George Weah souffle ses 59 bougies ce 1er octobre 2025. Ancien attaquant vedette passé par l’AS Monaco, le Paris Saint-Germain, l’AC Milan et l’Olympique de Marseille, le Ballon d’or 1995 a ensuite choisi la scène politique. Né à Monrovia, il a marqué l’histoire du Liberia, tant sur les pelouses que dans l’arène publique.
Du terrain au fauteuil présidentiel
Après une carrière sportive couronnée par un jubilé au stade Vélodrome en 2005, George Weah s’est lancé en politique. Il a tenté sa première percée présidentielle en 2005, puis réitéré en 2011, sans succès à l’époque. En 2015, il accède au Sénat en représentant le comté de Montserrado, mandat qu’il conserve jusqu’en 2018.
En 2018, il remporte la présidence du Liberia et exerce jusqu’en 2024. Après son premier mandat, il a tenté d’en briguer un second, sans succès. Cette trajectoire — du sport professionnel à la tête d’État — illustre combien la notoriété acquise sur un terrain peut se transformer en capital politique, mais pas nécessairement en renouvellement du pouvoir.
Quand les champions regardent la politique
Le cas de George Weah n’est pas isolé. La dynamique est récente en France, où des sportifs de haut niveau réfléchissent publiquement à un avenir politique. Après les Jeux Olympiques d’été de Paris, le judoka Teddy Riner a évoqué cette perspective auprès de l’AFP : « Je suis sportif de haut niveau, et on a tendance souvent à nous dire qu’on n’a pas à prendre la parole. Je suis citoyen avant tout, donc j’ai le droit de dire ce que j’aimerais pour mon pays. Si demain je rentre en politique, ce n’est pas pour avoir un poste de ministre, c’est pour avoir un rôle qui fait changer des choses. Pour moi le meilleur rôle, ce serait président ».
Le champion a ajouté : « Je ne crois pas avoir eu d’étapes dans mon sport. J’ai toujours été surclassé. Quand t’es le meilleur, t’es le meilleur. Maintenant tu ne le deviens pas tout seul. Quand je suis arrivé dans le judo, j’ai pris un excellent préparateur physique, un psychologue, un excellent entraîneur judo. Si demain je devais faire une carrière en politique, je ferais pareil. On ne peut pas être un leader tout seul, si j’ai réussi à avoir cette carrière, c’est parce que j’avais les meilleurs autour de moi ».
Ce raisonnement rappelle le parcours de David Douillet, autre grande figure du judo français passée de la médaille à la vie politique. Ancien champion olympique et multiple champion du monde, il a ensuite rejoint les rangs de l’UMP et exercé diverses fonctions électives et ministérielles, selon le parcours décrit dans les sources.
Ministère des Sports : un vivier de champions
La passation entre sport et gouvernance se retrouve aussi dans la composition du ministère des Sports ou du secrétariat d’État en charge du dossier. Plusieurs anciennes championnes et champions y ont été nommés : Bernard Laporte, Chantal Jouanno, Laura Flessel, Roxana Maracineanu et Amélie Oudéa-Castéra figurent parmi les noms cités pour les mandats récents. Cette répétition souligne une logique politique fréquente : confier des responsabilités sportives à des personnes issues du milieu.
Sur la scène internationale, la transition peut mener très loin. Le Pakistanais Imran Khan, héros de la Coupe du monde de cricket en 1992, a fondé un parti et accédé au poste de Premier ministre en 2018. Vitali Klitschko, ancien champion du monde de boxe poids lourds, est devenu une figure politique majeure en Ukraine : élu maire de Kiev en 2014 puis réélu en 2020, il a joué un rôle central depuis le début du conflit en 2022.
Entre réussites et déconvenues électorales
Tous les parcours ne se soldent pas par une réussite politique. En mars 2025, la star du MMA Conor McGregor avait annoncé sur ses réseaux sociaux sa candidature à l’élection présidentielle irlandaise de novembre 2025, avant de renoncer le 15 septembre 2025 « après mûre réflexion et avoir consulté sa famille ». Dans le football, certains anciens joueurs ont connu la réussite politique, comme le Brésilien Romário, devenu parlementaire et sénateur, tandis que d’autres ont essuyé des revers : David Ginola et Vikash Dhorasoo ont notamment connu des échecs lors de scrutins municipaux.
Enfin, la porosité entre sport et pouvoir ne se limite pas aux républiques. Le journaliste Samuel Ollivier évoquait sur franceinfo en 2023 un exemple historique : « Le premier sportif devenu chef d’État, c’est un Norvégien », ajoutant qu’il avait « été sacré champion olympique de voile aux Jeux de 1928 à Amsterdam (Pays-Bas), et il est devenu quasiment 30 ans plus tard Olav V, roi de Norvège ». Le sport, parfois, ouvre une route vers des destins politiques ou institutionnels inattendus.
À 59 ans, George Weah reste un symbole vivant de cette passerelle entre deux mondes. Son parcours rappelle que la renommée sportive peut servir de tremplin vers des responsabilités publiques, mais que la réussite électorale dépend d’autres équilibres, politiques et sociaux, bien plus complexes que la seule célébrité.


