Colette Renard, 15 ans déjà : l’héritage audacieux de ses chansons érotiques et d’Irma la douce entre music‑hall, cinéma et télévision

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À l’évocation de Colette Renard, beaucoup retiennent d’abord une voix et des textes qui n’ont jamais cherché la pudibonderie. En 1963, la chanson « Les nuits d’une Demoiselle » l’a installée dans une postérité pour le moins espiègle : un texte grivois et poétique qui célèbre sans détour le plaisir féminin et dont quelques couplets, en périphrases, restent encore aujourd’hui mémorables.

Dans ces neuf couplets, la chanteuse déroule un humour cru et volontairement théâtral. Elle y chante, notamment : « le soir dans mon petit lit, quand l’étoile Vénus étincelle… je me fais sucer la friandise, je me fais caresser le gardon, je me fais empeser la chemise, je me fais picorer le bonbon ». Ces formules, scandées d’une diction lente et très parisienne, ont contribué à forger son image : celle d’une artiste libre, qui manie la provocation sans tomber dans la caricature.

La chanson sulfureuse qui l’a rendue immortelle

« Les nuits d’une Demoiselle » n’est pas seulement un tube provocateur, c’est aussi une pièce de théâtre musical dans laquelle la langue joue un rôle majeur. Colette Renard savait camper des personnages à la fois populaires et travaillés, où la drôlerie côtoie une forme de poésie frottée d’audace. Cette association lui ouvrira d’autres portes, sur scène comme à l’écran.

Irma la douce : de la scène au cinéma

Colette Renard est également restée dans les mémoires pour son Irma la douce, personnage créé dans la comédie musicale signée Marguerite Monnot. Elle joua ce rôle jusqu’en 1967, sur des scènes importantes comme l’Olympia et Bobino. Le succès fut tel que la pièce fut exportée à Londres, mise en scène par Peter Brook, puis jusqu’à Broadway à New York.

En 1963, l’histoire inspira le cinéma : Billy Wilder et I. A. L. Diamond en firent une adaptation américaine avec Jack Lemmon et Shirley MacLaine. Le film valut à MacLaine un Golden Globe de la meilleure actrice, mais il ne rencontra pas l’approbation de Colette Renard. Dans une interview accordée à René Cenni, retrouvée par l’INA, elle confia son désarroi : « C’est comme un enfant pour moi Irma, c’est délicat de parler de ça ». Elle ajoutait sans détour : « Je n’ai pas aimé, c’est la pièce qui est transformée, j’ai pleuré, j’ai eu du chagrin, parce que toute la poésie d’Irma la douce, les gens n’avaient pas saisi ».

Fidèle à son franc-parler, elle poursuivit : « On dit qu’il ne faut pas qu’Irma soit vulgaire, mais elle ne l’a jamais été à la création. Si elle l’a été, c’est dans le film américain. Shirley MacLaine était merveilleuse, formidable, mais le film n’était pas bon, il ne représentait pas Irma la douce, c’était un titre emprunté, mais c’était d’une vulgarité épouvantable ». Ces propos illustrent l’écart qu’elle percevait entre la scène française et l’adaptation hollywoodienne.

Une carrière plurielle entre scène, cinéma et télévision

Colette Renard mena ensuite une carrière où se mêlaient chanson, théâtre et cinéma. Elle se produisit à plusieurs reprises à l’Olympia et à Bobino et tourna sous la direction de réalisateurs tels que Georges Clair dans Clodo (1970) et Jean-Jacques Beineix dans IP5 : L’Ile aux pachydermes (1992). Elle se disait chanceuse d’avoir pu concilier la musique et le cinéma tout au long de sa vie professionnelle.

Aux yeux d’un public plus jeune, elle resta aussi une figure de télévision. À partir d’août 2004, elle incarnait Rachel Lévy, horlogère retraitée, dans la série quotidienne Plus belle la vie, diffusée sur France 3. Le personnage, grand-tante de Nathan Leserman et tante de Guillaume Leserman, faisait d’elle la doyenne des protagonistes de la saga, tournée à Marseille, ville où vivait l’actrice.

En septembre 2009, Colette Renard quitta la série. Contactée par AlloCiné, France 3 décrivit ce départ comme temporaire, une pause fréquente chez les comédiens du feuilleton. Dans un entretien accordé à Télé Star, l’intéressée expliqua en toute franchise : « Vous savez cela fait cinq ans que j’incarne Rachel. Bien sûr c’est un personnage que j’aime, mais j’en ai fait le tour depuis longtemps. Je le joue du mieux que je peux, mais voilà, je m’ennuie ». Elle évoqua son désir de « prendre le large » et parla de ses « supervacances ».

La suite sera plus tragique : un cancer du cerveau lui avait été diagnostiqué en 2006. Colette Renard s’éteignit le 6 octobre 2010, à l’âge de 85 ans. Son héritage artistique, mêlant audace, humour et sens de la scène, continue d’être cité lorsque l’on évoque la chanson française et le music‑hall du XXe siècle.

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