Le 22 juin dernier, Benjamin Castaldi n’a pas mâché ses mots au sujet du film Moi qui t’aimais, réalisé par Diane Kurys, dont la sortie est annoncée au 1er octobre. Le long-métrage retrace, selon sa promotion, l’histoire d’amour entre Simone Signoret, incarnée par Marina Foïs, et Yves Montand, campé par Roschdy Zem. Dans les colonnes de Paris Match, l’animateur, petit‑fils de Simone Signoret, a vivement critiqué la manière dont la réalisatrice a choisi de raconter cette histoire.
Un film accusé de « récupération »
« Ce que propose Diane Kurys, ce n’est pas une reconstitution, c’est une récupération », a déclaré Benjamin Castaldi dans Paris Match. Il reproche au film de « réécrire l’histoire en s’autorisant tous les raccourcis émotionnels d’un féminisme devenu dogmatique ». Ces formules tranchées résument son malaise face à la représentation proposée à l’écran.
Pour Castaldi, le film opère un « glissement insidieux » en présentant sa grand‑mère comme « une éternelle victime silencieuse » et Yves Montand comme « un prédateur sociable, lisse et difficile à cerner, presque manipulateur ». Il rejette fermement cette lecture : « Je n’ai jamais entendu parler de domination dans leur couple », assure‑t‑il. À ses yeux, leur relation relevait plutôt d’« une étreinte profonde et imparfaite entre deux êtres libres ».
L’animateur ne se contente pas d’un désaccord esthétique. Il exprime un sentiment de trahison personnelle : « J’aurais aimé être ému. J’ai été trahi. Je ne parle pas ici comme un héritier jaloux. Je parle en témoin. Ce film ne comprend rien à ce que furent mes grands‑parents. Il les instrumentalise, il les juge à travers le regard d’une époque qui a besoin de coupables et de victimes. Il les simplifie. Et il les rend inoffensifs. Et cela, je ne peux pas l’accepter. »
La réalisatrice réplique
Contactée par nos confrères du Point, Diane Kurys a vivement répondu aux critiques de Benjamin Castaldi. Elle a notamment ironisé sur la formulation de ses attaques : « Il a dû s’aider de ChatGPT pour rédiger cela. Il n’a pas utilisé les bons arguments pour me dézinguer. On ne va pas nous accuser d’avoir fait le très beau portrait d’un salaud. » Ses mots témoignent d’une tension nette entre auteur et héritier des personnages mis en scène.
La réalisatrice défend implicitement sa liberté de mise en forme et son travail d’interprétation historique, tandis que Castaldi dénonce ce qu’il perçoit comme une simplification et une instrumentalisation émotionnelle. Les deux prises de parole illustrent la difficulté à traiter au cinéma des figures publiques et de leurs relations intimes, surtout lorsqu’elles appartiennent à une mémoire familiale encore vivante.
Une controverse qui interroge la représentation
La dispute oppose deux approches : d’un côté, la volonté d’un proche de préserver l’image nuancée de ses aïeux ; de l’autre, la liberté créatrice d’une réalisatrice qui choisit d’explorer certains angles de lecture. Le film Moi qui t’aimais, en revenant sur une histoire d’amour célèbre, soulève des questions classiques sur la frontière entre reconstitution et interprétation.
Il reste à voir comment le public et la critique accueilleront le film à sa sortie le 1er octobre. En attendant, ce face‑à‑face public entre Benjamin Castaldi et Diane Kurys alimente le débat autour de la manière dont le cinéma raconte les vies réelles, et de la place que doivent y occuper les descendants et les témoins.


