Une voix brisée et des larmes ont marqué la dernière présentation d’Olivier Minne de Fort Boyard. Après 23 années de fidélité à l’émission, il a présenté pour la dernière fois le samedi 30 août 2025, et n’a pas manqué d’évoquer la mémoire d’un ancien compagnon d’antenne, Yves Marchesseau, disparu en 2014. Le 29 septembre 2025 marque en effet les 11 ans du décès de celui qui campait le rôle de La Boule, un personnage devenu culte pour plusieurs générations de téléspectateurs.
De La Boule à l’ombre : un visage devenu emblème
Yves Marchesseau était un enfant de Charente-Maritime. Il endossa le costume de La Boule à partir de 1994 et participa aux tournages de Fort Boyard jusqu’en 2013. Son regard sévère, sa carrure imposante et son silence comme arme de communication faisaient de lui un geôlier redouté pour les candidats, mais aussi un visage marquant pour le public de France 2.
Chaque saison, des millions de fidèles retrouvaient La Boule aux côtés de Passe-Partout, Passe-Muraille et du Père Fouras. Pourtant, derrière le personnage se dessinait une réalité plus fragile : Yves Marchesseau a souffert, pendant des années, d’un diabète sévère lié à son obésité. Ces pathologies ont progressivement affaibli son organisme, rendant la marche plus difficile et le quotidien plus contraignant.
La réduction d’écran et le départ forcé
La production, contrainte par l’état de santé de l’acteur, réduisit sa présence à l’écran avant de le mettre définitivement à l’écart en 2013. Ce retrait coïncidait aussi, selon Marchesseau lui‑même, avec une forme de lassitude. Dans un entretien accordé au quotidien Sud-Ouest en 2012, il confiait : « C’est un peu la routine. Je fais peur aux candidats et le petit (Anthony Laborde, le comédien qui incarne Passe-Muraille, ndlr), il court partout. On travaille de plus en plus, c’est devenu l’usine ».
Après son départ, le rôle de gardien du gong fut confié à Félindra, incarnée par Monique Angeon, qui reprit certaines fonctions scéniques désormais associées à ce poste.
Deux maladies et des derniers mois difficiles
La retraite anticipée n’apporta pas le répit espéré. En 2014, un diagnostic dramatique tomba : un cancer de l’œsophage à un stade avancé. La maladie provoqua une perte de poids importante — près de 20 kilos selon les témoignages — et un déclin rapide de son état général.
Yves Marchesseau se confiait aux médias sur la multiplicité de ses problèmes de santé. À France Dimanche, il dressa un constat sombre : « Mes problèmes de santé se sont multipliés. On m’a découvert du diabète – une infirmière vient chaque jour me faire une piqûre -, j’ai des bandages et je me déplace en fauteuil roulant : j’ai perdu l’appétit et le sommeil. » Il ajoutait : « Fort Boyard a été ma revanche sur une vie qui avait mal commencé. Aujourd’hui, je suis foutu, j’ai un cancer. »
Début août 2014, il évoquait encore la crainte de l’avenir et la volonté de protéger sa fille : « J’ai reçu mes résultats du laboratoire de cancérologie. J’ai peur de mourir et je n’ai pas encore ouvert l’enveloppe. Car je veux à tout prix protéger Stéphanie. C’est une fille adorable avec son papa malade. »
Yves Marchesseau est décédé dans la nuit du 28 au 29 septembre 2014, à l’âge de 62 ans, dans un hôpital de Saintes. Son départ suscita une vive émotion parmi les fidèles de l’émission.
Hommages et souvenir
Les réactions affluèrent rapidement. Contacté par Télé 2 Semaines, Patrice Laffont, présentateur de Fort Boyard de 1990 à 1999, se souvint de moments partagés : « La pétanque nous réunissait. On partageait la même passion pour cette activité. Très vite, nous avons organisé des tournois durant les tournages de l’émission. Nous avions de très bonnes relations. Je ne pensais pas qu’il était mal à ce point. »
Sur RTL, Anthony Laborde, alias Passe-Muraille, confia : « La Boule, c’était un ami. C’était même plus qu’un ami, je le considérais comme quelqu’un de ma famille. Malheureusement, il nous a quittés, mais il restera longtemps gravé dans nos mémoires. » Il rappelait aussi la relation de protection et d’affection née sur le plateau : « J’étais le petit dernier de la famille qu’il a pris tout de suite sous son aile et c’est comme ça qu’est née une grande amitié. »
Olivier Minne, présent lors des hommages récents, avait lui-même écrit sur la Toile : « Vive émotion après le décès d’Yves Marchesseau, dit La Boule. La famille Fort Boyard est en deuil. Pensées affectueuses pour sa famille. RIP. » De son côté, Yann Le Gac, le Père Fouras, avait écrit : « Mes amis, C’est une bien triste journée pour la grande famille Fort Boyard. Notre geôlier et sonneur de gong préféré nous a quittés mais nous ne l’oublierons pas. Toutes nos pensées vont vers sa famille, et notamment sa mère, sa fille, ses petits – enfants et ses proches. »
Plusieurs saisons et visages ont depuis succédé à La Boule, mais pour beaucoup de téléspectateurs sa silhouette et son rôle restent associés à la mémoire collective du jeu.


