Plus de quarante ans après la séparation de The Police, une vieille querelle autour des droits d’auteur refait surface et met une nouvelle fois Sting au centre des débats. À 73 ans, le chanteur britannique s’est exprimé dans un entretien à Paris Match, affichant une lassitude évidente face aux revendications tardives de ses anciens partenaires Stewart Copeland et Andy Summers au sujet du tube planétaire « Every Breath You Take ».
Un désaccord centré sur les royalties d’un tube de 1983
Le cœur du litige porte sur la répartition des royalties générées par « Every Breath You Take », sorti en 1983 et crédité uniquement à Sting en tant qu’auteur-compositeur. Stewart Copeland et Andy Summers estiment aujourd’hui que leurs contributions créatives, notamment le motif de guitare d’Andy Summers, n’ont pas été reconnues à leur juste valeur. Ils réclament, selon les informations disponibles, plusieurs millions de dollars en compensation et ont engagé des démarches judiciaires après des tentatives de conciliation jugées infructueuses.
Sting, qui continue d’interpréter régulièrement le morceau lors de ses concerts, a clairement signifié qu’il ne comptait pas « réécrire l’histoire ». Selon lui, les droits perçus depuis des décennies reflètent une reconnaissance officielle déjà établie. L’artiste a par ailleurs qualifié les démarches actuelles de ses anciens compagnons d’« acharnement », exprimant peu de compréhension pour des revendications qu’il juge arrivées trop tard.
Entre mémoire collective et intérêts personnels
Cette affaire met en lumière la tension fréquente entre l’héritage artistique d’un groupe et les questions financières qui surgissent après la gloire. Pour Copeland et Summers, il s’agit d’obtenir une part qu’ils estiment équitable des revenus générés par un titre qui a traversé les générations. Pour Sting, il s’agit de préserver la reconnaissance officielle de sa paternité artistique sur ce morceau.
Les tentatives de règlement à l’amiable ont été évoquées : les avocats des parties discutent d’une issue négociée, sans confirmation publique d’un accord. Dans son entretien, Sting se montre ferme mais insiste aussi sur l’absence, selon lui, d’animosité personnelle. Il affirme respecter le talent de ses anciens partenaires tout en défendant sa position d’auteur légitime.
Conséquences pour l’image du groupe
Pour de nombreux fans, ce nouveau bras de fer ternit l’aura de The Police, groupe devenu emblématique des années 1980. La question de savoir si une reformation est envisageable semble tranchée : Sting a confirmé que remettre le groupe sur pied ne faisait pas partie de ses projets, préférant se concentrer sur sa carrière solo et ses tournées.
L’affaire souligne également la difficulté de concilier mémoire collective et droit d’auteur. Un riff, un arrangement ou une phrase musicale peuvent prendre, avec le temps, une valeur financière considérable. Quand la paternité officielle d’une œuvre ne reflète pas, aux yeux de certains, les contributions créatives de chacun, les désaccords peuvent émerger des décennies après la création.
Un débat qui interroge le monde de la musique
Au-delà du cas particulier de The Police, ce contentieux relance des questions plus générales : à quel moment une contribution musicale mérite-t-elle un crédit d’auteur ? Quelles preuves sont nécessaires pour modifier rétroactivement une attribution ? La loi sur les droits d’auteur et les pratiques de l’industrie jouent un rôle déterminant, mais chaque dossier reste fortement dépendant des éléments factuels et des accords initiaux entre musiciens.
Pour l’heure, les contours précis des demandes financières et les arguments juridiques avancés par les deux parties n’ont pas été entièrement rendus publics. Les discussions entre avocats pourraient aboutir à un accord confidentiel, comme c’est parfois le cas dans ce type de litige. Dans son entretien, Sting a toutefois acté que, de son point de vue, le débat était clos.
Cette affaire rappelle que même les tubes qui semblent immuables peuvent raviver, des décennies plus tard, des tensions entre artistes. La musique, tout comme ses dividendes, continue d’être à la fois source d’union et de dissension.


