Elle était le visage et l’âme de l’émission de coaching parental Super Nanny sur M6. Cathy Sarraï, que les téléspectateurs reconnaissaient immédiatement à ses lunettes, son chignon et ses tailleurs stricts, aurait eu 63 ans le 25 septembre 2025, selon les éléments rapportés. À l’écran, elle incarnait la nounou d’enfer que le public adorait et redoutait ; hors caméra, son parcours personnel était plus complexe et souvent marqué par la volonté d’émancipation.
Jeune fiancée, départ pour la France
Née à Tunis, Cathy Sarraï a raconté dans ses mémoires une enfance marquée par les traditions familiales. Fiancée à 14 ans et mariée à 16 ans avec un homme de 31 ans, elle a rapporté en 2006 dans son premier livre Cathy, Une Vie Hors Du Commun une conversation entendue chez elle : « Il n’en est pas question, elle est beaucoup trop jeune », chuchotait mon père. « Tu te rends compte ? Ils vivent en France. Elle va pouvoir s’enrichir et nous renvoyer des mandats ! », rétorquait ma mère.
Le mariage, consommé selon la tradition musulmane, a laissé des souvenirs précis. « À peine avions-nous fini, ma mère, qui ne devait pas être loin, est entrée dans la chambre, s’est emparée du drap pour courir exhiber mon sang, preuve de ma virginité, devant tous les convives », écrivait-elle.
En 1979, la jeune femme a quitté la Tunisie pour la France et s’est installée à Paris, dans le XIXe arrondissement. Ne parlant alors pas le français, elle a appris la langue en regardant les informations à la télévision. À 17 ans elle a donné naissance à sa première fille, Eptissen, le premier des trois enfants qu’elle aura : Eptissen, Najoua et Hamadi.
Une vocation pour la petite enfance
Après son départ du foyer de sa belle-famille, Cathy commence à s’occuper d’enfants et découvre une véritable vocation. Ses premiers employeurs financent sa formation d’auxiliaire de puériculture, un tournant qui lui ouvre des portes inattendues.
Elle passe ensuite trois décennies auprès d’enfants issus de familles très aisées. Cathy raconte s’être « vautrée dans le luxe » en travaillant pour des « comtesses, princes, ministres ou rois » et gagner alors entre 3 000 et 4 500 euros par mois. C’est aussi à cette époque que, selon son récit, elle adopte le prénom de Cathy, donné par les enfants dont elle s’occupait.
Voyageant en Europe, au Moyen-Orient et aux États-Unis, elle parvient malgré tout à faire de sa propre famille une priorité. Ses deux filles, Eptissen et Najoua, et son fils Hamadi restent au centre de sa vie personnelle, même quand la carrière la propulse sous le feu des projecteurs.
La télévision et le succès public
En 2005, M6 recherche une femme de poigne pour adapter l’émission britannique Supernanny. Le pari est remporté. Chaque épisode de la version française rassemble environ 3,5 millions de téléspectateurs, et la France découvre une figure sévère mais sensible. Le public est séduit par ce personnage à la fois autoritaire et protecteur.
Sa notoriété dépasse les frontières : elle intervient ensuite en Tunisie sur Hannibal TV, où elle anime deux programmes. Dans les médias, Cathy se dit fière de son parcours : « Je suis fière de mon parcours. Moi, l’immigrée arrivée ici sans parler un mot de français, mariée d’office à 16 ans et obligée de respecter les traditions, j’ai réussi à prendre ma revanche sur la vie », affirme-t-elle dans les extraits repris par la presse.
Maladie et disparition
La carrière télévisuelle de Cathy Sarraï est brutalement interrompue par la maladie. Le 20 janvier 2020, son agent Amir Zogib annonce son décès « des suites d’une maladie ». Les premiers articles évoquent un cancer des poumons, en lien avec le fait que Cathy Sarraï était fumeuse, mais on apprendra par la suite qu’elle souffrait d’un cancer du sein. Les détails médicaux rapportés dans la presse montrent une certaine confusion initiale sur la nature exacte de la maladie.
Après sa disparition, l’émission qui l’a révélée au grand public s’arrête. Super Nanny revient plus tard entre 2013 et 2016 avec Sylvie Jenaly sur NT1, avant de laisser la place à d’autres formats d’accompagnement familial comme Pascal, le grand frère et SOS : Ma famille a besoin d’aide.
Cathy Sarraï reste dans la mémoire collective comme une figure ambivalente : stricte à l’écran, elle était pour beaucoup une référence en matière d’éducation, et pour elle-même le symbole d’une ascension personnelle depuis des débuts difficiles jusqu’à une carrière médiatique remarquée.
