C’était il y a bientôt cinq ans. Dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, Delphine Jubillar disparaissait à Cagnac-les-Mines, dans le Tarn. Infirmière de profession et mère de deux enfants, elle n’a jamais été retrouvée. Malgré de nombreuses battues et recherches organisées autour du domicile familial, son corps demeure introuvable et la disparition reste au cœur d’une affaire qui a tenu la France en haleine.
Rappel des faits et premières investigations
La nuit du 15 au 16 décembre 2020 marque le point de départ d’une enquête complexe. Les recherches mobilisèrent habitants et équipes de secours. Parmi les battues organisées, son mari, Cédric Jubillar, participa lui-même aux recherches, selon les éléments rendus publics au fil de l’enquête.
Les circonstances exactes de la disparition n’ont jamais été établies de manière incontestable. Aucune piste n’a permis de retrouver Delphine, et les investigations ont pris une tournure judiciaire majeure lorsque son conjoint est devenu le principal suspect.
Le procès et l’arrivée en salle d’audience
Après quatre semaines de procès très médiatisé devant la Cour d’Assises du Tarn, le verdict est attendu ce 17 octobre. Le peintre-plaquiste de 38 ans, Cédric Jubillar, a été renvoyé devant les assises pour répondre d’accusations liées à la disparition de son épouse.
Arrivé aux alentours de 9 heures au tribunal, il a été escorté par cinq policiers et est entré par l’arrière du bâtiment, selon des images diffusées par des médias dont Brut. Les caméras ont filmé sa sortie du véhicule ; il était la tête baissée, la capuche sur la tête, protégeant ainsi son visage. De nombreux journalistes étaient postés devant les portes principales depuis le début du procès.
Ce vendredi 17 octobre au matin, les jurés sont entrés dans la salle vers 9 heures pour la dernière audience. La présidente, Hélène Ratinaud, a donné la parole pour une ultime déclaration à l’accusé en ces termes : « Monsieur Jubillar, avez-vous quelque chose à ajouter pour votre défense ? »
Cédric Jubillar a répondu d’une voix claire et déterminée : « Oui, je tiendrais à dire que je n’ai absolument rien fait à Delphine. »
Peu après, les dix jurés se sont retirés pour délibérer. Ils devront, ensemble, répondre aux questions posées par la cour : « Cédric Jubillar a-t-il, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, à Cagnac-les-Mines, volontairement donné la mort à Delphine Jubillar, née Aussaguel ? » et « A la date suscitée, Cédric Jubillar était-il le conjoint de Delphine Jubillar née Aussaguel ? »
Les réquisitions et les conséquences possibles
Le ministère public a requis contre l’accusé une peine de trente ans de réclusion criminelle. Si le verdict se révèle en faveur de l’accusation, cette réclusion peut être prononcée par la cour.
À l’inverse, si les dix jurés — parmi lesquels se trouvent trois magistrats professionnels siégeant avec les citoyens — prononcent un verdict d’acquittement, Cédric Jubillar pourrait être immédiatement libéré. Il est détenu en détention provisoire depuis environ quatre ans et demi, une durée qui pèse lourdement sur l’issue du procès et sur la perception publique de l’affaire.
Enjeux humains et médiatiques
Au-delà des aspects juridiques, cette affaire mobilise une forte attention médiatique et suscite de nombreuses émotions. La disparition d’une mère de famille sans explication claire interroge et divise. La présence des enfants dans le dispositif de l’enquête, et notamment la mention d’un élément le mettant en cause — la référence à un fils âgé de 11 ans figurait dans les pièces de procédure présentées durant les débats — complexifie la dimension personnelle et familiale du dossier.
Les quatre semaines d’audiences ont rassemblé témoignages, expertises et reconstitutions. Le caractère « ultra-médiatisé » du procès a placé chaque séquence du procès sous le regard du public, mais n’a pas modifié le principe fondamental du droit : la décision reviendra aux jurés, sur la base des éléments présentés et des preuves établies au cours des débats.
Les jurés ont désormais la responsabilité de trancher entre des hypothèses antagonistes. Le verdict, attendu dans les prochaines heures, mettra un point final judiciaire à cette étape du dossier, mais il ne fera pas disparaître le vide laissé par l’absence de Delphine pour sa famille et sa communauté.


