Le 10 octobre, Edith Piaf est décédée à 47 ans d’une rupture d’anévrisme liée à une insuffisance hépatique. Icône mondiale de la chanson française, « la Môme » avait été progressivement usée par des années d’excès — alcool et morphine — et par une vie sentimentale agitée, marquée par des passions intenses et des drames personnels. Son destin a inspiré le biopic d’Olivier Dahan, sorti en 2007 sous le titre La Môme (La Vie en rose aux États-Unis). Ce rôle a valu à Marion Cotillard les plus grandes récompenses d’interprétation : César, Oscar, BAFTA et Golden Globe de la meilleure actrice en 2008. Cotillard a d’ailleurs rendu hommage à Piaf en donnant à son fils, né le 19 mai 2011, le prénom Marcel.
Marcel Cerdan, l’amour central
La figure masculine la plus marquante de la vie d’Édith Piaf est sans doute le boxeur Marcel Cerdan. Ils se rencontrent en juillet 1946 à New York, alors que Piaf est en tournée aux États-Unis et Cerdan poursuit lui aussi des obligations professionnelles outre-Atlantique. Leur relation, puissante et passionnée, reste difficile à officialiser car Cerdan est marié et père de trois enfants.
Le 27 octobre 1949, la presse annonce la mort de Cerdan dans un accident d’avion. Piaf est anéantie. De ce deuil naît l’une de ses chansons les plus célèbres : Hymne à l’amour, écrite en 1950. Cette même chanson a été reinterpretée récemment par Céline Dion lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris en 2024, rappelant la portée émotionnelle durable du texte.
Des passions avec des acteurs et des artistes
Après Cerdan, Piaf multiplie les liaisons, parfois brèves mais souvent intenses. Elle cherche consolation auprès d’hommes du spectacle et d’artistes : Eddie Constantine, acteur américain qui adapta certaines de ses chansons, et Louis Gérardin, cycliste, eurent des relations éphémères entre 1951 et 1952.
Elle épouse le chanteur Jacques Pills en juillet 1952, mariage célébré en présence de Marlene Dietrich comme témoin. L’union durera quatre ans.
Piaf fréquente également des acteurs. Dans les années 1940, elle a une relation avec Paul Meurisse, avec qui elle joue Le Bel indifférent de Jean Cocteau au théâtre des Bouffes-Parisiens. Elle a connu un jeune Yves Montand, alors en début de carrière, qu’elle présenta au public en première partie au Moulin Rouge. Montand se souviendra d’elle ainsi : « Elle chantait formidablement bien quand elle était amoureuse et formidablement bien lorsqu’elle était en rupture ». Selon un biographe récent, une liaison avec Marlon Brando est évoquée pour les années 1950, information présentée comme une hypothèse par le récit biographique.
Relations tardives : Moustaki, Douglas Davis, Théo Sarapo et l’amitié avec Aznavour
À la fin des années 1950, Piaf entame une idylle avec Georges Moustaki, alors âgé de 23 ans. Moustaki racontera à Paris Match : « Quand, à la fin du repas, elle me propose de revenir la voir chez elle le lendemain, je comprends bien sûr que je lui plais ». Leur histoire dure environ un an; Moustaki évoquera plus tard l’intensité de leur relation : « Edith m’a tout appris, à m’habiller, à manger. Avec elle, chaque instant était intense ».
Viendra ensuite Douglas Davis, un jeune peintre italien qui rend visite à Piaf à l’hôpital George-Washington, où elle est soignée. Le dernier amour connu de la chanteuse est Théo Sarapo, plus jeune d’une vingtaine d’années; ils se marient un an avant la mort d’Édith et enregistrent ensemble le duo À quoi ça sert l’amour.
Parmi les hommes qui gravitent autour d’elle, Charles Aznavour occupe une place particulière sans qu’une relation amoureuse traditionnelle ne se soit installée. Aznavour, qui fut son auteur, secrétaire et confident, a décrit leur lien avec nuance : « J’ai été heureux avec elle. On avait une complicité énorme ». Plus tard, il confiera à Europe 1 : « J’ai vécu non pas avec elle mais chez elle. Ses amants, je les ai tous connus ». Il parlera d’une « amitié amoureuse, (…) un peu moins que de l’amour et un peu plus que de l’amitié ». Aznavour rappellera aussi le rôle professionnel et humain de Piaf, racontant qu’elle lui avait financé une rhinoplastie : « Elle m’a payé mon nouveau pif ! Elle a eu raison, ça m’a changé la vie. Mon nez était lourd à porter. Une fois qu’on me l’a coupé, j’ai pu relever la tête ! » En 2011, il soulignait encore le talent d’auteur de Piaf : « C’était une femme intelligente, très cultivée qui écrivait de très belles chansons, chose qu’on oublie trop souvent. ‘La vie en rose’, c’est elle qui l’a écrite ».
Edith Piaf reste une figure complexe, dont la voix et la vie amoureuse ont façonné une légende durable. Ses chansons, ses rencontres et ses drames personnels continuent d’alimenter la fascination du public et des artistes qui lui rendent hommage.


