Arthur, animateur et auteur, publie J’ai perdu un Bédouin dans Paris, récit des mois qui ont suivi le 7 octobre 2023. Dans un entretien accordé au quotidien Le Parisien, il explique que cet ouvrage est né d’un sentiment d’urgence : selon lui, l’antisémitisme en France augmente depuis plusieurs années et s’est accentué après l’attentat du 7 octobre, qui a fait plusieurs morts en Israël.
Un livre né d’un sentiment d’insécurité
« Mon livre raconte la solitude des juifs de France après le 7 Octobre. Le sujet de l’antisémitisme transpire puisque c’est devenu un vrai problème de société en France », confie Arthur au journal. Il décrit un changement de regard : là où il était auparavant perçu d’abord comme « un Français », il dit aujourd’hui être vu « par le prisme de [sa] judaïté ».
L’animateur évoque des insultes massives reçues « sur les réseaux sociaux et dans les groupes Telegram », au point d’avoir dû « renforcer [sa] sécurité ». Il qualifie la haine ambiante d’« antisémitisme d’atmosphère » et relate une atmosphère de méfiance et d’isolement qui touche nombre de familles et de jeunes juifs en France.
Souvenirs d’une jeunesse partagée
Arthur compare la situation actuelle à son enfance. Il raconte que dans le HLM où il a grandi, « il y avait des juifs, des catholiques, des musulmans », que les cuisines du monde se mêlaient dans le même immeuble. « Jeune, je n’ai jamais été confronté à l’antisémitisme », affirme-t-il, soulignant le contraste entre ce vivre-ensemble et la peur ressentie aujourd’hui par certains.
Pour étayer son constat, il cite un sondage Ifop pour le Crif : 31 % des 18‑24 ans estiment qu’il est légitime de s’en prendre à des Juifs en raison de leur soutien à Israël. « Vous imaginez ? On a un vrai problème d’éducation », lâche-t-il. Arthur décrit ensuite des comportements de protection chez une partie de la jeunesse juive : certains changent de prénom quand ils commandent un taxi, d’autres cachent leur étoile de David sur les campus.
Refus de l’exil et appel aux pouvoirs publics
Même si plusieurs jeunes envisagent de quitter la France face à la montée des menaces, Arthur exclut cette option. « Je peux le comprendre mais il ne faut pas baisser les bras. La France est notre pays. Je dis toujours ‘La France m’a tout donné’, donc il est hors de question que je quitte ce pays », affirme-t-il. Son attachement au pays se combine à un appel à la vigilance collective.
Il enjoint les pouvoirs publics à « se préoccuper de la situation », estimant que « l’antisémitisme n’est pas uniquement le problème des juifs, il est aussi celui d’une société qui va mal ». Pour lui, la réponse passera aussi par l’éducation : « Dans les facs, on devrait expliquer le conflit, mais historiquement, et non pas par le prisme de TikTok », insiste-t-il, pointant l’importance d’un enseignement réfléchi et documenté.
Le livre d’Arthur témoigne d’un malaise nouveau, selon lui, dans lequel se mêlent blessures internationales et enjeux domestiques. Son récit entend rendre compte de cette solitude et pousser à une réflexion sur la manière dont la société française protège ses citoyens et transmet son histoire.


