Depuis plusieurs années, Paris vit une cohabitation conflictuelle avec les rats. Selon des estimations récentes relayées par les médias, la capitale compterait environ six millions de rats, soit près de trois rongeurs pour un Parisien. Ces chiffres, qualifiés de démentiels par certains acteurs locaux, témoignent d’une recrudescence observée ces dernières années et alimentent débats et initiatives municipales.
Une opération de communication surprenante dans le XIe
L’élu Grégory Moreau, adjoint au maire du XIe arrondissement, a choisi une méthode peu commune pour adresser le sujet : il s’est présenté en public avec un surmulot sur l’épaule. « C’est une femelle. Elle s’appelle Plume », a-t-il expliqué aux riverains, avant de distribuer une brochure de sensibilisation sur ces rongeurs.
Membre du Parti animaliste et adjoint de François Vauglin, Grégory Moreau assume l’objectif de cette initiative. Il le formule avec un jeu de mots revendiqué : « Rat-ssembler, rat-pprocher et rat-bibocher les citoyens avec les rats ». L’intention officielle : casser l’image négative du rat et inciter à une approche moins stigmatisante.
La tentative n’a pas convaincu tous les passants. Certains ont réagi vivement, comme en témoigne une réplique rapportée sur place : « Un surmulot, c’est de la saloperie ! » Ces réactions illustrent la difficulté d’imposer une lecture différente d’un animal longtemps associé à des nuisances sanitaires et à une forte charge symbolique.
Chiffres, responsabilités et enjeux sanitaires
Les causes avancées pour expliquer l’explosion supposée du nombre de rongeurs sont multiples et attribuées à des facteurs environnementaux et urbains. Le texte initial évoque un climat plus favorable, des travaux urbains menés sous l’égide de la maire Anne Hidalgo, ainsi qu’un manque de contrôle et de prévention. L’urbanisation et l’évolution des comportements humains — par exemple le stockage ou l’accès facilité aux déchets alimentaires — sont aussi cités comme facteurs favorisant la prolifération.
Grégory Moreau met en avant un autre argument moins attendu : l’utilité du rat pour la ville. Il affirme : « Sans lui, la ville ne serait pas aussi propre. On arrive à peu près à 75 tonnes de déchets organiques qui sont consommés chaque jour par le surmulot ». Cette estimation, présentée par l’élu, vise à relativiser la nuisance et à souligner un service écosystémique que cet animal rendrait en consommant des déchets.
Sur le plan sanitaire, les avertissements restent pour autant concrets. Les rats sont reconnus comme vecteurs de zoonoses, la leptospirose étant l’une des maladies les plus connues et potentiellement graves. L’adjoint tente pourtant de minimiser la perception du risque en affirmant que « les zoonoses sont très rares en métropoles ». Cette précision, présentée comme une généralité, doit être lue comme la position de l’élu et non comme un constat médical exhaustif.
Histoire et réputation : entre mythe et réalité
Pour expliquer la mauvaise réputation du rat, Moreau invoque l’histoire. Il rappelle la peste noire du XIVe siècle, souvent associée aux rongeurs. Il nuance cependant cette idée en précisant : « Elle n’est pas due aux rats que nous croisons aujourd’hui dans la capitale. C’était la puce du rat noir. » Cette remarque vise à distinguer l’animal contemporain des représentations historiques et à relativiser la responsabilité directe du rat dans certaines épidémies passées.
Cette lecture historique et cette opération de médiation animale s’inscrivent dans un contexte où les réponses publiques à la prolifération des rats oscillent entre actions de dératisation, politiques de prévention des déchets et communications visant à modifier le regard des citadins.
Réactions et couverture médiatique
L’initiative de Grégory Moreau a été relayée par Franceinfo, qui a couvert la distribution de brochures et la séquence avec le surmulot. Une vidéo partagée par Thomas Sellin accompagne les témoignages et les images de l’élu avec l’animal (lien fourni : https://pic.twitter.com/swdgyoj52b). Ces éléments permettent d’illustrer la scène et de mesurer la diversité des réactions des Parisiens.
Qu’il s’agisse de sensibilisation, de prévention ou de gestion des nuisibles, la question des rats à Paris reste un sujet sensible. Entre chiffres impressionnants, risques sanitaires réels et tentatives de dédramatisation, la capitale continue de chercher un équilibre entre propreté, sécurité et cohabitation avec la faune urbaine.