L’acteur et producteur Dany Boon attendait ce procès depuis plusieurs années. Victime d’une escroquerie estimée à plus de 4,5 millions d’euros, il réclame justice ce vendredi 26 septembre devant le tribunal correctionnel de Nice. L’homme mis en cause comparaît pour escroquerie en récidive, blanchiment et faux en écriture.
Le montage et la supercherie
Selon les éléments de l’enquête, l’affaire débute en septembre 2020 lorsqu’un homme présenté comme « lord irlandais » et prétendu spécialiste du droit maritime, identifié comme Thierry B., entre en contact avec Dany Boon. Conseillé par le navigateur Marc Pajot, l’acteur mandate ce tiers pour gérer, en son nom, l’acquisition d’un bateau de plaisance alors en construction à Cap d’Ail (Alpes‑Maritimes).
Sur la base de ce mandat, une société est créée hors de France, dans un pays qualifié de paradis fiscal. Le prévenu propose un montage financier pour encadrer le financement du navire : un placement à 3,24% auprès d’une banque irlandaise. Convaincu, Dany Boon verse 4,5 millions d’euros. Mais les fonds n’ont jamais rapporté et ont ensuite disparu, d’après la plainte déposée par l’acteur.
En juillet 2021, Dany Boon saisit la justice après avoir constaté la supercherie. Au fil de l’instruction, il apparaît que l’homme n’était ni lord ni véritable expert en droit maritime, selon les investigations rapportées au procès. Le mis en cause a été placé en détention provisoire et, sur les conseils de son avocat, a finalement plaidé coupable en reconnaissant l’intégralité de l’arnaque.
Au tribunal : aveux, dénégations et fonds bloqués
Face aux juges, Thierry B. s’est exprimé sur le moment où il a commis les faits : « Le 26 juillet 2021, quand il envoie les fonds, je commets les faits délictueux ». Il a également déclaré que « la tentation était grande » et s’est qualifié d' »arroseur arrosé ».
La défense du prévenu a en outre soulevé la question d’une possible évasion fiscale de la part des victimes. L’avocat de Thierry B. a évoqué une « volonté, peut‑être, d’optimiser certaines pratiques pour échapper à l’impôt ». Ces insinuations ont été vivement contestées par les conseils de Dany Boon, qui parlent d' »insinuations mensongères » et rappellent que « Dany Boon tient à réaffirmer qu’il a toujours agi dans le strict respect des lois et règlements, point qui n’est pas contesté par les autorités ».
Autre difficulté majeure pour les parties civiles : les 4,5 millions d’euros sont bloqués depuis cinq ans sur un compte au Panama. Le prévenu affirme qu’il est impossible de rapatrier ces fonds sans se rendre physiquement sur place : « Pour le récupérer, il faut être physiquement sur place. J’ai essayé… Sans succès », a-t‑il déclaré.
Victimes multiples et enjeux pénaux
Dany Boon n’est pas la seule victime dans ce dossier. Une seconde partie civile déclare avoir été escroquée pour un montant voisin de 900 000 euros. L’ampleur des sommes engagées et la complexité du montage international ont renforcé le caractère médiatique du procès.
Le prévenu encourt une peine pouvant aller jusqu’à dix ans de prison, compte tenu des qualifications retenues : escroquerie en récidive, blanchiment et faux en écriture. Les débats devant le tribunal correctionnel de Nice doivent permettre d’éclairer les responsabilités réelles et de déterminer si d’autres pistes d’investigation sont nécessaires pour tenter de récupérer les fonds bloqués.
Ce dossier, qui mêle personnalités publiques, montages off‑shore et promesses de rendement attractif, illustre les risques auxquels peuvent être exposés des investisseurs même avisés. Les auditions et les pièces du dossier seront scrutées afin de préciser le rôle exact de chacun et la réalité des manœuvres dénoncées.


