C’est un témoignage qui promet de raviver le débat autour de l’univers des concours de beauté. Hubert Guérin, ancien collaborateur de Geneviève de Fontenay pendant 11 ans, signe Miss France, du rêve à la réalité, un livre de souvenirs et de témoignages annoncé pour le 8 septembre 2025. Les « bonnes feuilles » publiées par Le Progrès dévoilent des récits accablants recueillis auprès d’anciennes reines de beauté et décrivent, selon l’auteur, un « climat terrifiant » en coulisses, une « machine à broyer les candidates » qui aurait perduré pendant des années sans que la dame au chapeau en ait eu connaissance.
Des témoignages glaçants collectés auprès de 60 Miss France
Hubert Guérin affirme avoir rencontré 60 Miss France encore vivantes pour recueillir leurs récits. Parmi ces témoignages, plusieurs femmes racontent avoir subi des agressions sexuelles pendant leur année de règne. Les extraits relayés par Le Progrès rapportent des phrases brutes et difficiles : « Moi, Miss France, j’ai été victime de viols pendant mon année », « Le lendemain de mon sacre, je suis forcée à faire une fellation », ou encore le récit d’une élue violée quelques heures après son sacre : « dans ma chambre, on me pousse contre le lit, on me traite de tous les noms et on me déchire la robe ».
D’autres témoignages décrivent des comportements intrusifs répétés pendant les déplacements préparatoires au concours. Un témoin raconte : « Il passait dans toutes les chambres, se plaçait entre les candidates pour faire une photo et mettait une main sur chaque fesse ». Une autre victime évoque une agression survenue alors qu’elle tentait d’échapper à une situation : « Prise au piège, j’ai dormi par terre mais il a quand même frotté son sexe contre ma cuisse. J’étais tétanisée ». L’apanage du récit est frappant quand une participante confie : « Je suis arrivée à Miss France vivante, je suis sortie de mon année morte ». Ces témoignages, d’après l’auteur, visent à montrer une réalité cachée derrière les paillettes.
Geneviève de Fontenay, l’omerta et les limites des récits
Hubert Guérin affirme également que la plupart des victimes n’avaient jamais porté ces faits à la connaissance de Geneviève de Fontenay. Il précise que ces récits concernent majoritairement la période 1990-2002 et que, de fait, la plupart des faits évoqués sont prescrits. L’auteur estime que l’échantillon de 60 rencontres représente « moins de 10 % des Miss France », indiquant que les violences rapportées ne seraient pas généralisées à l’ensemble des lauréates mais suffisamment récurrentes, selon lui, pour briser un silence.
Motivé par la volonté de « briser l’omerta », Hubert Guérin appelle à une prise de parole collective : il dit vouloir lancer un « MeToo des Miss » et s’adresse aux anciennes reines en leur lançant : « Vous n’êtes pas seules, parlez, révélez, dites ce qui s’est passé ». Ces mots traduisent la volonté de l’auteur de transformer des récits privés en prise de conscience publique.
Ce qui ressort et ce qui reste à préciser
Les pages publiées laissent apparaître un tableau troublant mais basé sur des témoignages oraux et des souvenirs souvent anciens. Le Progrès a diffusé des extraits de l’ouvrage ; ni l’article ni l’auteur ne mentionnent ici des poursuites judiciaires en cours, ni l’identité des personnes mises en cause. L’ouvrage s’annonce donc comme une série de confessions et de révélations visant à documenter des souffrances passées plus qu’à instruire des dossiers judiciaires.
À quelques semaines de la parution, Miss France, du rêve à la réalité se présente comme un livre susceptible de relancer le débat sur la protection des candidates et le fonctionnement en coulisses d’un concours historique. Reste à savoir si ces témoignages, pour une part prescrits, conduiront à de nouvelles enquêtes, à des prises de parole supplémentaires, ou à des mesures de prévention renforcées dans l’avenir.