Il n’y a que 1 800 kilomètres qui séparent Londres et le Vatican. En avion, le trajet entre le Royaume-Uni et la ville sainte ne dure qu’environ 2 heures 30. Malgré cette proximité géographique, il a fallu attendre le mercredi 22 octobre pour voir Charles III et la reine Camilla s’envoler pour Rome afin de célébrer le Jubilé avec le pape Léon XIV, élu le 8 mai dernier.
Un déplacement court mais lourd de symboles
Ce voyage de deux jours est qualifié d’historique à plusieurs titres. Le roi Charles, âgé de 76 ans, n’avait pas encore rencontré le souverain pontife depuis son élection ; il avait d’ailleurs envoyé son frère, le duc d’Édimbourg, lors de la messe d’investiture du pape. Le programme officiel du couple royal comprend la visite d’édifices religieux — notamment la chapelle Pauline — une réunion consacrée au développement durable et plusieurs rencontres protocolaires avec le Saint-Père.
Le point d’orgue du séjour aura lieu le 23 octobre à 12 heures, au cœur de la chapelle Sixtine. Charles III et Léon XIV participeront à un office commun d’environ 45 minutes, centré sur la « préservation de la Création ». Ce rituel œcuménique est présenté comme un moment fort, mêlant dimension spirituelle et message sur les enjeux environnementaux.
Un geste sans précédent depuis 1534
Ce rendez-vous revêt une portée historique particulière. Selon les informations disponibles, aucun monarque anglais, qui est aussi chef de l’Église anglicane, n’a prié publiquement avec un pape depuis le schisme de l’Église d’Angleterre en 1534. La rencontre entre Charles III et Léon XIV rompt donc, symboliquement, plusieurs siècles de distance officielle entre la monarchie britannique et le Saint-Siège.
Au-delà de la symbolique religieuse, cet office commun est conçu comme un geste diplomatique et spirituel, visant à souligner la nécessité d’une action conjointe pour la sauvegarde de la planète. Le thème choisi — « la préservation de la Création » — confirme la volonté des deux parties de lier questions de foi et préoccupations écologiques.
Des fonctions royales temporairement déléguées
Pendant ce déplacement, Charles III a été accueilli par le pape en tant que « gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre », et non en tant que souverain du Royaume‑Uni, selon les éléments rapportés. En conséquence, ses responsabilités officielles au Royaume‑Uni ont été confiées à plusieurs Conseillers d’État pour la durée de son absence.
La liste mentionnée comprend la reine Camilla, le prince de Galles (William), la princesse royale (Anne), le duc d’Édimbourg (Edward), le duc de Sussex (Harry), le prince Andrew et la princesse Béatrice. Toutefois, Buckingham Palace a précisé que « seuls les membres actifs de la famille royale sont appelés à agir ». Concrètement, cela signifie que, pendant le séjour du roi au Vatican, seules la reine Camilla, le prince William, la princesse Anne et le prince Edward seront en mesure d’assumer ces fonctions.
Cette délégation temporaire illustre la manière dont la monarchie britannique gère l’absence du souverain pour des visites internationales, en s’appuyant sur des règles constitutionnelles et sur la pratique des Conseillers d’État.
Sur le plan humain, la visite de Charles III au Vatican suscite une attention particulière, tant pour sa portée symbolique que pour la rareté d’un tel geste après près de cinq siècles. Pour les observateurs, l’office prévu dans la chapelle Sixtine constituera un moment chargé d’émotion et de signification, mêlant tradition religieuse et message politique autour des défis environnementaux contemporains.


