Le 13 octobre 2008, à 37 ans, Guillaume Depardieu s’éteignait. Fils de Gérard et d’Elisabeth Depardieu et frère de Julie, il avait su s’affirmer comme un acteur reconnu au cinéma et à la télévision. Sa trajectoire, marquée par des succès artistiques, fut aussi jalonnée de drames personnels et de problèmes de santé récurrents.
Une enfance et une jeunesse troublées
Guillaume Depardieu évoquait lui-même des circonstances familiales difficiles : il estimait que son père l’avait eu « trop tôt » et a raconté que sa mère « prenait du Distilbène » lorsqu’elle était enceinte de lui. Ces éléments, qu’il a consignés ou évoqués publiquement, s’inscrivent dans un parcours marqué par une dépression sévère, de l’anxiété, des troubles du comportement alimentaire et des problèmes d’alcool.
Dans les années 1990, ses addictions le conduisent à la délinquance. En 1993, le jeune homme est arrêté pour possession et trafic d’héroïne et incarcéré. Parallèlement, il construit pourtant une carrière conséquente à l’écran : il tourne notamment dans Tous les matins du monde d’Alain Corneau, puis dans Cible émouvante de Pierre Salvadori. Sa performance dans Les Apprentis, du même réalisateur, lui vaut le César du meilleur espoir masculin en 1996.
L’accident, les infections et l’amputation
Le destin bascule en 1995. Victime d’un grave accident de moto dans le tunnel de Saint-Cloud — une valise étant tombée du toit d’une voiture — Guillaume est hospitalisé à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches. Il souffre de blessures sérieuses au genou et subit dix-sept interventions chirurgicales au cours de l’année qui suit. C’est à cette période qu’il contracte deux formes de staphylocoques dorés (Staphylococcus aureus).
Malgré la poursuite de sa carrière, il vit un long calvaire de douleurs. Huit années d’antibiotiques et de morphine ne parviennent pas à régler l’infection et la souffrance persistante. Face à l’impossibilité d’améliorer durablement son état, il finit par prendre la décision d’amputer sa jambe droite.
Sa sœur Julie témoignera, quelques mois après sa mort, dans Gala : « Il avait un seuil de tolérance à la souffrance incroyable. À tel point qu’on finissait par l’oublier, sa souffrance, comme lui d’ailleurs ».
Après l’amputation, Guillaume utilise une prothèse pour marcher, mais reste fragilisé par la contamination nosocomiale dont il a été victime. Dans son livre Tout donner, il revient en détail sur cette période : « Un jour, tout d’un coup, mon genou s’est mis à enfler, (…) et on a découvert que j’avais une infection. (…) J’avais chopé une infection nosocomiale, un germe. Alors maintenant, il fallait déterminer lequel : j’avais chopé le plus courante ». Il poursuit : « On me retraite, on me réopère, on gratte encore les ligaments… Il en reste de moins en moins, on se rapproche de plus en plus de la solution, soit de l’arthrodèse – c’est-à-dire une jambe raide toute la vie -, soit de l’amputation ».
Vie personnelle, retrouvailles familiales et nouvelles collaborations
Sur le plan personnel, Guillaume devient père d’une fille, Louise, née de sa relation avec la comédienne Élise Ventre. Il a également été en couple avec l’actrice Clothilde Courau, relation qui se terminera par un divorce en 2006. Professionnellement, il retrouve son père à l’écran : ils tournent ensemble Aime ton père en 2000, et sont réunis par Josée Dayan dans Le Comte de Monte-Cristo puis dans Les Misérables, où Guillaume incarne son père à l’âge jeune.
La fin dramatique en Roumanie
En 2008, alors qu’il tourne L’Enfance d’Icare d’Alex Iordăchescu en Roumanie aux côtés d’Alysson Paradis, Guillaume est de nouveau rattrapé par une infection liée au staphylocoque doré. Il développe une pneumonie aiguë qui ne répond pas à la méticilline — laissant penser à une forme résistante du germe. Rapatrié à l’hôpital de Garches, là où il avait été soigné après son accident treize ans plus tôt, il décède trois jours plus tard, le 13 octobre 2008.
Obsèques et hommage
La nouvelle de sa disparition suscite une vive émotion dans le monde du cinéma et parmi le public. De nombreuses personnalités assistent à ses obsèques : Carla Bruni-Sarkozy, Luc Besson, Bertrand Blier, Claude Berri, Clothilde Courau, Lou Doillon, Jean-Paul Rouve, Jean-Louis Aubert, Claire Chazal et Marc-Olivier Fogiel figurent parmi les présents. Au cours de la cérémonie, son père lui lit Le Petit Prince ; l’illustration de Saint-Exupéry sera ensuite apposée sur la stèle de sa tombe, au cimetière de Bougival (Yvelines).
Guillaume Depardieu laisse le souvenir d’un comédien talentueux dont la carrière fut assombrie par des épreuves médicales et personnelles récurrentes. Ses confidences, ses combats contre la douleur et ses textes personnels ont contribué à éclairer le parcours d’un homme souvent décrit comme à la fois fragile et déterminé.
