteur «sur les genoux». Lady Diana, placée sur la banquette arrière, apparaissait elle «confuse, mais consciente». Le médecin précise l’évaluation réalisée selon l’échelle de Glasgow : «Elle était entre 13 et 14», sur une échelle allant de 3 (coma profond) à 15 (parfaite conscience).
La pression d’une intervention internationale
La présence d’une personnalité de renommée internationale a modifié la gestion de l’intervention. Claude Fuilla explique avoir fait appel à des médecins expérimentés, conformément au protocole appliqué lorsqu’une figure publique est impliquée. La contrainte majeure restait toutefois technique : la voiture, «complètement écrasée», empêchait toute extraction rapide.
Les secouristes ont dû travailler pendant plusieurs heures pour libérer la princesse de l’épave. Pendant ces efforts, le médecin relatait qu’il transmettait en continu les informations au préfet et aux autorités britanniques, conscient d’assister à un événement susceptible de marquer l’histoire.
Après l’extraction, Lady Diana a été conduite à l’hôpital. Malgré les tentatives de réanimation, elle est décédée «à 4h25 des suites de ses blessures», indique le témoignage rapporté par Claude Fuilla.
Un souvenir pesant et des images gravées
Pour le médecin urgentiste, cette nuit reste un moment singulier, où l’intensité du travail médical s’est mêlée au poids médiatique et émotionnel. Interrogé des années plus tard sur RTL, il a livré un récit à la fois technique et humain, décrivant l’organisation des secours, les procédures médicales et la difficulté d’opérer sous un tel faisceau d’attention.
Ses mots rappellent la complexité des interventions d’urgence quand elles concernent des événements d’ampleur internationale : coordination des équipes, communication avec les autorités, contraintes d’extraction, et pression médiatique. Claude Fuilla demeure, à travers ce récit, la voix de ceux qui, derrière les sirènes, tentent de contenir l’urgence et d’apporter des soins dans des conditions extrêmes.


