Depuis le verdict rendu le 19 décembre 2024 par la cour criminelle du Vaucluse, Gisèle Pélicot est devenue l’un des visages les plus connus du combat contre les violences sexuelles en France. Alors âgée de septante ans, elle pensait en avoir terminé avec la justice après la condamnation de 51 hommes pour viols qui lui étaient reprochés. Son mari, Dominique Pelicot, avait quant à lui été condamné à 20 ans de réclusion criminelle et n’a pas contesté cette décision. Pourtant, la procédure n’est pas complètement close : un des condamnés a décidé de faire appel.
Un seul appel parmi les condamnés
Parmi les 51 hommes reconnus coupables en première instance, seul Husamettin Dogan a saisi la cour d’appel. Cet ex-ouvrier du bâtiment de 44 ans avait été condamné en première instance à neuf ans d’emprisonnement. Appelé à comparaître le 6 octobre dernier devant la cour du palais de justice de Nîmes (Gard), il a vu la procédure d’appel se dérouler sur quatre jours d’audience.
Par la voix de son conseil, Maître Jean-Marc Darrigade, M. Dogan « maintient n’avoir jamais eu l’intention de violer qui que ce soit ». Cette ligne de défense a été difficile à entendre pour la plaignante, présente dans la salle accompagnée de son fils Florian. Au terme des débats, le ministère public a requis une peine alourdie à 12 ans à l’encontre de Husamettin Dogan. Il s’agit, à ce stade, d’une demande de la partie civile/procureur : la décision finale de la cour d’appel n’est pas mentionnée ici.
Des séquelles physiques et psychologiques durables
L’audience a aussi été l’occasion pour Gisèle Pélicot d’évoquer les conséquences de ces années d’agressions. Outre l’impact psychologique, la retraitée a déclaré être en cours d’examens pour un possible cancer du col de l’utérus. « Je dois subir une biopsie du col de l’utérus. On pense que ce sont des cellules cancéreuses », a-t-elle confié au tribunal.
Dans le récit des faits, plusieurs éléments médicaux et circonstanciels ont été rappelés. Après l’arrestation de son mari en 2020, la victime a découvert qu’elle avait contracté quatre infections sexuellement transmissibles. Le dossier indique également que son mari l’aurait droguée à son insu avant de la livrer à des dizaines d’hommes recrutés sur Internet. Selon les comptes rendus judiciaires, aucun des agresseurs n’aurait utilisé de préservatif.
La victime a lié ces infections et les agressions répétées à son état de santé actuel. Certaines infections sexuellement transmissibles sont, selon la littérature médicale, associées à un risque accru de lésions précancéreuses ou cancéreuses du col utérin. Dans ce contexte, les examens que doit subir Mme Pélicot prennent un relief particulier.
Un dossier lourd, entre justice et réparation
Cette affaire, longtemps restée hors des radars publics, a pris une ampleur médiatique en raison du grand nombre de prévenus et de la gravité des faits. La condamnation initiale de 51 hommes et la peine de 20 ans infligée au mari ont marqué une étape judiciaire importante, mais l’appel de M. Dogan rappelle que la voie juridique peut se prolonger.
Sur le plan humain, les audiences ont mis en lumière la violence des actes subis par la victime et les conséquences à long terme sur sa santé et sa vie quotidienne. L’accompagnement de son fils Florian dans les salles d’audience a été relayé par plusieurs comptes rendus, soulignant l’impact familial de l’affaire.
Si le ministère public a requis une peine plus lourde en appel, seul le jugement final de la cour d’appel pourra clore définitivement le volet judiciaire pour Husamettin Dogan. En attendant, l’affaire reste un rappel brutal de l’enquête et du procès qui ont conduit à des condamnations massives, ainsi que des effets durables que ces crimes ont eus sur la vie de leur victime.
(Informations tirées des éléments de l’audience du 6 octobre et du jugement rendu le 19 décembre 2024. Les mentions médicales reportent des déclarations faites au tribunal et des faits établis dans le dossier.)


