Ce mardi 9 septembre, Kendji Girac s’engage publiquement pour une cause qui lui est intime : il est le parrain de J’ai pas les mots, une nouvelle émission de France 2 consacrée à la lutte contre l’illettrisme. Le principe est simple et ambitieux : suivre, en caméra, le long et difficile apprentissage de sept personnes illettrées, confrontées à l’obstacle de l’écrit au quotidien. L’enjeu posé par le programme est clair : ces participants parviendront-ils à « aller au bout d’eux‑mêmes » et à apprendre à lire et à écrire ? L’émission se présente comme une proposition d’utilité publique et promet des témoignages bouleversants, que le chanteur a accepté d’accompagner en tant que parrain de la première édition.
Une implication personnelle
Dans une interview accordée à Ciné‑Télé‑Revue, Kendji Girac a expliqué pourquoi il a dit oui à ce projet. Le chanteur — présenté comme « gagnant de The Voice » — a souligné le lien personnel qui le relie à la question de l’illettrisme. Issu de la communauté des gens du voyage, il confie avoir vécu de près les difficultés liées à l’accès à la lecture et à l’écriture. « J’ai une histoire similaire à ces apprenants. Je suis gitan et donc nomade. Notre plaisir est de partir sur les routes, en voyage et en famille. Le mauvais côté des choses, c’est qu’on loupe l’école », a‑t‑il expliqué.
Il raconte aussi l’épreuve de l’adolescence, quand ses lacunes se sont révélées : « Je savais chanter, jouer de la guitare, faire danser les gens… Mais rédiger une lettre ou remplir un formulaire, c’était une vraie galère ». La carrière et le temps ont fini par réduire ces difficultés, et aujourd’hui Kendji affirme en faire un levier : transmettre son expérience afin d’aider ceux qui sont encore confrontés à ces obstacles. Sa participation à J’ai pas les mots s’inscrit dans cette volonté de rendre visible et compréhensible une réalité souvent méconnue.
Un geste pour sa mère
Le chanteur a aussi évoqué une histoire familiale particulièrement touchante. Sa mère, pour qui il a écrit et interprété « Les yeux de la mama », est illettrée. Kendji a choisi de transformer cette réalité en un geste symbolique et concret pour elle. Il a annoncé qu’il lira lui‑même son livre autobiographique Mi vida lors de sa sortie, « le 29 septembre prochain », aux éditions Flammarion. « Ma mama ne pourra jamais lire ces lignes. Elle dit qu’à son âge, il est trop tard pour apprendre », a‑t‑il confié. Fidèle à sa promesse, il a enregistré une version audio de son ouvrage : « Moi, son fils, je les lirai pour elle ».
Au‑delà du cadeau personnel, Kendji souligne que l’enregistrement audio dépasse le simple geste familial : c’est aussi « un outil pour toutes celles et tous ceux qui, comme elle, sont dans une situation d’illettrisme ». L’initiative prend ainsi une dimension collective, en donnant un accès alternatif à un récit qui, autrement, resterait fermé pour certains.
De l’expérience personnelle à l’action publique
La progression de Kendji, de l’apprentissage des lacunes à l’engagement public, illustre le fil conducteur du projet télévisuel : montrer que l’illettrisme est une réalité sociale à la fois quotidienne et surmontable, avec un accompagnement adapté. Le chanteur ne cache pas son émotion face aux histoires des participants et a expliqué qu’il a accepté l’invitation de France 2 sans hésiter : « Ce n’est pas une émission comme les autres, c’est l’histoire de gens ordinaires qui vont accomplir quelque chose d’extraordinaire ».
Les téléspectateurs découvriront le parcours filmé de ces sept personnes et mesureront, à travers leurs efforts et leurs réussites, l’importance de dispositifs pédagogiques attentifs et patients. L’approche de l’émission mise sur l’intimité et le réalisme : il s’agit de suivre un apprentissage long, parfois laborieux, mais porteur d’émancipation.
A voir mardi, sur France 2, J’ai pas les mots, où la présence de Kendji Girac apporte une double dimension : celle d’un parrain médiatique et celle d’un témoin direct, dont l’histoire personnelle rejoint celle des personnes accompagnées. Sa participation devrait contribuer à susciter un intérêt public renouvelé pour la question de l’illettrisme, tout en donnant une visibilité rare à des trajectoires souvent invisibilisées.