Le 22 octobre 2025, Catherine Deneuve souffle une nouvelle bougie : 82 ans pour l’une des plus grandes figures du cinéma français. Depuis plus de soixante ans, son visage, sa voix et sa silhouette ont traversé les époques, de Les Parapluies de Cherbourg à Belle de jour, en passant par Le Dernier Métro et Indochine. Égérie d’Yves Saint Laurent, partenaire de tournées musicales avec Serge Gainsbourg — on se souvient notamment de Dieu est un fumeur de havanes — elle a imprimé sa marque sur le cinéma, la chanson et la mode.
Un épisode houleux en Toscane
La carrière de Deneuve n’a pas été exempte de polémiques. L’un des épisodes les plus marquants remonte à août 2009, lors du 30e festival culturel La Versiliana, en Toscane. Invités pour une lecture en avant‑première mondiale du texte Je me souviens de Georges Perec, la comédienne et l’acteur italien Michele Placido présentaient un spectacle bilingue, mêlant souvenirs, images d’époque et chansons. Le metteur en scène Renato Giordano signait la mise en scène.
La représentation a rapidement dégénéré quand une partie du public a manifesté son mécontentement: sifflets, huées et cris ont ponctué la soirée. Selon le quotidien La Dépêche, environ deux cents spectateurs ont exigé le remboursement de leurs billets en criant « Voleurs ! Remboursez ! ». Les organisateurs ont dû faire appel à la police pour rétablir le calme, relate le même journal.
Silence de l’actrice, tentative d’apaisement
Fidèle à sa discrétion, Catherine Deneuve n’a pas réagi publiquement à cet accueil hostile. Michele Placido, son partenaire de scène, a en revanche tenté d’apaiser la polémique. Interrogé sur la chaîne britannique Sky, il a concédé avec une pointe d’ironie: « Peut‑être que Catherine Deneuve devrait faire un effort et jouer en italien ». Il a aussi proposé d’ajouter des sous‑titres pour les prochaines représentations, afin de faciliter la compréhension du public.
Cette scène italienne illustre que la stature de star n’exonère pas d’être confrontée à l’hostilité. Deneuve a souvent dû rectifier les raccourcis et les interprétations qui entourent sa personne. En 2005, elle rappelait avec lucidité: « Je n’ai jamais dit que j’étais la Vierge Marie. C’est toujours très dangereux d’être considérée comme parfaite. »
Une longévité et une présence intactes
À 82 ans, Catherine Deneuve demeure active et présente à l’écran. Elle a récemment tourné sous la direction d’Emmanuelle Bercot dans De son vivant, un film qui lui a valu des critiques favorables, et on l’a vue dans Bernadette, où elle incarnait avec humour et tendresse l’épouse de Jacques Chirac. En 2025, elle était de nouveau en tournage: selon L’Indépendant, elle travaille en octobre dans les Pyrénées et a posé ses valises au palais des rois de Majorque de Perpignan pour les besoins du plateau.
Dans la foulée, elle figure au générique du prochain long‑métrage de Léa Domenach, Peau d’homme, adaptation de la bande dessinée éponyme d’Hubert et Zanzim. Le projet, annoncé comme une comédie musicale audacieuse, réunit un casting multi‑générationnel comprenant Karin Viard, Pomme, Eddy de Pretto, Melha Bedia et Paul de Saint‑Sernin.
L’intrigue, telle qu’elle est présentée, se déroule à la veille d’un mariage en Italie de la Renaissance: Bianca revêt une peau d’homme et devient Lorenzo, un jeune homme libre qui explore un monde interdit. À travers cette métamorphose, l’histoire aborde l’amour, la sexualité et la remise en question des codes sociaux et de l’éducation.
Qu’on la porte en triomphe ou qu’on la siffle, Catherine Deneuve continue d’intéresser et de diviser. À la fois icône et comédienne engagée dans des choix artistiques audacieux, elle conserve cette capacité rare à susciter la curiosité du public et des réalisateurs. Son parcours, entre classiques du cinéma et projets contemporains, témoigne d’une longévité artistique qui ne se contente pas de la nostalgie.
À l’heure où une partie du cinéma français interroge sa place et ses représentations, la présence de Deneuve sur les plateaux rappelle que certaines carrières se construisent sur la constance, l’élégance et la volonté de rester en mouvement, même quand le public se montre sévère.


