Aux commandes du JT de 20 Heures de France 2 depuis quelques semaines, Léa Salamé attire déjà l’attention. Son ton incisif, son regard direct et son style affirmé ont marqué sa prise de fonction. Mais alors que les observateurs scrutent chaque détail de son exercice, une question revient : combien de temps occupera-t-elle ce poste si la vie politique de son compagnon évolue ?
Un scénario anticipé par la rédaction
La perspective de la présidentielle 2027 jette une ombre sur la trajectoire médiatique de la journaliste. En couple depuis plusieurs années avec Raphaël Glucksmann, eurodéputé et président du mouvement Place Publique, Léa Salamé doit composer avec les règles de neutralité qui s’imposent aux journalistes d’information généraliste.
Interrogé ce mercredi 22 octobre par Puremédias, Jean-Baptiste Marteau, présenté comme le nouveau joker de Léa Salamé au 20 Heures, a tenu à écarter tout flottement organisationnel. « Tout est déjà prévu », a-t-il déclaré. « J’espère d’abord que, s’il se déclare (à l’élection présidentielle, NDLR), il le fera sur le plateau du 20 Heures de France 2. Pour le reste, nous ne sommes pas du tout dans cette hypothèse-là, qui relève pour l’instant du commentaire médiatique. Léa l’a déjà dit plusieurs fois : si cette éventualité se présentait, elle prendrait ses responsabilités. Nous saurons faire face et tout est déjà prévu. Il n’y aura pas de surprise. »
Ces propos confirment qu’au sein de France 2 des scénarios ont été envisagés et organisés. La formulation vise à calmer les spéculations sur un départ précipité ou un malaise interne, en signalant que la chaîne a prévu des solutions de remplacement et des procédures en cas de conflit d’intérêts apparent.
Une arrivée sous haute surveillance
La nomination de Léa Salamé à la tête du JT ne s’est pas faite sans réactions. Sa manière d’interviewer certaines personnalités a suscité des débats. L’entretien jugé maladroit avec Marion Cotillard, ponctué de silences et de relances insistantes, a alimenté les retours critiques. Par ailleurs, une controverse liée à une interprétation lors du traitement de l’affaire Samuel Paty a ravivé les interrogations sur sa prise de fonction.
Malgré ces remous, la principale intéressée conserve une posture assumée. Un proche du service politique de France Télévisions confie : « Elle assume, comme toujours. Léa sait qu’elle est observée, scrutée, parfois attaquée. Mais c’est aussi ça, être à la tête du 20 Heures. Elle encaisse, elle avance. »
La combinaison d’un rôle visible et d’un lien personnel avec un acteur politique crée une tension particulière autour de l’exercice du métier. Les journalistes qui couvrent l’actualité politique sont soumis à des exigences éthiques strictes; tout soupçon de proximité peut conduire à des ajustements de carrière temporaires ou durables.
Un précédent qui pèse
La décision éventuelle de se mettre en retrait ne serait pas une première pour Léa Salamé. En 2019, lorsque Raphaël Glucksmann conduisait la liste Place Publique / PS aux élections européennes, la journaliste avait choisi de quitter temporairement France Inter et France 2 afin d’éviter tout soupçon de conflit d’intérêts. Elle avait justifié ce choix publiquement : « Cette décision me coûte, mais je l’assume. Certains la jugeront critiquable, voire rétrograde. J’ai toujours placé ma neutralité et mon éthique au-dessus de tout. »
Ce précédent montre qu’elle a déjà pris des décisions fortes lorsque la situation personnelle risquait d’empiéter sur sa fonction journalistique. À l’époque, sa posture avait reçu des appréciations positives, y compris de la part de confrères critiques.
Pour l’heure, aucune annonce officielle n’a été faite concernant une éventuelle candidature de Raphaël Glucksmann à la présidentielle, et la chaîne affirme être prête à gérer la situation si elle devait se présenter. Entre prudence éthique et visibilité publique, Léa Salamé reste au centre d’une attention médiatique soutenue, tandis que France 2 affirme sa volonté d’anticiper et de garantir la continuité de son JT.


