Catherine Ringer fête ses 68 ans le 18 octobre 2025. Figure majeure de la scène rock française, elle a formé avec Fred Chichin, de 1979 à 2007, le duo légendaire des Rita Mitsouko. Porté par des titres comme « Andy », « C’est comme ça » et bien sûr « Marcia Baïla », le groupe a marqué le paysage musical et s’est installé au panthéon du rock et du punk en France.
Un passé qui ressurgit au moment de la célébrité
Avant de devenir la voix reconnaissable des Rita Mitsouko, la jeune Catherine Ringer a tourné dans des films pornographiques, un épisode de sa vie qui a été exhumé au moment où elle devenait une star, en 1986. Ce passé, longtemps évoqué dans les médias, a contribué à alimenter les polémiques autour de son ascension médiatique.
La révélation de ces premiers rôles a notamment déclenché un affrontement très médiatisé avec Serge Gainsbourg. Invités ensemble dans l’émission Mon Zénith à moi sur Canal+, les deux artistes se retrouvent face à face sur le canapé animé par Michel Denisot. Le dialogue tourne vite au clash lorsque Catherine Ringer évoque son passé : Serge Gainsbourg lui lance alors « vous êtes une pute ».
La réponse de Catherine Ringer, selon les images et les comptes rendus de l’époque, est ferme et contenue : « Oui, ça a à voir avec ça. » Gainsbourg insiste : « Pute, putain ». La chanteuse réplique qu’il y a une différence entre son travail et la prostitution : « Non, c’est pas la même chose, c’est pas le même métier. »
Un échange tendu et des paroles coupantes
Le ton monte. Catherine Ringer parle d’« aventure moderne » et revendique une éthique professionnelle. Serge Gainsbourg, hostile, qualifie ces choix de « dégueulasse ». La chanteuse ne se laisse pas démonter : « Vous, vous avez l’air d’un vrai dégueulasse ». Elle ajoute encore, selon ses souvenirs rapportés : « Depuis des années, moi quand j’étais petite, tout le monde disait ça de vous. […] Vous êtes le dégueulasse-type. On comprend même pas ce que vous dite[s]. »
Gainsbourg réplique par une provocation crue : « Moi j’ai jamais montré ma queue ». Michel Denisot demeure observateur, sans intervenir. La séquence se conclut sur une menace verbale de Gainsbourg : « Vous allez prendre deux baffes dans la gueule, ça va être vite fait », suivie de moqueries sur le sourire et la dent manquante de Catherine Ringer.
Après la diffusion, la scène est commentée par des personnalités. Pierre Desproges prend la défense de la chanteuse et, à propos de Gainsbourg, livre une remarque nuancée : « je l’aimais beaucoup, de son vivant ». Ce commentaire illustre l’ambivalence durable autour du chanteur, adoubé par certains pour son œuvre et critiqué pour ses débordements publics.
Les tensions de cette émission ne doivent pas être isolées. À la même période, Serge Gainsbourg multiplie les excès télévisés. En 1986, sur le plateau de Michel Drucker dans Champs-Élysées, il tient des propos grossiers en évoquant Whitney Houston lors de sa première télévision française, proférant la phrase désormais célèbre : « I want to f*ck her! ». Deux ans plus tôt, le 11 mars 1984, il brûle un billet de 500 francs dans l’émission 7 sur 7 pour protester contre la fiscalité, geste qui provoque un vif émoi.
Après les éclats, le temps des hommages et des confidences
Serge Gainsbourg s’éteint le 2 mars 1991 à 62 ans, laissant un répertoire immense et controversé. Catherine Ringer, quant à elle, n’en gardera pas une inimitié durable. En septembre 2014, elle rend hommage à Gainsbourg dans l’émission Hier encore sur France 2 en interprétant « Je suis venu te dire que je m’en vais ». Ce geste illustre la complexité des relations entre artistes et la manière dont l’œuvre peut survivre aux conflits personnels.
Par ailleurs, Catherine Ringer est revenue publiquement sur ses années douloureuses lors d’un entretien en novembre 2017 dans C à vous. Elle y a évoqué avoir été entraînée, alors qu’elle était jeune, « dans des zones pornographiques, dans le viol », suite à une relation avec « un homme plus âgé qu’elle, pervers narcissique ». Elle a raconté : « Moi, je me suis laissé faire aussi, et j’en ai beaucoup souffert. J’ai beaucoup pleuré. J’ai eu beaucoup de séquelles. » Ces confidences ont permis de préciser le regard qu’elle porte aujourd’hui sur son passé et les blessures qu’elle conserve.
À 68 ans, celle qui a traversé scandales, succès et drames personnels demeure une figure singulière de la chanson française. Son parcours, de ses débuts controversés à la scène internationale, reste un chapitre marquant de l’histoire musicale hexagonale.


