Charlotte Gainsbourg se retrouve au cœur d’un litige qui menace l’avenir de la Maison de son père, Serge Gainsbourg, rue de Verneuil (VIIe) à Paris. Ouverte au public et très fréquentée, la maison-mémorial vit pourtant une passe délicate depuis l’éclatement d’un conflit entre la comédienne et son associé, Dominique Dutreix.
Des accusations et une condamnation financière
Selon Le Parisien, les parts de Charlotte Gainsbourg et de Dominique Dutreix sont égales au sein de la société qui gère le musée. Le quotidien rapporte aussi que l’homme d’affaires a été condamné à restituer près d’un million d’euros, soit 482 000 euros et 506 000 euros, qu’il aurait prélevés sur le compte courant de la Maison Gainsbourg.
Outre cette condamnation civile, Dominique Dutreix fait l’objet de poursuites pénales pour « abus de biens sociaux ». Ces procédures, toujours en cours, ont eu des conséquences concrètes sur le fonctionnement du lieu : le gel des règlements destinés à des fournisseurs et à des sociétés chargées de travaux a été invoqué pour expliquer un retard d’environ dix-huit mois dans l’ouverture complète de l’établissement.
Redressement judiciaire et offre de reprise
La Maison Gainsbourg a été placée en redressement judiciaire, une étape lourde de conséquences pour la pérennité du projet. Le mercredi 24 septembre 2025, le tribunal de commerce devait examiner plusieurs plans de reprise, d’après Le Parisien, et trancher entre des propositions rivales.
Deux plans sont portés par Charlotte Gainsbourg, qui bénéficie du soutien de Philippe Dabi, patron de Bioclinic et président du Paris FC. Un autre plan est défendu par le camp de Dominique Dutreix. Dans l’une des offres soutenues par Philippe Dabi, ce dernier apporte 850 000 euros et promet discrétion, tout en affichant l’ambition de relancer le musée.
Une source judiciaire citée par le quotidien a résumé les enjeux : « Dans cette proposition d’acquisition, Charlotte Gainsbourg perdrait la main, les décisions concernant le musée seraient prises sans elle, ce serait complètement fou ». Cette formulation traduit la crainte d’une dilution du rôle de la fille de Serge Gainsbourg dans la gestion du lieu.
Un projet intime et symbolique
La Maison Gainsbourg est un projet ancien et personnel pour Charlotte. Depuis 1991, elle défend la maison de son père qu’elle a rachetée seule, en renonçant à une partie des droits d’auteur, précise l’article. Le lieu rassemble la collection, les objets et les murs mêmes qui incarnent la mémoire de l’artiste disparu en mars 1991.
Un proche de la comédienne insiste sur l’importance émotionnelle de cette responsabilité : « C’est elle qui possède les murs, la collection et les objets, c’est un projet personnel qu’elle porte depuis qu’elle a 19 ans, c’est sa voix qui guide les visiteurs, qui sont au maximum deux par pièce et ressortent souvent émus par ce cheminement dans la vie de Serge Gainsbourg ». Ces mots témoignent de l’attention portée à la mise en scène intime des lieux et au soin apporté aux visites.
Interrogations et tensions personnelles se mêlent ainsi aux enjeux financiers et judiciaires. Selon des proches, « les deux parties ne peuvent plus travailler ensemble. La confiance est rompue. Dominique Dutreix a menti sur tout depuis le début », affirme une source citée par Le Parisien. Ces accusations renforcent la dimension conflictuelle du dossier.
Enjeux pour le public et calendrier
Pour les visiteurs et les amateurs de l’œuvre de Serge Gainsbourg, la situation est préoccupante : la fréquentation du lieu reste forte, mais les travaux suspendus et les difficultés financières ont ralenti l’offre culturelle et le bon fonctionnement de la maison. Le redressement judiciaire implique qu’un tribunal tranche sur la solution la plus à même d’assurer la continuité du musée.
À ce stade, la décision du tribunal de commerce annoncée le 24 septembre 2025 doit permettre d’éclaircir qui reprendra la gestion et sous quelles conditions. Le choix du repreneur déterminera si Charlotte Gainsbourg conserve le contrôle effectif du projet qu’elle porte depuis plusieurs décennies, ou si la gouvernance du lieu évoluera sans sa mainmise.
Le dossier mêle éléments judiciaires — condamnation financière et poursuites pénales — et enjeux patrimoniaux et symboliques, autour d’un lieu qui reste une destination prisée du public parisien.


